ZOO ~Lane et Declan ~

Ce matin en me réveillant une étrange sensation de bonheur envahit tout mon être. Je n'ai jamais ressenti cette chaleur inondé mon cœur avec autant de force. Je n'ai jamais ressenti aussi fortement le besoin que les secondes explosent les heures pour que la journée touche à sa fin. Car la soirée qui s'annonce va être spéciale, magique. Je retrouve Lane mon jumeau et je vais lui faire découvrir mon univers. Et le zoo dans lequel je bosse depuis plusieurs semaines à présent. J'ai encore du mal à croire que j'ai un frère, un jumeau en plus. C'est comme si quand je pensais à lui ou quand je le voyais, ces moments ensembles étaient des rêves. Des instants précieux que je me remémore ensuite quand je retrouve mon insondable solitude. Ces moments me tiennent chaud quand je me sens mal. Ils sont des cadeaux qui éclairent ma vie. Et en pensant à lui, je réécris mon enfance, j'efface doucement l'horreur et je réinvente tout. Il grandit avec moi, à mes côtés, notre père ne part plus à mes trois ans. Notre mère ne se remarie plus à mes cinq ans. Et le monstre disparaît et avec lui l'enfant bafoué et sali d'indécence. Ne reste qu'une simple famille. Mes rêves deviennent doux, fait de calme, de paix. Même si la réalité reprend ses droits dés qu'elle le peut me mettant plus mal, quand je ne peux le voir. Je me suis même dis que je pourrais lui demander de vivre avec moi pour que ce temps octroyé soit plus long. Pour essayer de rattraper ce temps perdu, que l'on ne rattrapera jamais au final. Quand je pense ainsi je me sens puérile. Après tout nous sommes des adultes et Lane a sa vie et surtout quelqu'un dans sa vie. Alors que je reste l'éternel solitaire. Qui se refuse le droit d'être heureux. Sauf avec mon jumeau. Avec lui à mes côtés tout semble facile.

Alors oui aujourd'hui je suis heureux, je siffle sous la douche, je prends un bon petit déjeuner et même au boulot, je garde le sourire. D'ailleurs certains en viennent même en penser qu'une femme s'est glissée dans ma vie. Je rectifie le tir, disant juste que c'est mon frère qui me donne la banane. Ce frère tombé du ciel, ce frère qui me donne envie de devenir meilleur. Même si je ne sais pas comment faire. Parce qu'il ne faut pas se leurrer, ma vie que je refais chaque nuit n'est qu'une illusion. Elle n'est nullement la réalité. Et quand celle ci reprend le dessus, je me retrouve plus perdu que jamais. Alors je m'accroche en regardant mon reflet dans le miroir, en pensant que dans un autre miroir le même visage se reflète. Je m'accroche en pensant à notre tatouage, ces traits d'encre en commun gravés à même nos peaux. Ou les envies de l'un sont à présent éternellement liées aux envies de l'autre. Lane devient une force dans ma tourmente. Je ne suis plus seul. Je ne serais plus jamais seul. Même si une chose me chagrine dans ce bonheur naissant, son attirance pour un homme. Je devrais dire son amour pour un homme. J'ai bien compris que Logan n'avait rien à voir avec le salopard qui a osé abuser de moi. Mais l'idée même est difficile et douloureuse à supporter. Logan était là avant moi, alors je ne peux pas le traiter de voleur. Mais je l'envie au fond des instants qu'il passe avec mon jumeau. Oui parfois je voudrais juste redevenir un gamin et partager avec mon frère des trucs de gamin. Faire du vélo, courir dans un champs, manger une glace, regarder un film, faire des conneries. Être assis côte à côte en classe. Et bien d'autres choses encore. Mais il n'y a pas de retour en arrière. On peut juste profiter des instants que la vie nous offre à présent.

Et la journée s'écoule doucement. Mon ressenti danse entre angoisse et impatience. En même temps que je fais mon travail, je prépare la soirée. J'ai même commandé un repas froid qui est déjà au frigo on pourra le prendre devant n'importe quelles cages, Lane choisira. Je le ferais passer par le nurseries ou il verra le dernier né de notre famille de gorille. Je lui montrerais nos petits lionceaux, ils ont été mes premiers patients accompagné dans mes gestes par Esteban mon collègue. Je le ferais passer dans la volière, par le vivarium. Rien que d'y penser j'en souris de plus belle. J'espère qu'il aimera, qu'il éprouvera autant de joie que moi en voyant nos pensionnaires. On ira aussi voir les girafes et les éléphants. J'ai tellement hâte. Tellement hâte de voir ses yeux retrouver la couleur de l'enfance, son innocence aussi nous qui en avons été privé par pure cupidité. Et les heures s'effacent m'approchant de ce moment. De cet instant. Et plus les heures s'égrainent et plus mon cœur s'emballe à l'idée de le retrouver. A l'idée de cette parenthèse entre frères.

Le zoo ferme enfin ses portes, le calme se fait. Je m'approche de la porte d'entré, surveillant mon portable, attendant le message de Lane pour aller lui ouvrir. Je ne me suis pas changé, je porte le tee-shirt et le gilet sans manche du zoo. Je n'ai pas ma sacoche vétérinaire mais j'ai une sacoche contenant quelques gourmandises que l'on pourra distribuer au cours de la visite. Mon talkie-walkie est à la ceinture de mon pantalon, je reste joignable par le personnel restant. Peu de monde mais seul je ne pourrais pas tout faire, ils sont avertis de la venue de mon frère. Je n'ai pas pris l'initiative seul, j'en ai parlé d'abord à Esteban, lui disant que pour lui se serait une première et que je voulais vraiment lui offrir ce cadeau. Et puis j'en ai parlé à mon patron. Personne ne m'a dit non. Tout le monde a trouvé l'intention touchante. Même si je ne me suis pas étendu sur la profondeur de la situation et dont de notre souffrance. Arrive enfin ce fameux message. Je suis tellement excité que je fais des fautes en tapant le mien et je m'y reprends à deux fois.
"Ok parfait. Je ne suis pas loin.
J'arrive dans 5 min."

J'accélère le pas. « Et je vais vous présenter mon frangin les loulous, va falloir bien l'accueillir d'accord. » J'ai l'habitude de parler aux animaux, mais là il y a une sonorité encore plus enthousiaste dans ma voix. Je me sens idiot avec ce sourire qui se dessine sur mes lèvres, un idiot extrêmement heureux. Que voulez vous. J'en ai même les mains moites et mon cœur semble s'affoler comme jamais. « Calme toi on va juste voir Lane. » Voilà que je parle à mon palpitant. J'éclate de rire, tant bien il doit m'entendre. Je sors le trousseau de clés et j'ouvre la porte. Et Lane est là. Je savais qu'il était là derrière la porte, mais de le voir c'est encore plus intense. Vraiment je ne suis qu'un idiot. « Salut. Je suis tellement content de te voir. » Et je le prends dans mes bras l'attirant contre moi, le serrant. Comme si au fond j'avais eu la trouille qu'il ne vienne pas. « Tu m'as manqué. » Et pourtant on s'est vu il y a peu, on essaie de faire de notre mieux avec nos boulots pour avoir du temps pour nous. Je le garde contre moi un moment. Puis je le lâche, je referme la porte. « Tu vas bien ? » J'ai la sensation d'avoir été piqué par une puce vu mon excitation. « Aller viens je vais te faire faire la visite de ta vie. Personne n'a vu un zoo comme tu vas le voir chez frère. » Et je l'embarque. La visite commence par l'espace savane où les girafes, les zèbres et les éléphants cohabitent. « Et les loulous venaient voir par là. Il faut que je vous présente quelqu'un d'important. » Les animaux n'ont pas encore été rentrés, ils se promènent tranquillement profitant du calme.

Retrouver mon frère m'apporte une joie immense, intense. Je ne pensais pas un jour ressentir ces sensations là. Ce bonheur qui me frappe en plein cœur. Je me sentais seul, abandonné, à la dérive et avec l'arrivé de Lane dans ma vie, tout semble prendre un sens. Bien sur c'est un équilibre encore fragile, je sais qu'il va nous falloir du temps pour que tout devienne simple et limpide. On a tous les deux des démons au creux de nos âmes et des blessures au fond de nos cœurs. Des fractures qui vont mettre du temps à se consolider, elles laisseront toujours des traces, elles viendront peut être même nous mettre à mal. Mais on sera plus fort pour les affronter car on sera deux. Deux âmes unies dés la conception et qui ont suivi un chemin différent, même si la souffrance a parcouru nos vies. Alors oui je suis heureux et en plus je vais lui montrer ce qui me permet de ne pas couler, mon métier. Mon amour pour les animaux, ce qui me fait garder cette part d'humanité que l'homme a tué dans l'oeuf depuis bien des années. Je suis heureux de le prendre contre moi, de l'enlacer, moi qui évite le contact physique. Ce n'est pas un rêve ou une illusion, cet autre moi même existe bien. Il est là autant heureux que moi. Avec ce manque profond, malgré le peu de temps qui nous a séparé. C'est comme si à présent on ne voulait plus passer une seconde loin l'un de l'autre. On est conscient que jamais on ne rattrapera ce temps perdu, mais on ne veut plus en prendre d'autre. Et je sens l’excitation dans sa voix à l'idée de visiter le zoo dans lequel je bosse, grande découverte pour lui et cela me met en joie de lui offrir cette joie là. Je le sens comme un enfant qui attend avec impatience cet instant. Je l'écoute, je souris me retenant de rire face à tout ce qu'il a envie de faire et de découvrir. « Tu es pire qu'un gamin. C'est sur que tu es excité, mais c'est amusant de te voir comme ça. Et ne t'en fais pas tu vas faire plein de choses, mais je ne vais pas tout te dévoiler. Et puis ce qu'on fait ce soir on pourra le refaire. » Je le regarde planter mon regard dans le sien, comme si je me regardais dans un miroir. « Mais pour ça faut que tu sois sage. D'accord petit Lane. » Et là j'éclate de rire. « Et ne t'en fais pas tu ne finiras pas comme repas des fauves. Pas question de me débarrasser de mon frangin .. je ne veux plus jamais être séparé de toi. » Cela vient comme un cri du cœur que je n'ai pas pu retenir. Comme si je voulais chasser une douleur violente. L'idée même qu'à présent la vie puisse nous séparer m'est insupportable.

« Je vais bien aussi. A vrai dire j'ai la sensation de n'avoir jamais été aussi bien. » Est ce que parce que venir à San Francisco m'avait offert la chance de retrouver cette part de moi donc je n'avais pas conscience qu'on m'avait arraché ? « Ah bon!! » La suite me serre un peu le cœur, mais je me suis promis de faire des efforts de ce côté là. J'ai bien compris que Logna n'avait rien à voir avec mon putain de beau père, avec ces hommes qui abusent des enfants en leur faisant du mal. Je me dois d'accepter cette attirance, cet amour qu'ils se portent. Je sens bien dans le ton et le comportement de Lane qu'il a adouci le choc de peur de ma réactions. Il a vu le pire en moi, le côté sombre qui me ronge. Celui qui fait basculer l'homme du côté de la bête traquée et apeurée et qui dans ses excès peut devenir la pire des horreurs. Je ne veux pas lui montrer ce côté là, il ne le mérite pas, pas plus que Logan. « Je suis heureux pour toi. » Je me stoppe et l'arrête par la même occasion. « Je suis sincère, je suis content que tu es trouvé quelqu'un, même si c'est un homme, qui t'aime comme tu le mérites. Et je serais ravi de venir voir là où tu vis. » Bon pas encore envie de rencontrer Logan et de voir mon frère avec lui, et Lane doit le sentir vu qu'il précise qu'il est absent. « Je passerais dans ce cas pendant son absence. Je le rencontrerais promis mais laisse moi le temps. Et il fait quoi en Europe ? » Puis on reprend notre marche et je lui explique ce qui se trouve dans les enclos autour de nous. « Oui le zoo essaie d'offrir des espaces assez larges pour que les animaux se sentent bien. C'est sur que ça n'a rien à voir avec la liberté, mais certains auraient disparu de la surface de la terre si les zoos n'existaient. » Certains personnes reprochent que les animaux sauvages vivent enfermés, mais ils ne voient que le mauvais côté de la chose, ils ne voient pas que c'est pour les préserver. Vu que l'homme fait du grand n'importe quoi avec la nature. « Chaque environnement est calculé au mieux pour qu'ils se sentent bien. Même si dans la nature ils n'ont pas ce luxe. Mais on se doit d'en prendre soin. Tu sais qu'elles ont une langue très longue et bleue en plus. C'est amusant la première fois que je l'ai vu je me suis dis qu'elles avaient mangé un bonbon qui colore la langue. » Nouvel éclat de rire. C'était tellement idiot comme réflexion. « Elles restent toujours debout même quand elles mettent bas. C'est impressionnant d'ailleurs la naissance d'un girafon, j'en avais le cœur tout en émoi, la peur qu'il se blesse en tombant. Mais la nature est bien faite. Comme quand elle leurs donne la capacité de se lever quelques secondes après la mise à bas. Question de survie. Quand tu vois combien de mois il nous faut pour tenir debout. » Et on s'approche de l'enclos, j'attrape quelques gourmandises. « Oui ils se chahutent mais c'est jamais méchant, juste une question de dominance parfois, mais tout rentre vite dans l'ordre. Et je leurs parle tous les jours. » Avec cette sensation qu'ils me comprennent. « Regarde. Lisou vient. Je la reconnais parce que sa tache entre les yeux est plus grande. » Et je donne la gourmandise à Lane, lui faisant tendre la main. « Lisou viens ma belle. N'ai pas peur. » Et la girafe vient avec sa langue chercher ce que mon frère lui donne. « Ils distinguent les différences à l'odeur. Du coup même s'ils voient la même personne ils savent que nous sommes deux . Chose qu'un homme ne peut pas faire. Ton Logan pourrait au départ nous confondre. Eux ne se tromperont pas. Oui ici je me sens plus utile que dehors. » Triste vérité c'est comme si je ne trouvais ma place réelle qu'au prés des animaux.

« Non tu n'es pas idiot, c'est bien que tu ressentes ça, c'est la sensation qu'on veut donner. Un dépaysement total. Et puis on veut que les gens voient le milieu originel de vie des animaux. Le plus dur ce sont les conditions climatiques à reproduire, certaines plantes ont besoin d'une certaine température pour pousser. Tout comme tout ce qui touche le froid, on a une grosse partie en intérieur pour que les ours polaires, les manchots puissent être dans leur élément. » Et on continue notre progression, je laisse mon frère profiter, on marche tranquillement tout en discutant, je vois qu'il apprécie, ses yeux pétillent d'étoiles. « Peut être parce que c'était prévu par le karma que tu fasses cette découverte avec moi. » Et on s'arrête au niveau des primates. « J'en confonds encore quelques uns parce que bon on a du monde quand même. Mais certains se distinguent par leur comportement ou une marque physique. Là on a Outan le mâle dominant. Il vient d'être papa une nouvelle fois. Tu verras Atissa sa fille plus tard, elle est avec sa mère. On sépare sinon cela peut conduire au drame. Dans la nature les faibles n'ont pas de place. Et avec tu as Oura, une autre de ses filles et Arus c'est le dernier arrivé, pour éviter la consanguinité. Un &change entre zoo. » Et je me retrouve dans les bras de mon frère qui me remercie dans une nouvelle étreinte impulsée par lui. « De rien. Je suis vraiment heureux de partager ce moment avec toi. » Même à Naples j'ai rarement fait ce genre de chose, il y avait bien Stella, mais c'était surtout parce qu'elle venait voir ses fauves. Sinon je n'ai jamais offert ce genre de visite, même à Elio avec son fils. « Non il y a les hommes de la sécurité qui sont présents mais ils savent pour nous. Tant bien on ne les verra même pas au cours de leur ronde. Ils sont souvent dans la salle des caméras. Sinon à cette heure tout le monde est parti. Sauf peut être le directeur, mais il est dans son bureau, il passera peut être à la nurseries, il aime bien venir voir les derniers nés avant qu'ils ne rejoignent leurs habitats. » Et on continue arrivent au niveau du vivarium ou se trouve pas mal de petites bêtes qui donnent parfois des cauchemars. « Est ce que les serpents, les araignées te font flipper ? Ou ça va aller ? » Parce que sinon je les éviterais et ne ferait voir à Lane que les vitrines qui ne lui causeront pas de peurs.  

« J'ai cette sensation aussi. C'est étrange mais je pense qu'au final la connexion établi durant neuf mois est restée dans nos êtres. » Je m'en veux de ne pouvoir offrir à Lane, une réponse positive par rapport à Logan. C'est encore difficile pour moi d'admettre que mon frère aime un homme et qu'il vit avec. Je ne veux pas précipiter une rencontre qui pourrait foutre en l'air cette relation naissante avec mon jumeau. On a tant de choses à découvrir, à se dire. Et je veux être seul avec lui dans ces moments là. Parce que je ne veux pas que ce j'ai vécu soit entendu par tout le monde. Je ne me sens pas prêt à réellement m'ouvrir. Un jour oui je le rencontrerais. Un jour oui j'accepterais cet amour, j'en suis sur. Je veux y croire. Je suis soulagé et rassuré de savoir que ce temps nous est accordé, que même Logan comprendra ce besoin vital. Je sens combien cet homme compte pour mon frère, j'arrive à l'entendre dans sa voix, à le lire dans ses gestes, même s'il le cache avec pudeur. Je trouve même ses réactions touchantes. Le pouvoir de l'amour.. Ou la peur de dévoiler une faiblesse peut être. Je peux aussi comprendre que l'absence plus le poids du danger du métier de Logan puisse rendre Lane fragile. Il continue de me parler de son métier de pilote, des voyages que sa carrière engendre et du vide que cette absence génère pour Lane. J'ai de la peine pour lui, mais on est deux maintenant. Et je compte l'épauler dans cette solitude. « Je t'envie d'aimer ainsi. Et oui je suis là à présent et tu peux compter sur moi. Plus jamais on ne sera seul, je t'en fais la promesse. » Et je compte la tenir, pour avancer et ne plus me perdre. « On aime jouer au dur dans la famille mais au fond on est des gamins fragiles. » Et je le pousse un peu avec un sourire taquin. « Je n'ai jamais aimé alors je ne sais pas ce que le manque fait. Mais oui je suis pas mal fragile aussi. Je me réconforte dans l'alcool dans ce genre de moment, mais au final c'est pire parce que je fais n'importe quoi. » Je soupire. « Sans points de repère je coule souvent. » Et je porte mon regard sur mon frère, l'admirant. « Mais je ne vais plus couler maintenant que je t'ai. » De l'assurance glisse dans ma voix, parce que grâce à Lane ma vie va changer. L'enfant perdu et abîmé par la vie va doucement se reconstruire, je n'aurais jamais pensé cette chose faisable.

Et on continue la visite, après tout je l'ai invité pour lui faire découvrir cette part de moi qui a toujours su trouver la paix. Je suis amusé de le voir faire, Lane ressemble vraiment à un gamin curieux qui s'émerveille de petites choses. Et cette réalité gonfle mon cœur d'un bonheur infini. « De rien je suis vraiment heureux de partager ce moment avec toi. » Mon sourire se fait plus large et mes yeux plus brillants. « Je dois changer avant de trouver la bonne personne. Je ne peux pas être aimé tant que je suis comme je suis. » La violence dont je fais part dans l'intimité, cette peur de réellement me laisser aimer. Toucher. Embrasser. Faut que j'arrive à l'apaiser avant d'avoir une vraie relation. « Quand un jour être père .. là rien que l'idée me fait flipper un max. » Comment pourrais-je être un bon père ? Mais chaque chose en son temps. Avancer pas à pas. Je ne ferais jamais subir à un gamin ce qu'on m'a fait subir. Mais serais-je capable de douceur, de patience, de ressentir de l'amour ? Je vois juste ma vie comme un trou noir. Et aux confidences se mêle la découverte du lieu et des animaux qui y vivent. « Oui ils sont impressionnants et ils ont beaucoup de force. La peur on ne doit pas la laisser nous envahir. Ils la sentent et elle jouerait en notre défaveur. On doit toujours être calme, être en confiance. Le moindre faux pas et ils attaquent. Mais bon on ne rentre dans les cages qu'une fois l'expérience acquise et jamais seul. » La sécurité reste de mise, même face à des animaux qui semblent innocents. Ils restent sauvages et leurs réactions peuvent être incontrôlées. Les yeux de Lane s'agrandissent quand je parle de la nurseries et je me mets à rire face à ses mots sur le vivarium. « J'avoue que c'est la partie que j'aime le moins. J'évite cet endroit, pas fan non plus de ces petites bêtes même derrières des vitres. Certaines sont tellement effrayantes que j'en aurais des cauchemars. » Et je ris aussi alors que les trésors cachés se dévoilent au regard de mon frère qui s'attarde. « Non je ne suis pas qualifié pour m'en occuper. C'est plus compliqué à manipuler. Je peux être là en renfort si besoin, mais je ne suis jamais en première ligne. » On s'arrête devant certaines vitres là où les animaux sont plus visibles, plus colorés aussi. « Plus ils ont des couleurs chatoyantes plus ils sont dangereux. Enfin en liberté, là ils n'ont plus de venin pour la plus part. Certains de ces animaux sont en effet très demandés par les particuliers. Mais faut vraiment de l'expérience et l'équipement adéquate. On en récupère parfois car ils sont aussi mal traités que les animaux domestiques. Il y a aussi pas mal de braconnage, leur petite taille facilite les trafics. » Ma voix se fait un peu plus dure quand j'aborde ce sujet, ayant vu certains cas cela me met hors de moi. Je soulève les sourcils quand Lane me parle du projet qui aurait du voir le jour dans le bar où il bosse. « Ces animaux sont très chers car peu disponible. Ils demandent des soins particuliers. Tes patrons ont peut être trouvé le projet trop cher. Ou alors il n'était pas net. Faut des accords vétérinaires et il y a pas mal de contrôles. » Cela n'empêche pas les gens de franchir le pas, mais cela limite ceux qui veulent rester dans la légalité. « Oui on est obligé de garder une température haute et un gros taux d'humidité. Mais c'est vrai que c'est assez invivable pour nous. Mais c'est dans cette atmosphère qu'ils vivent. »

Les koalas font fondre mon frère et je l'observe attendri. « Avance toi. Viens juste là regarde contre le ventre de la femelle. » Son petit y est accroché. « Il a quatre mois.  Il rend fou tout le monde. Alors le côté gaga et nounours on l'a tous un peu face à ce spectacle. » Je lui laisse le temps de bien les regarder, surtout que la mère avance et dévoile un peu plus le bébé qui bouge. « Oui on a des ours polaire tu les verras tout à l'heure, car ils ont leur univers bien à eux, rien à voir avec la chaleur du vivarium. » Je rigole . « On a des ours bruns, des grizzlis aussi. Non eux on évite de rentrer dans les enclos sauf en cas d'animaux blessés ou malades. Mais on prend toutes nos précautions. On les endort la plus part du temps. » D'ailleurs on arrive à leur hauteur. « Non ce n'est pas une légende ils en sont très friands, ils mangent même le couvain. C'est l'ensemble des œufs et des larves. En liberté ils peuvent détruire des essais pour tout dévorer. Sinon ils mangent pas mal de fruits. » On continue et on arrive au niveau des loups. « On va devoir les nourrir. Tu vas voir le spectacle. Suis moi. » On fait le tour de la cage et derrière il y a une cabane. J'ouvre la porte et je fais rentrer Lane avant d'y entrer à mon tour. J'ouvre le frigo qui s'y trouve pour en sortir la viande fraîche. « On la sort des congélateurs tous les matins. » Je la pose sur la table et commence à la couper en morceaux plus petits, puis je la place dans des sceaux et j'en donne un à mon frère. « Aller viens tu vas jouer les aides nourriciers. » On ressort tenant nos sceaux rempli de barbaques. On loge les grillages endroit accessible juste par le personnel, les loups sont déjà là à attendre. « Regarde moi ces affamés. » Une plate forme est mise à disposition pour qu'on surplombe l'enclos. J'y monte suivi de Lane. « Je te montre. Tiens mets des gants si cela te gêne. » J'en sors une paire propres de la poche de mon pantalon. Moi j'y vais à mains nues l'habitude. J'attrape un morceau et  je le lance par dessus le grillage. « Fais pareil en visant un peu sur la gauche. » Et chacun à notre tour on jette des morceaux. Bien sur chez les loups il y a une hiérarchie les jeunes attendent sagement leur tour pendant que les plus âges se nourrissent. Je laisse mon frère apprécier la vision qui s'offre à lui.

L'instant est magique, même si j'ai l'habitude de cet univers. Le partager avec Lane et le lui faire découvrir, réveille de puissantes émotions qui m'emportent. Mon cœur s'emballe de le voir sourire, de voir son regard s'illuminer d'étoiles. Il est comme un enfant devant toutes les merveilles qui s'offrent à lui. Et je suis ému d'être celui qui lui permet de découvrir ce lieu et surtout les animaux. Ceux sont eux qui donnent à ma vie des couleurs exquises, ils sont souvent mes confidents. Je peux tout leurs dire sans aucun risque que mes mots soient mal interprétés ou répétés. Avec eux même mes secrets les plus sombres sont bien gardés. Alors je fais de chaque nouvel enclos un moment exquis pour que tout reste bien gravé dans son cœur. J'avoue n'avoir jamais ressenti pareil bonheur en partageant  mon métier avec quelqu'un. Il faut dire que notre lien est unique, il a pris racine il y a tant d'année. Et même s'il a été mis à mal par notre séparation, alors que nous venions à peine de venir au monde, il retrouve toute sa superbe à cet instant. Et je me dis qu'à présent je veux vivre encore d'autres moments aussi forts avec Lane. Je veux partager toutes ces choses dont nos parents nous ont privé en donnant à nos vies deux chemins bien distincts.

Je lui offre l'opportunité de nourrir les loups, tout en lui parlant de ces animaux. Je dévoile une facette que je montre peu. Parce que dans mon boulot je reste discret. Me lier est toujours compliqué, même avec les gens qui font, comme moi ce métier par passion. Mais Lane a cette facilité d'atteindre mon cœur et mon âme. Même si le premier contact a été des plus bouleversant. Je ne donnerais ma place à personne. Plus jamais je ne veux être délié de ce frère qui m'a été donné de retrouver par hasard. Frère avec qui j'ai partagé tant de choses en si peu de temps, avant qu'un vide s'installe. Mais le passé est le passé, rien ne le changera, à nous d'écrire l'avenir. Et il s'écrit à cet instant précis. Avec la sensation de redevenir un enfant , avec quelques avantages en plus. Comme d'avoir la clé qui me permet de pénétrer vraiment au cœur du zoo. « Oui comme beaucoup de zoos, il y a des partenariats avec de grandes boites. Ils ont en retour des avantages sur les prix, des instants VIP. Parce qu'en effet les recettes ne suffiraient pas à tout payer. Car il n'y a pas que la nourriture, il y a tous les frais d'entretiens des installations, les frais vétérinaires. Ce sont des budgets conséquents. Et puis il y a aussi les salaires de tout le personnel.» Je laisse Lane vraiment profiter de cette chance, de prendre son temps pour se remettre des émotions ressenties. « Merci à toi tu me fais voir mon univers d'une autre manière. » Avec un amour encore encore plus puissant. « Je ne vais pas te dévoiler tous mes secrets. Ou serai la surprise sinon. » Et je souris impatient de voir comment mon frère va réagir sur la suite de la visite. « En effet je m'ennuie rarement. Je passe même par pas mal d'émotions. Je n'aurais jamais pu faire un boulot en étant enfermé toute la journée. J'ai besoin de me sentir libre même si je dois rester prudent et concentré. » Bosser dans une boutique ou derrière un bar comme Lane, jamais je n'aurais pu le faire. En tout cas pas sur une longue durée, car dans mes années d’errance, j'ai pratiqué vite fait certains de ces métiers.

« Ne te dévalorises pas Lane. Tu as d'autres atouts. Et je suis sur que tu as des talents cachés qu'un jour tu découvriras et exploiteras. Je ne pourrais pas te faire venir tous les soirs ici, mais j'essaierais quand je serais de permanence de te permettre de vivre d'autres soirées comme celle ci. » Du moment que toutes les règles de sécurité seront je ne pense pas que cela sera un souci, en avertissant qui de droit. Et nous changeons de décor baissant de quelques degrés la température. Une nouvelle fois je suis ému par les réactions de Lane. « Oui se sont de vrais petits missiles quand ils sont lancés. » Et à côté de la vitesse, la puissance des ours blancs. « Il ne faut pas les prendre pour des peluches. » Même quand ils sont petits la prudence et la sécurité sont toujours de mise quand on doit s'en occuper. « Et ce n'est pas fini cher frangin. » Des surprises j'en ai pas mal en réserve. Je ne sais pas si Lane va résister à toute. « J'espère que ton cœur est bien accroché. » Et je me mets à rire alors que le sujet nursery est abordé. « Je sens de l'impatience d'un coup. Tu vas craquer. » Et je le prends par les épaules. « Oui tu pourras en toucher. On a des renardeaux, un koala, pas de petits lions, ils sont plus en âge d'être dans la nursery, mais des panthères des neiges. Et des lémuriens. Après il y a d'autres petits en transitions avant de rejoindre les cages des adultes on les verra après. Là aussi faudra les nourrir.» Parler de ce lieu ajoute des étoiles dans le regard de mon frère. « Oui c'est difficile de ne pas s'y attacher. Ce sont des êtres vivants et ils nous apportent beaucoup. Il y a des moments compliqués comme lorsqu'on fait des échanges avec d'autres zoos. Quand j'étais en Italie j'ai fais un échange avec le zoo de Rome. J’ai assisté à la naissance d'un lion et que je m'en suis occupé car ily a eu quelques complications. J'ai aussi géré le fait que notre mâle parte pour éviter la consanguinité. J'ai eu le cœur un peu lourd durant quelque temps. » Même d'en parler encore aujourd'hui me touche. « En retour on avait eu un léopard mâle. Mais on sait que c'est aussi pour le maintient de la race.»

Je souris aux mots de Lane, il me met même les larmes aux yeux. Mais il a raison au fond, on œuvre pour le bien être des êtres vivants. « Je n'ai jamais eu d'animaux à moi non plus. Je ne sais pas si je serais capable de m'occuper d'un chien ou d'un chat, je trouverais certainement trop classique ces animaux là. » Éclat de rire en m'imaginant promener un chien, en m'imaginant caresser un chat. « Un animal sait aussi se plier à la vie de son maître. Un chat serait peut être moins contraignant qu'un chien. Un jour tu auras peut être l'occasion d'en avoir surtout en vivant en maison. Et puis Logan pourra aussi s'en occuper quand il sera présent. » Pas d'animosité dans ma voix en citant le nom du petit ami de mon frère. C'est encore dur à avaler qu'il soit de ce bord là, mais j'arrive à faire la part des choses et surtout à voir qu'entre eux cela n'a rien à voir avec ce que j'ai subi. « Un poisson rouge ? Tu n'auras pas de câlins avec ce genre d'animal et puis combien finissent dans les toilettes. Faut faire super gaffe aux changement d'eau. La moindre goutte de produit et boum le poisson se retrouve le ventre à l'air. » J'en ai vu des gamins pleurer face aux aquarium en parlant de leur poisson mort trop vite. « Je pense qu'un chat ou un chien c'est même moins chiant qu'un poisson et puis c'est plus tendre. » Et je finis à peine ma phrase que je me retrouve collé à Lane pour immortalisé cet instant. J'en profite pour sortir le mien et en faire de même, je pourrais même envoyer la photo à mes amis de Naples pour leurs montrer ce que San Francisco m'a donné de plus beau. Un frère. J'ai encore parfois besoin de me pincer pour être certain que cette situation n'est pas un rêve. « J'espère qu'il y en aura beaucoup d'autres. » De quoi remplir un album et même plus. Qui sait un jour Logan s'ajoutera à la photo. Parce que pour mon frère je suis prêt à faire tous les efforts. Et surtout à ouvrir les yeux et à revoir mon fonctionnement. « Aller on y va monsieur l'impatient. Je sens que ça va être ton nouveau prénom. » Et un nouvel éclat de rire sort de mes lèvres, il y a bien longtemps que je n'ai pas été heureux de cette manière. A vrai dire je ne me souviens même pas quand j'ai été heureux comme ça.

Je me sens comme un enfant en faisant découvrir l'univers du zoo à Lane. Un enfant heureux. Je n'ai jamais connu ce bonheur là. Je ne pensais pas un jour le connaître. Au contact de mon jumeau tout prend une ampleur plus profonde, plus intense. J'en suis un peu effrayé car ces sentiments sont nouveaux. Mais c'est aussi très excitant et envoûtant. Parce que ces sensations me rendent vivant. Elles font palpiter en moi des choses nouvelles, si belles qu'elles effacent un peu la noirceur de ma vie. Et plus je le regarde curieux de tout, et plus j'ai envie de lui en montrer plus. De partager encore et encore cet instant. De le faire durer dans le temps. De le renouveler. On a tellement de temps à rattraper. Même si je sais que jamais on y arrivera, mais là je ne veux plus perdre une seconde, et offrir à Lane tout le temps que je pourrais lui offrir. Ici ou ailleurs. Qu'importe. J'ai besoin de lui, ce fait explose avec force et puissance dans tout mon être. Même si l'idée engendre des craintes. Il a sûrement les mêmes. Car la vie n'a pas été tendre avec nous et là elle nous donne tant de bonheur qui croire est difficile. Que va t-elle nous arracher en retour ? Car tout a un prix je le sais. Mais je ne veux pas y penser à cet instant. Je veux juste profiter de son sourire et des étoiles que je glisse dans ses yeux.

Et je me dis qu'avec la nursery en prochaine étape les étoiles vont devenir des galaxies géantes. « C'est sur que selon l'ingrédient oublié cela fausse complètement le goût. Et un trop d'alcool tu mets les clients cartables direct. Après je n'ai jamais été fan des cocktails .. enfin quand je bois faut que l'effet arrive vite. Un cocktail ça se savoure j'ai la descente trop rapide pour ce genre de boisson. » Je me tourne vers mon frère. « Quoi que je goûterais bien un des tiens. » Ce serait une façon de le découvrir aussi. Car je sens bien la passion qu'il met dans son métier. Tout comme je sens l'impatience monter plus on avance vers le lieu promis. « Monsieur l'Impatient. Cela sonne bien je trouve. » Et je m'amuse à le répéter comme le ferait un gosse pour narguer mais rien de méchant. Juste un besoin de vivre des instants dont on nous a privé à cause de la cupidité. Je veux essayer de donner des résonances d'enfance à ce moment. Beaucoup me trouveraient idiot, mais je n'en moque. Ce fait ne rattrapera pas tout, mais il allégera la peine que notre passé a mis sur nos épaules. Cela nous rendra plus fort, consolidera ce lien naissant. Moi qui me suit toujours fermé au monde et je sens bien que Lane en a fait de même. Comme s'ouvrir quand on en prend plein la gueule au propre comme au figuré. Et enfin on arrive, je rigole face à sa remarque. « S'en est une au fond. Certains petits ont besoin de soin dés leurs naissances. Toutes les mères n'assument pas. Et puis il faut prendre des précautions pour qu'ils survivent. L'intérêt étant de sauver les espèces. Certains dans la nature n'auraient aucune de chance.  Nous on la leur donne. » Je pose ma main sur son épaule pour le rassurer. « Non ils sont juste nés avec deux semaines d'avance. La sélection naturelle n'a plus trop de règles ici. On la contourne pour que tous les petits s'en sortent. Leur mère les aurait peut être abandonné en milieu naturel. Pensant qu'ils serait trop faible pour s'en sortir. » Je regarde les box. « Se sont nos bébés pandas. Ils ont déjà bien grandi. Si tout se passe bien dans une quinzaines de jours ils pourront être en permanence avec leur mère. En isolement bien sur, trop risqué de les mélanger aux autres adultes. » Toutes les protections sont prises pour qu'ils grandissent. « Un jour ils retrouveront un environnement naturel, enfin c'est le but de l'opération. Si l'homme détruisait moins on en serait pas là. » Je soupire, car si on continue dans cette voie on ne verra que certaines races qu'en zoo et plus en liberté. « En omelette !! » Et là j'éclate de rire. « Remarque avec un œuf d'autruche tu tapes sur du six personnes au moins. » E l'intérêt dans les yeux de mon frère se fait bien plus imposant quand on arrive au niveau des bébés panthères. Je lui laisse de temps de tout observer, sourit ou rit à ses remarques. Le trouvant attendrissant, touchant, terriblement enfantin par moment. Et je ne peux m'empêcher de me demander comment on aurait réagi plus jeune. Mais je comprends ses émotions, ayant moi même éprouvé les mêmes lors des premières fois face à ce spectacle enchanté. « Même en ne grandissant pas, l'instinct de fauve serait bien là. Je peux te dire que nos mains portent souvent les marques de leurs crocs et leurs griffes. Tu verrais comment Esteban les manipule il est encore plus doué que moi. » De l'admiration se glisse dans ma voix car il m'épate tous les jours. Je ne reviens pas sur les mots de Lane quand il parle de les caresser et de les nourrir, je vais lui offrir cette possibilité mais j'attends encore un peu. Lui permettant ainsi de tout observer. « Tu sais ce n'est pas toujours évident d'avoir des naissances en zoo. Alors quand il y en a c'est un miracle et on met tout en œuvre déjà pour que la grossesse se passe bien. Il nous faut parfois isolé la mère et puis la naissance est surveillé tout comme la suite. Et certains animaux ont plus l'instinct maternel que d'autres. » Tout comme les humains, mais je me retiens de faire cette réflexion, après tout notre mère ne l'avait pas eu du tout vu notre parcours.

Je commence à préparer les biberons pour les petites peluches, et le mélange de viande qu'on leurs donnera après tout en écoutant Lane. « Non elles ne sont pas orphelines, mais leur mère pour le moment refuse qu'elles tètent du coup on les nourrir au bib. Tadam. » Et je me mets devant Lane tenant dans chaque main un biberon. « Tonton Lane est prêt pour la téter ? » Et les petits museaux s'agitent un peu plus dans leur cage. « Les prénoms c'est en fonction, on suit un ordre alphabétique, vu que tout doit être enregistré. On voit un peu leur caractère ou les circonstances de leur naissance, Là on a Chipie et Câline tu vas vite comprendre qui est qui. » J'attrape Câline et montre à Lane comme la tenir. « Tu vois tu la mets de cette façon. » Mais la peluche ne cherche qu'une chose me faire des léchouilles, d'où son nom. « Tu vas arrêter oui je me suis lavé ce matin. » Et je la tends à mon frère l'aidant à bien la prendre puis je lui donne le biberon que la panthère arreape avec une patte alors que l'autre attrape la main de mon frère serrant ses doigts sans sortir ses griffes. Derrière Chipie se fait entendre. « Oui je m'occupe de toi. » Là j'ai plus droit à des morsures dosées, rien de méchant. Elle s'attaque aussi à mes fringues avant de se jeter sur la tétine. Puis l'abandonner pour venir essayer de me mordiller l'oreille. « Tu vois la différence. » Si je n'ai pas rebondi avant sur les remarques de Lane sur leurs yeux bleus, les dessins de leurs pelage, les idées de prénoms, je le fais là alors que les bébés avalent leur lait. «  C'est vrai qu'elles ont des points communs avec nous. On a peut être été des panthères dans une vie antérieure. Et je prends note pour l'idée de la compil entre nous deux prénoms. Qui sait si une naissance tombe le jour de notre anniversaire je pourrais toujours le proposer. Ou Lanlan Laclan, si c'est un mâle. Et fais attention avec Câline .. » Je n'ai pas le temps de finir ma phrase que la peluche a abandonné le biberon pour laper le cou de mon frère. « Ils adorent les peaux salées. Et elle t'aime bien, elle ne fait pas ça à tout le monde même si elle est très câline.» J'en profite pour prendre une photo de ce joli tableau, Lane submergé par la langue gourmande de Câline. Les biberons terminés, je bloque Chipie sous mon bras, ce qui ne lui plaît pas et je vais récupérer la viande hachée. « Et de rien, je suis tellement heureux de partager ce moment avec toi. » Et quand l'odeur de la viande arrive là les petits fauves s'agitent un peu plus. « Elles aiment le lait mais la viande c'est la cerise que le gâteau. » Je me mets à côté de mon frère et je lui montre comment faire. « Tu peux lui donner dans la main, mais faut bien mettre la viande dans ta paume et garder la mainl à plat. On peut encore se le permettre dans quelques jours on évitera. Même si le fait de les nourrir depuis qu'elles sont nées facilite le lien.  Mais si tu n'es pas sûr tu laisses dans l'assiette que tu tiens de cette façon. Et serre la bien sinon elle va vouloir jouer et l'envoyer valser. » Je lui montre les deux manières et reste à ses côtés pour l'aider en cas de besoin. Chipie dévore déjà dans ma main sa viande. « Elles sont autant impatientes que toi. » Et je me mets à rire. « Doucement Chipie et ça se sont mes doigts. Et ne me regarde pas avec ces yeux là tu as eu ta dose, pas question de t'en donner plus sinon tu vas être en surpoids et Esteban ne gronderait. » Je maîtrise la peluche sans m'imposer sachant que cela me jouerait des tours plus tard, surtout au moment ou s'en aucune difficulté elle aura le dessus sur moi. Et je laisse mon frère profiter du moment tout en prenant des photos, un grand sourire s'affichant sur mes lèvres. Alors que mes yeux se mouillent un peu sous les émotions ressenties. Touché en plein cœur.