Quiproquo. ft Liam

Tu savais que tu avais promis à Lanister d’arrêter tout ce qui tournait autour de l’alcool, mais c’était chose bien plus compliquer que de seulement le dire, le penser. Après tout, suite à la mort de ta fiancée, suite à l’accident, et après des mois de coma, tu avais trouvé refuge dans ces boissons au goût amer et prononcer, très peu favorable dans l’état que tu étais, mais qui avait été d’une certaine aide. Une aide temporaire, tu savais bien, et rien qui ne pouvait effacer la peine qui te suivait depuis ce jour-là, mais pendant quelques instants, lorsque ton esprit était trop embrouillé par la présence d’alcool, tu avais quelques instants, quelques heures où la douleur cessait, et où tu pouvais enfin réfléchir à autre chose que cette peine. Rien de formidable, rien qui ne durait, mais c’était la première solution que tu avais trouvée, la seule qui avait semblé fonctionner pendant un moment. Puis, tu avais trouvé une psychologue, tu avais commencé à assister à des thérapies de groupe, à voir des gens en dehors des quatre murs de ton appartement. Mais la douleur ne partait jamais, jamais vraiment totalement. Tu savais que tu avais toujours été assez fragile à tout ça. Tu n’étais pas le plus optimiste de la vie, et ce, même avant l’accident. Tu avais toujours été assez introverti, voir, renfermé et sensible. L’accident n’avait rien arrangé. Alors malgré les aides ici et là, tu t’étais longtemps réfugier quelques soirs par semaine, dans l’alcool.

Arrêter n’était pas chose aisé, et malgré tes tentatives, tu avais eu, comme plusieurs avant toi, des rechutes. Il y avait des soirs, quand le sommeil ne voulait pas venir, où tu t’enfonçais dans un fond d’alcool que tu avais chez toi ou, plus couramment, tu venais dans un des bars de la ville à la recherche de quelques verres à prendre, avant de retourner chez toi. Un quotidien qui fonctionnait bien sur écrit, mais dans la vraie vie, comme vous pouvez imaginer, c’était douloureux, difficile. Ce soir, c’était un de ces soirs où tu voulais aussi fuir ce sommeil qui ne venait pas, malgré les trois méditations, les prises de médicaments, et les six retournements dans ton lit en recherche du sommeil. Tu étais donc sortie, avec cette idée en tête de prendre le premier bar que tu verrais, d’y boire quelques verres, pour essayer d’oublier. Tu étais sortie dehors, à la marche comme toujours, vu que depuis le fameux accident, tu n’usais d’aucun transport comme la voiture, ou l’autobus. Tes pas traversent quelques ruelles, évitent soigneusement les foules de gens qui viennent pour faire la fête, et enfin, tu trouves un bar qui semble assez bien : Tu avais grandi ici, certes, tu n’avais été un adepte de ces endroits avant ton accident. Tu sens la porte se fermer derrière toi, alors que la chaleur étouffante de ces genres d’endroits te prend. Tu respires quelques fois, essayant de te détendre, avant de te diriger vers le bar, tout en glissant ta main dans tes cheveux pâles pour les replacer. Mais alors que tu te diriges vers le bar pour commander, tes iris s’arrêtent sur une silhouette que tu ne reconnais que trop bien depuis le temps.

Pendant un moment, tu tentes de comprendre ce qu’il fait ici, alors que ce n’est aucunement le bar où il travail habituellement. Tu te dis ensuite qu’il est peut-être sorti avec des amis, mais tu ne vois personne autour de lui. Pourtant, tu es certain que c’est lui : Lane. C’est une évidence même, malgré les lumières de l’endroit, malgré les reflets qu’il provoque, tu n’as pas encore bu une seule goutte d’alcool, tu sais reconnaitre un ami lorsque tu en vois un. Curieux, comme tu l’as toujours été, et surtout souhaitant le saluer – peut-être que lui arrivera à te raisonner de ne pas boire -, tu t’approches donc du jeune homme qui est seul, au bar, un verre à la main. « Hey Lanister! Qu’est-ce que tu fais ici? » Tu l’interpelles une fois, mais il ne réagit aucunement : Tu mets ça sur le compte de la musique qui est assez forte, et le fait qu’il est peut-être perdu un peu dans ses esprits. Alors, tu insistes, et tu viens le saluer une deuxième fois, tout en te rapprochant davantage de lui : « Lanister, ça va? » Tu es pour venir poser sa main sur son épaule, lorsqu’une voix bien plus froide et sec que celle habituelle de Lane te répond. Haussant un sourcil, vos regards se croisent rapidement dans le miroir qui fait face au bar. Tu ne comprends pas ce qui se passe. Est-ce qu’il a bu tellement qu’il ne se souvient pas de toi? Ça te semble quand même un peu tirer par les cheveux. Surtout avec un ton aussi froid et tranchant. Tu le vois enfin se retourner, et tes iris se posent dans les siens, toujours surpris, cherchant une explication logique à cet homme que tu vois là, et le Lanister que tu connais. « Si… On se connait? » D’accord, décidément, tu n’y comprends plus rien, et ton cerveau déteste ne rien comprendre. Il cherche une explication, paniqué, une moindre petite chose qui pourrait expliquer cette attitude contraire à celle que tu lui connais. « C’est moi, Liam… Tu sais bien, je viens souvent te voir au bar où tu travailles! » Pour être perdu, tu l’es complètement. « Est-ce que ça va Lanister…? »

La confusion amène souvent une probabilité de déséquilibre. Et qui dit déséquilibre, dit faute. La confusion c’est quelque chose d’assez réputé dans un bar où la majorité des gens en sortent les idées bien plus perdues qu’en rentrant. Après tout, l’alcool faisait perdre la clarté a beaucoup de gens, et tu en faisais bien parti. L’alcool n’avait pas de bons résultats sur toi, clairement, tu devenais soit encore plus dépressif et lugubre, soit tu devenais confus et perdu, ce qui n’était clairement pas mieux dans ton cas. Mais cette fois-ci, quand tu rentres dans le bar, en effet en désirant boire quelques verres, tu n’as pourtant rien bu avant qui pourrait t’embrouiller le cerveau. Hormis les pensées sombres qui traversent ton esprit, rien ne vient faire en sorte de te rendre plus confus ou bien d’avoir les idées éparpillées. Non tu sais ce que tu vois, tu sais aussi parfaitement que tu le reconnais. Et tu sais que rien de ce qui se passe présentement ne fait de sens pour toi. Ni pour l’homme qui semble te faire face, dont tu es certain de reconnaitre Lanister : Mais sa voix est plus froide que celle de Lanister, sa voix est plus grave, et ces traits sont plus tirés. Il y a quelque chose qui cloche, mais tu n’arrives pas à faire les liens nécessaires. Parce que tout te dit que c’est lui. Chaque trait correspond à Lanister. C’est comme une mauvaise blague, et mon dieu que tu n’as jamais aimé les blagues.

Son rire te frappe comme une mauvaise plaisanterie, comme un rire aussi froid, que cruel, car son rire te semble insensé face à la détresse que tu vis, et combien c’est illogique ce qui se produit. Pourtant, il rit, une, deux, trois fois. Il rit et toi, ça te rend de plus en plus désemparé face à l’absurdité de la scène. « Lanister… C’est une copie conforme de toi. » lâches tu en sachant pourtant pertinemment que tes mots ne font pas de sens, ni même pour toi, mais tu n’arrives pas à comprendre ce que tu es en train de vivre. « Tu as… un frère dit? Qui travaille dans un bar? » demandes-tu lentement, cherchant quelque chose pour expliquer ce qui est en train de se passer. « Un verre gratuit? Non, du tout! Je n’ai pas envie d’un verre gratuit! » lances tu un peu plus fortement que le reste de tes paroles, ayant envie de dire que d’habitude, il est le premier qui t’empêche de boire. Mais tu sais que cet homme, qui qu’il soit, ne le comprendrait sans doute pas. « Tu n’as pas besoin d’être aussi violent dans tes paroles. J’essaie juste de comprendre pourquoi tu ressembles… exactement à mon ami. Tu es identique à lui. » lâches tu lentement, le regard un peu plus perplexe, soupirant lentement. Tu visualises ces traits, puis finit par secouer la tête lentement en le regardant vider tu ne sais combien de verre rapidement. C’est à ce moquer de toi, et tu détestes depuis enfant les blagues…

Tu es complètement perdu. Perdu, et surtout, tu n’y comprends plus rien, entre le discours incohérent que tien l’homme devant toi, mais aussi tes propres pensées. Tu ne comprends pas comment une discussion à pu aussi… À pu dégénérer autant en l’espace de seulement quelques minutes. Tu ne comprends même plus pourquoi tu étais venu ici, de base. Pour oublier, encore une fois? Oublier qu’elle n’était plus là, oublier combien tu te sentais seul depuis cet accident, oublier que ton propre père ne te regardait plus avec cet amour qu’un père devrait? Pour oublier que tu avais vécu des mois dans un coma, et que désormais, tu continuais de fuir la vérité, que tu étais seul? De fuir la vérité que tu tentais de te faire croire que tu étais heureux, même si tu n’arrivais plus à retrouver cette petite étincelle? Ou tu étais venu ici, dans ce bar que tu connaissais bien, en espérant y voir un regard connu qui t’empêcherait encore une fois de boire trop. De boire jusqu’à être malade. De devenir un homme que Elena n’aurait pas aimé. Est-ce que c’est pour ça que tu étais aussi fâché de la réaction de cet homme? Parce que tu avais espéré rencontrer Lanister, que tu avais espéré entendre ces paroles rassurantes qui t’aurait empêché de retombé, mais à la place, tu étais simplement tomber… sur cet homme. Cet homme qui lui ressemblait trop pour être une coïncidence, mais pas assez pour être lui. Ce n’était pas ton Lane. Mais ce n’était pas non plus un étranger. Et ça, ça te perturbait. Qu’est-ce que tu avais réellement espérer, en venant ici? Qu’est-ce que tu avais cru avoir, en venant dans ce bar? Quel genre d’homme tu étais devenu…? Même toi, tu ne te reconnaissais pas toujours. Une partie de toi avait espérer être sauver, ce soir, mais pourtant, tu devrais être en mesure de te sauver seul. Et ça te fâche. Ça te fâche d’être aussi… incompétent. Et c’est sans doute cette colère, qui grandit en toi, qui te fait répondre des choses aussi méchantes. Qui monte en toi, avec ces paroles cinglantes que cet homme te lance, qui pousse également ta patience à bout.

« Heureusement, c’est ce qu’on appelle des jumeaux, idiot. Ils n’ont qu’à copuler une fois, pour en avoir deux. C’est ce qu’on appelle des jumeaux, des gens qui se ressemble autant qu’ils ont le même visage… mais clairement pas la même délicatesse, ça c’est certain. » C’est sorti comme une violente décharge, des mots que tu retenais d’une rage qui n’était pas complètement dirigé vers cet homme, mais aussi vers toi-même. Une rage trop longtemps garder en toi. Une rage que cet homme, avec ces mots brutaux, avait été en mesure de sortir. « Je ne cherche pas à me faire plaquer contre un putain de mur, merci. Et si je cherchais ça, je ne serais pas venu te voir, toi, crois-moi. » C’est une colère que tu ne veux plus retenir, une colère que tu envoies contre cet homme, parce que tu ne comprends pas. Tu ne comprends pas pourquoi il s’énerve autant. Tu ne comprends pas pourquoi il ressemble tant à Lanister. Tu ne comprends même plus ce que, toi, tu fais ici… « Je suis désolé de t’apprendre que tu as décidément quelqu’un d’autre avec ce même visage que toi, qui travaille dans un bar. » Tu sais que Lanister existe. Tu le sais. Tu n’es pas aussi fou que ça pour l’avoir inventé. « Je ne t’invente pas une vie, j’essaie simplement de t’expliquer qu’il y a quelqu’un qui te ressemble, et que je t’ai confondu. Je n’ai jamais voulu un verre, ou quoique ce soit de ce genre-là. » Tu es en colère, contre lui, contre toi-même, contre le monde entier. Tu es en colère contre la personne que tu es devenu, mais aussi en colère contre celle que tu ne seras jamais plus. Tu te sens mal. Et seul. Peut-être que tu as simplement envie… d’arrêté d’être aussi seul. Peut-être que tu n’as plus envie, d’aller dans un bar seul, d’aller marcher seul, d’aller tenter d’oublier seul. Peut-être que tu espérais voir Lanister, pour arrêter d’avoir si mal. D’être toujours seul. « T'es vraiment un connard. »