I know that stranger ! || PV Milo

I know that stranger !
Should I tell you ?

OOTD || Baby Bowser avançait lentement dans le salon, errant sans but réel, sinon explorer son nouvel environnement. Sun Jae avait déjà fait faire le tour de son nouvel appartement à son ami. Il n’a pas réussi à transformer son intérieur en magazine de décorations, mais il s’est tout de même fait un petit nid douillet. L’appartement n’est cependant pas géant pour autant. Plus grand que le dernier, il a plus d’espace pour ranger son nombre beaucoup trop impressionnant de livres et manuels accumulés au cours de plusieurs années. Il a aussi plus de place pour s’entraîner, danser et accueillir ses amis. Le jeune homme est surtout très content d’avoir accès au toit ! Il s’imagine déjà combien il y sera bien pour créer de nouvelles chorégraphies ou pour simplement se poser et étudier. La cuisine est accueillante et aménager de manière à ce qu’il soit agréable et pratique d’y cuisiner. La salle de bain est reposante, bien qu’elle ne soit pas la plus spacieuse. Les murs rouges de sa chambre n’ont rien d’agressif, prêtant plutôt une ambiance riche, passionnée et profonde à la pièce, puisque mariés aux nuances de gris et de noirs du reste de la décoration. Sun Jae a préféré ne rien faire à la seconde chambre à coucher, laissant la liberté à son futur colocataire de l’aménager à son goût. Profitant des restes de peintures bleues de son cousin, il a pu créer une jolie murale abstraite sur le mur le plus grand du salon. La pièce a ainsi l’air plus vivante, mais plus grande aussi, tout en étant plus jolie de la sorte.  À la fois simple, coloré, chaud et lumineux, les lieux ressemblent à son nouvel occupant. Il a eu de la chance, mais a aussi beaucoup usé de son cerveau et a cherché les bonnes affaires. Il a recyclé beaucoup de matériaux et décorations, a surtout utilisé des restes de peintures. Grâce à tout cela, il a réussi à personnaliser son appartement sans que cela ne lui coûte une petite fortune. C’est qu’il n’aurait pas pu se le permettre, sinon !

Il avait souri, assez fier de ses exploits, en partageant à son copain qu’il avait finalement terminé de s’installer, quelques jours plus tôt. C’est que l’étudiant en avait bavé pour tout faire ! Il avait tenté de ne pas déranger son entourage et d’en faire au maximum par lui-même.

-« Bon… j’avoue que j’ai un peu profité du fait que mon cousin habite à quelques pas… et j’ai été squatter son frigo… » admit-il avec un petit rire en détournant le regard pour mieux cacher un autre détail.

Il faut aussi dire que l’Australien vivait avec une adorable jeune femme dont le jeune homme détachait difficilement ses yeux. Sun Jae sait pourtant qu’il ne devrait pas penser à elle, encore moins sourire en se rappelant le simple son de sa voix. Il ne comprend pas trop ce qui lui prend de faire ça. La colocataire de son cousin est déjà prise et dans une relation sérieuse ! L’idiot secoue la tête pour chasser ses pensées et ramène son attention sur le Coréen. Il se dit que ça lui passera bien, de toutes façons. Il n’a pas le choix.

-« Alors, voilà, c’est ça que je deviens… ! » conclut-il, réalisant qu’il avait mille trente ans pour répondre à une simple question.

Milo lui aurait-il vraiment demandé ce qu’il devenait, depuis la dernière fois qu’ils s’étaient vus, s’il avait su ? S’était-il attendu à une invitation à son nouvel appartement, suivi d’une visite guidée ? En même temps, il faut admettre que le Coréen avait inquiété son psychologue amateur en lui mentionnant brièvement une histoire d’hôpital. Sunny avait pensé qu’ils seraient plus confortables pour en parler, chez lui, plutôt que devant le salon de thé où il travaillait. Parce que c’était alors qu’il en sortait qu’il avait attrapé un Milo au vol ! Ce dernier venait se chercher un thé pour apporter, mais n’avait probablement pas prévu l’apporter chez Sun Jae ! Enfin, les imprévus rendent la vie plus intéressante, non ? C’était confortablement installés sur le canapé qu’ils avaient terminé la visite. Sun Jae avait sorti quelques snacks et les avait posés sur la table basse du salon, à côté d’une théière de thé vert.

-« Alors, maintenant que tu connais ma vie… et qu’on est tranquilles… c’est quoi cette histoire d’hôpital ? Tout va bien ? » demanda-t-il, s’inquiétant malgré lui pour le bien-être de son ami.

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OOTD || Milo ne s’en est pas remis de cette histoire d’hôpital. n’arrivant pas à se défaire de ces souvenirs qui le suivent. Ce patient sur lequel il a déposé ses yeux, ce patient avec les bras bandés et les yeux noyés de larmes. Celui qui répétait sans cesse à la bénévole qu’il voulait en finir avec la vie. Le brun n’a pas pu s’empêcher de se rappeler de la fois où il était à sa place, couché dans son lit d’hôpital, les larmes aux yeux et qui n’arrivait pas à retrouver une raison de vivre après l’incident. Se rappeler amèrement la réaction de sa petite-sœur et de sa mère lorsqu'elles rentraient dans la chambre, avait enclenché une sorte de panique et l'avait obligé à se cacher dans les toilettes de cet hôpital. Ses cicatrices le démangeait, étouffé par les souvenirs douloureux et la voix du démon qui ne s’empêchait pas de se moquer de lui. Alors il avait craqué, dans la cabine de ces toilettes étroites… Sa gorge était nouée et les larmes coulaient à flots, sans qu’il puisse faire quoi que ce soit pour les arrêter. C’était jusqu’à ce qu’il entende la voix d’un parfait inconnu, en premier temps, Milo aurait préféré lui dire de le laisser tranquille et qu’il irait mieux dans une heure. Mais en réfléchissant plus longtemps que son cerveau en panique, l’inconnu ne pouvait pas le voir puisque la porte de sa cabine était fermée et qu’il était de l’autre côté. Donc, il s’en était suivi un échange d’expériences personnelles, exprimant ses émotions négatives et étouffantes à cet homme mystérieux qui avait su trouver les mots. Ils avaient probablement passés plus de quarante minutes dans les toilettes, à discuter de choses négatives… Mais c’était étrange pour Milo, puisqu’il n’avait jamais eu ce sentiment de réconfort imminent. Normalement, il lui fallait bien une longue heure avant qu’il se calme et soit apte à discuter comme une personne normale… Pourtant, l’homme sans visages l’avait calmé. Rien qu’avec sa voix. Il avait honte de se l’avouer, se trouvant stupide de s’être accroché à la voix d’un gars qu’il ne connait absolument pas alors qu’il a ses amis qui en font autant…

Le voilà dans l’appartement de Sun Jae, son meilleur ami, psychologue amateur personnel. Il était l’une des premières personnes à connaître son passé, après sa mère et sa petite sœur. Milo l’apprécie énormément et il est reconnaissant pour l’aide qu’il lui donne. Bien qu’il se sente coupable et n’aime pas trop en profiter… même si Sun Jae lui répète sans cesse qu’il sera toujours là si besoin. Parfois, il n’avait pas trop le choix de refuser son aide et d’autre fois, Milo faisait semblant que tout allait bien parce qu’il refusait de comprendre que Sun Jae serait toujours là en cas de besoins. Durant la visite guidée dont il n’en avait absolument pas demandé, il regarde autour de lui, son gobelet rempli de thé aromatisé aux fruits rouges dans les mains. Il apprécie l’endroit et trouve que c’est bien plus joli que son bordel où les cartons ne sont toujours pas défaits et qu’un nombre incalculable de toiles s’entassent dans un coin, mais en même temps, Sunny avait mis l’effort contrairement à lui.

-« Bon… j’avoue que j’ai un peu profité du fait que mon cousin habite à quelques pas… et j’ai été squatter son frigo… », Milo ne dit rien, arquant d’un sourcil pour bien montrer qu’il doute de ses paroles et sent qu’il cache quelque chose d’autre. Même si ça faisait longtemps qu’ils ne s'étaient plus vus, le brun connaissait Sun Jae comme s’ils se connaissaient depuis une éternité.

-« Alors, voilà, c’est ça que je deviens… ! », la visite se termine dans le salon, posant le gobelet sur la petite table avant qu’il ne lui sourit pour montrer qu’il a tout bien suivi.

-« C’est cool…! Je trouve ton appartement vraiment comfy, ça change du mien… Si je peux être honnête. », il répond avant de s’asseoir sur le canapé. Attrapant son gobelet de thé tantôt déposé, pour en boire le contenu déjà froid. Milo en fait même une grimace, puisqu’il aurait aimé boire le contenu chaud, mais il ne s’en plaint toutefois pas.

-« Alors, maintenant que tu connais ma vie… et qu’on est tranquilles… c’est quoi cette histoire d’hôpital ? Tout va bien ? », évidemment, Milo aurait dû s’en douter qu’ils allaient finir par en parler de cette histoire et son expression devient plus sombre. Un soupir peut être entendu alors que le brun tente de soulager ses soudaines démangeaisons aux poignets, ce patient aux bras bandés lui a bien mutilé les émotions. Il pose une main dans sa nuque et la masse, alors qu’il inspire en détournant son regard sur les snacks.

-« Oui… Enfin, je crois que tout va bien… Je sais pas vraiment, cette histoire remonte à plus d’une semaine… Ou moins, j’ai pas la notion du temps comme tu sais… », il commence à expliquer en déglutissant. « ...J’étais allé à ma consultation pour ma cheville, mais comme l’attente était longue, je suis allé prendre quelque chose à boire… Sauf que... », ça recommence, sa gorge se noue et il se bloque à cause de ce patient. « Désolé… Je suis tombé sur une bénévole et un patient qui avait besoin d’aide et de soutien… Le patient avait les bras bandés et disait qu’il...  voulait mourir. », sa voix était plus faible qu’au départ, puisqu’il se retient fermement de craquer à cause de ça… et il ne veut pas vraiment ennuyer Sun Jae avec sa déprime.

Milo s’en voulait de prendre panique à chaque fois qu’il parlait de choses comme celle-ci. Il aimerait avoir le courage et la force de rester neutre et ne pas avoir de larmes qui lui monte aux yeux et qui nouent sa gorge au point où il croit étouffer.

-« Du coup, j’ai paniqué et je me suis réfugié dans les toilettes… pour pleurer et déverser ma stupide douleur qui s’était propagée dans l’entiéreté de ma poitrine... Puis d’un coup, il y a un mec qui a commencé à me parler... », il continue en espérant ne pas paraître stupide. « ...On ne se voyait pas et on avait accepté de garder l’anonymat, alors on a discuté… et il m’a réconforté ? », il ne sait pas vraiment si c’est utile de raconter ça à Sun Jae… Au fond, il se sent coupable de se confier là-dessus. « ...Je sais pas ce qu’il m’a pris, mais il disait avoir vécu des choses similaires alors je me suis accroché à sa voix… », il dit en triturant ses doigts, baissant son regard sur ses mains…

Même s’il connaît Sun Jae, il a peur de sa réaction. Il a peur de se faire jeter comme une vieille chaussette parce qu’il s’est confié à un autre homme que lui, que le fait d’avoir été réconforté, serait capable de former une jalousie entre les deux amis… Evidemment, ce n’est que le fruit de son anxiété, n’est-ce pas ?

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OOTD || Le pauvre Milo, il n’avait absolument rien demandé pourtant ! Le soleil humain l’avait traîné jusqu’à son nouvel appartement, souhaitant s’assurer qu’il sache toujours où il pourrait trouver de l’aide s’il en désirait. Tout de même fier des résultats de son travail de Bob le bricoleur, il lui avait même fait faire une visite guidée. Il faut admettre que le jeune homme n’avait pas ménagé le travail ni l'ingéniosité, cherchant à personnaliser cet appartement en respectant un budget restreint. Avec combien de tutoriels DIY s’était-il lavé le cerveau afin d’obtenir certains effets spécifiques ou accessoires décoratifs ? Beaucoup trop pour que ce soit innocemment partagé. Bien sûr, il aurait pu demander de l’aide à l’un de ses frères, son cousin ou même ses meilleurs amis. Hélas, Sun Jae avait beaucoup trop peur de déranger et il avait développé cette habitude d’essayer d’en faire au maximum par lui-même. Étrange pour le bébé de la famille, non ? Il faut admettre que les dynamiques dans cette famille ne sont pas toujours conventionnelles. Min Ki... prénom qu’il refuse de porter, s’éloignant ainsi du tout premier choix que ses parents ont fait pour lui, mais aussi de ce lien qu’il partageait avec ses frères. Min Ho, Mi Ho, Min Ki… c’est qu’ils ont manqué d’originalité ou qu’ils ont vraiment essayé de leur donner un lien fort, les unissant jusque dans leurs prénoms. Si les choses avaient été si faciles, peut-être que les trois seraient plus honnêtes entre eux qu’ils ne le sont. Sun Jae les adore, il ne saurait imaginer sa vie sans eux, mais il n’est pas aussi dupe que tout le monde ne le croit. Certes, ils sont tous d’avis qu’il est intelligent, ayant toujours été premier de classe, mais ils semblent le prendre pour un idiot des émotions. Ce n’est, effectivement, pas son fort lorsqu’il est question des relations amoureuses. Mais déceler cette douleur insupportable que l’on tente désespérément de cacher au monde ? Ça, ça semble être son talent caché. Même que c’est ça qui l’a poussé à choisir la psychologie.

Ses parents n’étaient pas les plus grands fans de cette idée. Cet emploi est peut-être bien louable, mais les frais de scolarité paraissent rapidement exorbitants pour une famille qui n’a jamais roulé sur l’or. Ils auraient préféré que le jeune homme ne choisisse quelque chose de plus accessible, de moins dur et qui lui permettrait de gagner sa vie plus rapidement. Sunny est toutefois fait de la même fibre que ses frères, entêté comme pas deux, il a tout de même suivi sa voie. Il n’a rien demandé à personne, travaillant à divers petits boulots dès qu’il en a eu l’âge, économisant tout ce qu’il pouvait et étudiant comme un forcené afin de décrocher des bourses. Il continue d’ailleurs à se casser le cerveau en mille, afin de toujours y emmagasiner plus d’informations et ainsi s’assurer de continuer à bénéficier de bourses d’études. Les gens ne semblent pas voir tout son travail, cela dit, ni l’étendue de son intelligence émotionnelle. Il est si aisé de le voir comme ce jeune homme souriant et insouciant. Sun Jae a appris à ne plus s’en formaliser et tente plutôt d’en jouer à son avantage, même si ça ne fonctionne pas toujours. Cette image le rend plus facile d’approche, les gens se confient plus facilement, lorsqu’ils le prennent pour un imbécile heureux.

L’arrêt final étant le salon, l’étudiant fait au mieux pour les installer confortablement. Il ne peut pas lui offrir énormément, n’ayant pas fait les courses encore. Puis, de toutes, il n’aurait pas eu les moyens de se permettre un festin de roi non plus. Ne poussons pas mamie dans les orties. Son charisme et sa personnalité attachante font qu’on lui pardonne généralement ses manques financiers et matériels.

-« C’est cool…! Je trouve ton appartement vraiment comfy, ça change du mien… Si je peux être honnête. »

Un sourire rieur aux lèvres, il hausse un sourcil en entendant ce commentaire. Pourquoi Milo ne pourrait-il pas être honnête avec lui ?

-« Ah ? On se binge watch les trucs de Marie Kondo et je viens t’aider à rendre ton appartement comfy, si tu veux ! J’ai l’impression de m’être découvert une nouvelle passion ! » répliqua-t-il en riant gaiement.

Il y a une théorie selon laquelle notre intérieur est à l’image de notre cerveau. Ainsi, en allant voir le fameux appartement de son ami, Sunny pourrait avoir une autre version de ses états d’âme, peut-être décelé de nouvelles choses, avec un peu de chance. Être dans un environnement rangé, accueillant et qui lui plaît jouerait aussi très sûrement sur ses humeurs et lui rendrait peut-être son quotidien un brin plus chaleureux. Bien que pouvant être accusées d’être calculées, ses intentions ne sont que pleines d’amour pour un meilleur ami qu’il souhaiterait tant aider. Il ne tarde d’ailleurs pas à enchaîner avec l’histoire qui l’a inquiété : que s’est-il passé à l’hôpital ? L’étudiant ne rate pas une réaction, la main sur la nuque, le regard fuyant vers ce qui pourrait apporter un réconfort rapide, l’expression sombre… Son coeur se serre sous l’inquiétude, mais il garde cette expression calme et bienveillante, le laissant aller à son rythme.

-« Oui… Enfin, je crois que tout va bien… Je sais pas vraiment, cette histoire remonte à plus d’une semaine… Ou moins, j’ai pas la notion du temps comme tu sais… »

Le danseur hoche doucement la tête, montrant simplement qu’il écoute et qu’il ne le juge pas.

-« ...J’étais allé à ma consultation pour ma cheville, mais comme l’attente était longue, je suis allé prendre quelque chose à boire… Sauf que... »

Il le laisse y aller à son rythme, même si son changement d’attitude ne fait que l’inquiéter un peu plus. La prochaine fois, il s’invitera à ses sorties à l’hôpital, ainsi, il pourra veiller sur lui !

-« Désolé… Je suis tombé sur une bénévole et un patient qui avait besoin d’aide et de soutien… Le patient avait les bras bandés et disait qu’il...  voulait mourir. »

Milo n’a pas besoin d’en dire plus, son ami devine combien l’expérience a dû être pénible et qu’elle a dû réveiller de vieux démons qui faisaient la sieste. Le blondinet se penche vers la table et sert une tasse de thé chaud à son ami. Il sait que ce dernier n’est pas friand des contacts physiques, alors il tente donc de le réconforter d’une manière détournée, en premier lieu. Rien n’épargnera le brun d’un câlin, si toutefois il craque.

-« Du coup, j’ai paniqué et je me suis réfugié dans les toilettes… pour pleurer et déverser ma stupide douleur qui s’était propagée dans l’entiéreté de ma poitrine... Puis d’un coup, il y a un mec qui a commencé à me parler...  ...On ne se voyait pas et on avait accepté de garder l’anonymat, alors on a discuté… et il m’a réconforté ? »

Sun Jae l’écoute avec attention, son coeur souffrant d’entendre que son ami a traversé une telle épreuve, mais il ne peut s’empêcher d’avoir une sensation de déjà vu. Ses sourcils se froncent très légèrement, alors que deux cellules battent en retraite pour aller chercher où elles ont déjà entendu une histoire de toilettes et d’hôpital, récemment.

-« ...Je sais pas ce qu’il m’a pris, mais il disait avoir vécu des choses similaires alors je me suis accroché à sa voix… »

Le jeune homme pince les lèvres et vient doucement glisser ses mains dans les siennes. Le geste se veut rassurant. Il veut simplement lui montrer qu’il est là pour lui, le calmer et le ramener dans l’instant présent. Tout va bien. Il n’a rien fait de mal et il n’est pas seul.

-« Je suis désolé pour toi que ton simple rendez-vous se soit tourné en cauchemar… La prochaine fois, n’hésite pas à me le dire, je verrai si je peux t’accompagner. » répondit-il, parlant sereinement avec un sourire bienveillant. « Je suis content et rassuré que tu aies trouvé du réconfort, peu importe la forme qu’elle a pris… au moins… c’était sain. Tu ne t’es pas fait mal pour échapper à l’instant présent et c’est une très bonne chose. Tu peux être fier de toi. En tout cas, moi, je le suis. » ajouta-t-il, en serrant ses doigts comme on le ferait avec un câlin.

N’est-ce pas Miles qui lui avait partagé s’inquiéter pour un inconnu pleurant aux toilettes, alors qu’il faisait du bénévolat ? OH BORDEL ! Miles doit être en chemin aussi ! Ils avaient prévu de se voir aujourd’hui ! Oh et puis bon… Miles est gentil comme tout ! Un gros nounours ! Même qu’il est la voix de plusieurs personnages que Milo aime… s’ils sont bel et bien l’inconnu de l’autre, ne serait-ce pas magique ?

-« Tu te sens comment depuis… ? Tu penses encore souvent… à ce qui t’a mené aux toilettes… ou à la voix réconfortante ? Ou à ni l’un ni l’autre ? » demanda-t-il, voulant tout de même prendre le pouls psychologique de son ami sur cette histoire.

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OOTD || Ce jour-là, personne ne s’en doutait puisque ce n’était qu’une après-midi tranquille. Sa mère était dans le jardin, s’occupant des fleurs qui poussaient abondamment devant le porche de leur cocon familial. Sa soeur, elle était dans sa chambre à s’entraîner à faire de la manucure puisqu’elle avait pour projet d’en faire sa carrière, mais était trop jeune pour suivre les études requises. Elles étaient toutes si insouciantes, bien qu’elles s’inquiétaient en général du seul garçon de la famille… La plaie était encore trop fraîche, ça ne faisait que trois mois que l’ange s’était échappé des griffes du démon, c’était encore trop tôt pour qu’il puisse retrouver la joie qu’il avait auparavant. Les deux filles de la famille tentaient de faire ce qui était en leur pouvoir pour que le garçon retrouve le goût sucré de la vie… Le démon avait été jugé innocent des actes qu’il a infligé à l’ange, malgré les photos qui prouvaient la maltraitance qu’il a vécu ; ces hématomes placés intentionnellement où personne ne pourrait les voir, les nombreux viols que personne ne voulait croire puisqu’il n’y avait que la parole de l’ange contre les avocats du diable qui juraient que le jugé n’oserait jamais faire une telle chose. C'était facile de s'en sortir, lorsqu'il ne montrait aucun signe agressif quand les portes étaient ouvertes. Sa mère avait fini son jardinage, rentrant dans la maison pour se reposer et boire quelque chose de rafraîchissant, puisque la journée s'était avérée être une canicule. Elle ne se doutait pas qu'en appelant sa fille et l'envoyant chercher le fils, qu'un cri émanerait des cordes vocales de la plus jeune. Malgré la fatigue, elle avait couru le plus vite possible jusqu'à la chambre du garçon. Les yeux de l'être maternel s'écartaient, croyant être dans un cauchemar. Sous le choc, elle resta immobile pendant un certain temps en ne sachant pas si c'était réel ou seulement le fruit de son horrible imagination. Ses mains attrapaient les épaules de la jeune fille qui ne cessait de crier le prénom de l'ange et la tirait en dehors de la chambre, lui ordonnant d'appeler les urgences. Quand la fille partait pour faire ce qu’elle avait été ordonnée de faire, la mère s’était accaparée d’une boîte de mouchoirs afin d’appuyer sur les bras de son fils… Tout ce qu’elle voulait faire, était de le maintenir en vie jusqu’à ce que l’ambulance arrive. Ce n’était pas juste. Pas après le combat qu’il avait mené afin de faire tomber le démon de son trône d’intouchable… Et même si ça n’avait pas été un succès, il ne méritait pas de mourir de cette façon. Du moins, c’était ce que la mère pensait.

Et l'ange s'était réveillé dans ce lit d'hôpital, relié à un moniteur de fréquences cardiaque tandis que ses deux bras étaient soigneusement bandés. Confusion était présente puisque son dernier souvenir était le plafond de sa chambre, il avait sûrement oublié la raison de sa présence dans cet hôpital... Mais son cœur rata un battement lorsque son regard se posa sur le corps endormi de sa mère, sa main touchant la sienne pour montrer qu'elle serait toujours là, coûte que coûte. C'était à cet instant, que le canadien s'en était voulu. Du profond remord avait envahi son âme alors que des larmes l'empêchaient de voir correctement le visage de sa mère. En serrant sa main, il comprenait qu'il devrait faire d'innombrables efforts... s'en voulant d'avoir fait souffrir sa mère et probablement sa petite sœur.

C'était la raison pour laquelle Milo avait fait une crise d'anxiété dans cet hôpital, lorsqu'il a entendu cet inconnu exprimer son envie de mourir. Il en a parlé avec Sun Jae via messages, bien qu'il n'ait pas donné des informations plus précises sur le déroulement. Il avait uniquement expliqué avoir fait une crise d'anxiété dans les toilettes de l'hôpital, mais avait su surmonter l'épreuve insupportable. Il ne s’était pas vraiment attendu à ce qu’il soit accosté par ce dernier lorsqu’il était allé se chercher un thé à la pêche chaud, ni même avoir une visite guidée surprise de l’appartement fraîchement loué par son très cher meilleur ami. Et même si ça n’avait pas été prévu, le canadien appréciait. Ça changeait de son appartement qui était un bordel pas impossible ; à chaque fois qu’il rentrait du boulot, il se disait toujours qu’il devrait trier les cartons qu’il avait ramenés il y a trois ans. Mais l’incapacité physique et mentale l’empêchait de s’y mettre sérieusement, il doit bien y avoir une raison pour laquelle son âme refuse systématiquement de défaire les vieux cartons… C’est pour ça que son visage émettait du malaise quand son ami l’invitait à binge watch des vidéos de Marie Kondo. Non pas qu’il n’avait pas envie de ranger son appartement, mais il ne peut pas défaire ces fichus cartons. Même lorsqu’il dépose sa main sur l’un, il peut sentir son cœur s’emballer sans aucunes raisons. Milo se sent stupide, mais dans un sens, les affaires rangées dans les cartons appartiennent au Milo du passé… Elles auraient dû rester à Montréal, où sa mère en prendrait soin et chérirait chaque souvenirs que son fils lui aurait laissé.

-« Je ne suis pas sûr que ce sera nécessaire… », répond-il en laissant un rire nerveux lui échapper.

Même si l’excuse de la flemme était très utilisée lorsqu’on lui demande pourquoi il ne range pas son appartement, c’était quand-même assez voyant que l’état de son appartement répliquait l’état de son cerveau. Un bordel. Même s’ils nettoient l’appartement, Milo est certain qu’il retrouvera son état initial. Son cerveau est bien trop brouillon pour qu’il puisse gérer le ménage de son appartement, il fait la lessive, la vaisselle et il passe le balais et la serpillière… c’est déjà bien. C’est même déjà trop pour son incapacité mentale à s’occuper d’une chose à la fois. L’anxiété nocturne qui vient pointer le bout de son bec, qui le force parfois à aller nettoyer quelque chose ou d’aller plier le linge étendu qui a séché pendant qu’il paressait dans son lit. Et même s’il aurait espéré ne jamais parler de ça en personne avec Sun Jae, voilà que l’histoire de l’hôpital refait surface. Il a été naïf sur ce coup, de croire que son meilleur ami ne prendrait pas l’occasion pour lui demander des informations plus importantes sur cette histoire. Milo soupire, se sentant déjà anxieux à l’idée d’en parler à voix haute. La voix tremblante et le visage mal aisé, il tente d’expliquer tant bien que de mal plus en détail ce qu’il s’est passé et pourquoi il a fait une crise d’anxiété. En reparlant de cet homme, Milo sentait son cœur se serrer dans sa poitrine. Il ne comprenait pas vraiment ce sentiment mystérieux qu’il ressentait. Etait-ce parce qu’il aurait aimé remercier plus convenablement l’inconnu ? Ou simplement parce qu’il repense à ses chaudes paroles, qui l’ont réconforté d’une façon qu’il n’aurait jamais pensé ?

Le monologue terminé, l’âme torturée par le passé dépose son regard sur les mains réconfortantes qui viennent se déposer sur les siennes. Même s’il comprend le geste, il ne peut s’empêcher de ressentir un profond dégoût. Être touché lui rappelait ces baisers douloureux qu’il subissait, ça lui rappelait qu’on pouvait toujours lui faire du mal physiquement... Et même si Milo sait que ce ne sont pas les intentions de son meilleur ami, son cerveau semble embrasser l’anxiété avec passion.

-« Je suis désolé pour toi que ton simple rendez-vous se soit tourné en cauchemar… La prochaine fois, n’hésite pas à me le dire, je verrai si je peux t’accompagner. »

-« Non… Enfin, j’en suis reconnaissant que tu veuilles te porter volontaire pour m’accompagner à l’hôpital pour mes prochaines consultations, mais je ne pense pas que ça soit nécessaire. Et puis, tu as mieux à faire que d’attendre une heure à l’hôpital… », affirme-t-il, tandis qu’il relève son regard afin de regarder le soleil ambulant qu’est son meilleur ami… Il pourrait en devenir aveugle !

-« Je suis content et rassuré que tu aies trouvé du réconfort, peu importe la forme qu’elle a pris… au moins… c’était sain. Tu ne t’es pas fait mal pour échapper à l’instant présent et c’est une très bonne chose. Tu peux être fier de toi. En tout cas, moi, je le suis. »

Alors qu’il sent les doigts de son ami se serrer contre les siens, il ne peut s’empêcher de délicatement retirer ses mains et de les cacher dans leur manches respectives.

-« Merci... J'ai encaissé, je suppose... » répond-t-il en haussant les épaules alors qu’un soupir échappe ses croissants de chairs.

Et même s’il avait quelque chose avec lui pour se faire du mal, la voix de l’inconnu l’aurait stoppé dans le feu de l’action. C’était quelque chose qu’il ne pouvait pas expliquer facilement, n’ayant pas les mots requis… Des sons ou des voix stimulent son cerveau et c’était la raison pour laquelle il avait discuté avec l’inconnu des toilettes sans vraiment réfléchir… Parce que la voix de cet homme, peu importe qui était-ce, stimulait son cerveau et réchauffait son cœur bien qu’ils ne se connaissaient ni d’Adam ni d’Eve. Et même si la douleur et les larmes étaient abondantes, le brun l’avait écouté… Il avait suivi chacun de ses mots, comme si c’était la lumière pour qu’il se sorte de son tunnel assombri par le passé.

-« Tu te sens comment depuis… ? Tu penses encore souvent… à ce qui t’a mené aux toilettes… ou à la voix réconfortante ? Ou à ni l’un ni l’autre ? »

Milo réfléchit quelques instants, parce que même s’il voudrait faire comme si ça ne l’avait pas marqué… Ça pouvait être forcément visible sur son visage.

-« Hm… Pour être honnête, je pense encore à ce pauvre inconnu qui m’a rappelé la première fois que j’ai atterri à l’hôpital après une tentative ratée… Et ça me tue un peu, parce qu’il n’avait que la bénévole à ses côtés. », il fait allusion au fait que lui, avait les infirmiers/ières et sa famille lorsqu’il était à l’hôpital, tandis que l’inconnu en détresse semblait seul. « Je pense aussi à “la voix réconfortante”... Mais je ne sais même pas pourquoi... », dit-il en baissant ses yeux sur ses mains qui sortent enfin de leur cachette. C'était sûrement à cause des paroles que cette voix a emprunté, ces paroles qui résonnent encore dans ses pensées à l'heure actuelle.

Il remonte légèrement la manche de son bras droit et regarde les cicatrices qui sont légèrement visibles, mélangées aux bracelets. Les frôlant du bout de ses doigts, alors qu’il repense à la voix de cet inconnu. Un nouveau soupir échappe ses lèvres tandis qu’il attrape la tasse de thé encore chaude afin d’en boire le contenu.

-« J’aurais aimé le remercier plus convenablement, mais on s’était promis de garder l’anonymat à cet instant… C’est sûrement mieux si on ne se voyait pas, au final, il n’avait pas vu mon stupide visage. », ajoute-t-il alors qu’il relève son visage, finissant sa tasse de thé avant qu’il ne pose la vaisselle vide sur la table basse.