(terminé) Rage alcoolisée. ft Isaac.

Je m'habitue doucement à ma nouvelle ville. Elle ne devait être qu'une escale, un rituel de passage avant l'Irlande, mais voilà que je m'attarde. Au départ je me suis dis que je pourrais un peu visiter, l'Amérique n'est pas un petit pays et il réserve bien des surprises et cache des merveilles. Puis sans comprendre pourquoi je me suis dis que je pourrais m'y plaire. Peut être que ma visite au zoo a aidé dans ce choix. Même s'il semble qu'il y ait un ressenti bien plus fort à cette décision. Ressenti planté là dans mes entrailles comme une évidence que je n'arrive pas à m'ôter. Sans en saisir le sens propre. C'est comme si tous mes gènes me disaient que je devais me poser là et attendre un peu. Attendre quoi ? Je n'en sais rien. Juste attendre. De toute façon rien de spécial ne m'attend en Irlande je n'ai pas de famille et pas question de rechercher ma mère. Elle peut brûler et crever en enfer, je n'en ai rien à foutre. Alors je suis resté. J'ai cherché un logement et tout naturellement je suis allé poser mon CV au zoo. Mes dix d'expérience et la lettre de mon ancien patron devrait bien aider. Si j'ai fais des conneries dans la ville de Naples, au boulot j'ai toujours été réglo. J'aimais trop mon travail pour jouer au con.

Du coup je profite d'être encore assez disponible pour me familiariser avec ma nouvelle ville. Pour faire des rencontres. J'apprécie toujours autant la compagnie des belles demoiselles, même si parfois l'image d'une rouquine s'impose à mon esprit. Mais elle m'a bien fait comprendre que je n'étais pas le genre de chose dans laquelle elle aimait croquer. Elle ne sait pas ce qu'elle a perdu. Quoi que vu mon comportement avec la gente féminine elle y a certainement plus gagné. J'aurais pu être brutal, même si elle était loin d'être une femme fragile. Elle avait du mordant Stella, et elle aurait été capable de me jeter à ses fauves au moindre faux pas. Ce qui me fait sourire. En tout cas à force de divaguer dans la ville, je me retrouve dans un quartier qui me replonge en Italie, les odeurs, l'accent, l'ambiance. Ce n'est pas Naples mais le quartier en a des airs. Et l'envie d'une pizza, de pâtes et Chianti me titille. Je trouve un petit restau sympa et je m'y installe, je peux même parler italien. Est ce que cette ville me manquerait plus que prévu ? Se sont sûrement les italiennes qui me manquent. D'ailleurs la serveuse est à croquer et elle m'allume sans se gêner. Elle me fait vite comprendre qu'elle finit bientôt et on se retrouve dans les toilettes. Comme quoi certaines choses ne changent pas. Son plaisir est mis à mal par ma violence pour que le mien trouve sa place. La douceur si elle est inscrite dans mes traits, ne passe nullement quand le langage du corps a le goût du sexe. Elle se rebelle et le patron me jette comme un mal propre pour avoir abusé de sa fille. « Non mais elle m'a allumé ta salope de fille. Elle est loin d'être une sainte. » Je pars en courant embarquant une bouteille de vin au passage que je bois en cherchant une autre terre d'asile. Un endroit ou l'alcool coulera à flot.

Et je tombe plus loin, beaucoup plus loin sur un bar, il semble cool. Deux bouteilles de vin coulent déjà dans mon sang, mais je suis bien. L'alcool je maîtrise. Ce que je maîtrise moins c'est mon ressenti par rapport à cette nouvelle joute. Toujours ce besoin de violence, ce refus d'être embrassé, touché. Au final mon plaisir est gâché par ma rage, ma haine. Même si j'ai dis que j'allais faire des efforts depuis cette nuit avec Elio, face à un tel acte je me dis que tout est impossible, enfin dans l'intimité avec une femme. Jamais je ne ferais l'amour, toujours je baiserais. Et au fond cela me rend fou. Je commande un verre de vodka, puis un autre et le liquide transparent et brûlant, descend dans ma gorge comme du petit lait. Je perds la notion du temps. Même les paroles des gens deviennent des brouhahas diffus. Et puis un mec se pose à mes côtés. Un asiatique. Putain. Un instant je vois Ban-Ryu. Avant de me dire impossible. Mais le mec me fixe. Un peu trop d'ailleurs. Ma gueule ne lui revient pas ? Ou alors il me trouve canon et s'imagine déjà au pieux avec moi ? Grosse erreur. « Il a un problème ce mec ? » Je m'adresse d'abord au barman comme s'il pouvait m'apporter des réponses. Tant bien c'est juste l'alcool qui me fait voir des choses. Puis je regarde le mec d'un air provocateur, du Declan tout craché. « Quoi j'ai un truc sur la tronche ? » Je m'installe mieux pour moi aussi l'observer. « Quoi tu penses que ma bouche serait bien autour de ta queue c'est ça ? Putain mec arrête de me mater parce que je vais te fracasser la gueule et tu vas rien comprendre. » Comme si je ne pouvais pas boire mon verre tranquille, non faut que je cherche l'embrouille, Le barman me dit de ne pas faire de vagues. « Ne t'inquiète pas mec on va aller régler ça dehors. Enfin si ce bridé à des couilles. Parce qu'il me semble tout ramollo. » Besoin de ma dose de fight pour faire passer le malaise que cette coucherie avec la belle du bar a déclenché.

Après une course folle pour échapper au père de la belle que je venais de baiser, je reprends mon souffle. L'alcool caresse déjà bien mon être mais les sensations que j'éprouve ne sont pas encore assez teintées de perdition. J'aime quand le déséquilibre s'empare de mon esprit et que j'ai l'impression de perdre pied tout en gardant l'esprit sur terre. Et puis cette rage que je ressens suite à cette joute charnelle, elle me ronge tellement qu'elle me brûle. Cela me rend fou de voir que plus j'avance et plus même baiser avec une femme ressemble à un crie de douleur qu'à une réelle prise de plaisir. J'en ai besoin parce que comme tout homme, sentir ma queue au chaud me fait vriller la tête et les tripes. Mais je prends conscience qu'il manque toujours quelque chose à cet assemblage de corps ardant. Je sais que je ne me livre pas assez, que je ne me laisse pas toucher, caresser, embrasser. L'idée même de tendresse sur ma peau me donne la gerbe. Juste envie de violence, et je ne fais pas que la donner, je la cherche en retour. Je la demande, une demande peut être muette mais bien présente dans mon regard. C'est certainement ce que la belle n'a pas apprécié. Que je la prenne comme une chienne alors qu'elle voulait jouer avec ma peau. Que ses doigts et sa bouche voulaient marquer ma chair. Mais personne ne me marque de cette manière. Un seul être l'a fait et c'était juste pour me faire plier et pour abuser de mon innocence. Plus jamais je ne me laisserais prendre au piège d'une caresse, d'un baiser.

Alors entrer dans ce bar, aller chercher une dose supplémentaire d'alcool, c'est comme aller quémander une dose de paix. Calmer mon ressenti c'est tout ce que j'ai envie. Sans faire de vague. Ou du moins essayer. Car à peine le regard du bridé m'atteint que je commence à chercher la merde. A provoquer. Je sais que tout peut vite partir en vrille, surtout que je me montre agressif et arrogant. Mais me battre fait également partie des moyens de lâcher prise. D'oublier combien ce que l'on m'a fait subir a géré toute ma vie et la gère encore des années après. Alors je joue, ne voulant que le conflit et tant pis pour ma gueule d'ange, ce ne sera pas la première fois qu'elle virera au violet. « Et moi je soutiens que tu as une gueule à te faire sucer la queue par un mec. Et que c'est à quoi tu penses à cet instant. » Même si cela me donne la nausée quand j'y pense. Mais ces putains de mec qui rêvent d'un contact avec un de leurs espèces je les renifle à mille lieux à la ronde. Et ce bridé à la tête de l'emploi. Il doit adorer enfiler un cul masculin. Et j'oublie les mots gentiment glissés par Elio sur nos orientations. Que les homos ne sont pas tous des bêtes furieuses et dégradantes comme l'était mon beau père. Je ne vois que le vice et l'indécence. Je ne ressens que la douleur et la souffrance.

Bien sur le serveur essaie de calmer le jeu car il sent que le feu prend et qu'il ne faudra pas grand chose pour créer un incendie ravageur. Je le rassure profitant pour égratigner un peu plus le mec à mes côtés. J'adore m'amuser à jeter de l'huile sur le feu. Ou serait le plaisir si on activait pas les braises, Et il semble que j'ai piqué au vif monsieur le bridé ramollo. Ce qui fait me sourire alors que j'avale d'un trait mon verre. L'alcool ne fait qu'augmenter l'état de rage que seul des échanges de coups comblera. Et mon sourire est mis à mal par un direct qui part rapidement me faisant vaciller. Et dans le mouvement quelques verres partent au sol. Ma main se pose sur ma mâchoire que je masse. Je regarde le barman le regard désolé. « C'est lui qui a commencé notez le bien. » Car il est vrai que moi je n'ai fait que poser des mots. Le premier coup vient du bridé qui n'a pas supporté que je le vois comme un homme aimant être sucé par un autre homme. « Et moi je n'ai pas peur .. » Mon poing part pour venir s'abattre à son tour sur sa joue avec violence, je n'ai nullement retenu mon geste. « .. d'un suceur de bite. » Après tout c'est peut être l'inverse qu'il préfère, il aurait plus vu ma queue dans sa bouche que la sienne dans la mienne. L'un comme l'autre ne peut me convenir de toute façon. Et dans l'élan le mec bouscule un autre client qui se recule. « Désolé mec je ne t'avais pas vu. » Et je me prépare à prendre un autre coup. Cette fois il n'auras pas au dépourvu vu que sans attendre sa réaction je le frappe de l'autre côté de son visage. « Comme ça pas de jalouse. » Chacune de ses joues a reçu sa dose. J'éclate de rire et garde un peu la distance car j'ai bien senti sa force dans le premier coup de poing. Et je me doute qu'il en a encore en réserve, mais moi aussi. « Et je ne suis pas un ivrogne .. » D'ailleurs je tiens bien sur mes jambes malgré mon taux d'alcoolémie qui doit dépasser la normalité acceptable pour un mec de mon gabarit.

Comme si je ne pouvais pas la fermer. Comme si je ne pouvais pas boire mon verre tranquille. Non il a fallu que je titille le mec qui venait de s'asseoir à mes côtés. L'alcool avalé plus la rage ressenti n'ont pas fait bon ménage et il a suffi d'un regard pour que ça dérape. Il a fallu d'un regard pour que je vois une attaque et que je laisse parler mes ressentis. Sans réfléchir, sans me poser de questions. Non. Réactions violentes par une attaque de provocation. Je cherche la merde et je me doute que je vais la trouver. Qui resterait de marbre face à mes mots et à leur signification. Même si j'évite de balancer le mot PD, avant je l'aurais fais. Au moins la discussion avec Elio sert un peu, mais juste un peu. « Je suis sur que tu caches ton jeu. » Ce mec ne m'a rien fait, il s'est juste posé à mes côtés pour boire son verre tranquille et voilà que je lui vois des mœurs pas nettes. Quoi que bon je devrais encore une fois revoir mon jugement sur ma façon de voir les choses. Mais c'est plus fort que moi. Et il a la gueule de l'emploi. Et tant bien des mecs pensent que moi aussi j'ai la gueule de l'emploi, mais le ressenti des autres je m'en branle. Et là j'ai juste envie d'un peu d'action, histoire de faire passer la pilule de cette joute charnelle merdique et cette douleur au fond de mes entrailles. A croire que jamais rien ne s'arrêtera. Que toujours je devrais vivre avec ce besoin de violence, autant dans la vie de tous les jours que dans l'acte charnel avec une femme. La tendresse et la douceur ne sont pas faites pour moi, je ne les ai jamais connu. Alors comment les offrir quand on n'en connaît pas les codes.

Je pourrais laisser pisser pour une fois, m'excuser, mettre ça sur l'alcool, tourner la page et sortir de ce bar. Mais ce ne serait pas moi si je faisais ça. Et le Declan doux et sympa n'est pas encore vraiment né, il y a peut être une ébauche quelque part caché dans mon être. Mais elle est loin d'être complète, et puis il faudrait un vecteur révélateur pour la rendre plus lumineuse, pour lui donner envie de sortir de toute la crasse de ma vie de merde. Alors la provocation se fait plus virulente et d'un coup les premiers coups partent. C'est un peu comme une délivrance de sentir son poing contre ma mâchoire, même si ça fait mal. Faut pas se le cacher, même si j'en ai l'habitude ce n'est jamais vraiment agréable. Et en retour je cogne aussi, ça fait du bien. Ça me défoule et j'y mets toute ma haine. Ma rage. Et il encaisse le connard. Ce qui me fait sourire. Le barman blêmit, il doit se dire que son bar va être la pauvre victime de nos conneries de mâles. Enfin de la mienne vu que je suis celui qui a lancer la bagarre. Les clients s'écartent, certains se tirent. Le bar semble être à nous. Ce qui me fait sourire, même si l'addition risque d'être salée selon les dégâts. Par contre je ne le sens pas trop, je ne sais pas pourquoi, je le trouve faux. Comme s'il préparait en douce un mauvais coup. Je reste méfiant. « Un mec lambda qui aime les bars. Et toi tu es quoi ? » Mon regard se voile, le sombre de mon âme torturée et blessée vient caresser le bleu de mes yeux. La tempête gronde dans tout mon être et plus elle gronde et plus mes poings se serrent. Machine de guerre dressée dés l'enfance pour ne donner que de la violence sans ressentir une once de remord ou de regret. Je ne le lâche pas des yeux, provocant dans ma posture. Comme un lion en cage, je suis prêt à dévorer ma proie. Mais pas assez prêt vu que le salopard me file un coup bas. Et mon visage se crispe de douleur alors que mes poings se desserrent et file direct au niveau de mon entre jambe. J'en ai le souffle coupé, je ne peux même pas parler. Je sens même les larmes dans mes yeux. Putain le traite, le connard, le salopard, l'enculé, tous les mots bien gratinés viennent caresser mon esprit. Et je le maudis. Je vais lui faire la peau à ce jaune. Lui arracher les couilles et les lui faire bouffer toutes crues. Et il paie tranquille, égratignant mon ego au passage avant de sortir comme si de rien n'était. Je le suis du regard, me remettant doucement de cette traîtrise. « Putain je vais te tuer mec. » Je réussis à lâcher difficilement mes mots.

Je ne sais pas trop combien de temps j'ai mis pour m'en remettre. Le temps a arrêté sa course. Je sens les regards moqueurs sur moi et je les maudis aussi. La rage ne fait que se décupler. Je me dis que ce mec a du se tirer, profitant de la situation. Mais son visage est gravé dans ma mémoire et si je le recroise et bien je le déglingue direct. Il ne va pas emporter au paradis cet outrage. Sans un mot je paie mes boissons après avoir avaler un autre verre et payé la casse. Rien de bien méchant au final. Le barman a flippé pour pas grand chose. Puis sans un regard pour personne je sors. Et là appuyé contre le mur extérieur je vois qui ? Le jaune en train de fumer. « Putain connard je vais te tuer. » Et je fonce direct sur lui le bloquant contre le mur. Mon bras sous son cou pour lui couper le souffle, et mon genou bien caler au niveau de son entre jambe, prêt à écraser sans pitié ses parties intimes. « Alors on attaque en traite salopard. » Mon regard s'accroche au sien, je suis pire qu'un chien enragé, qu'un lion affamé. J'ai juste envie de le buter, mais faut que je le fasse souffrir avant. Et ma jambe se baisse avant de remonter avec force pour que mon genou s'écrase au bon endroit. « Alors c'est agréable comme sensation. » Et mon bras serre un peu plus son cou. Des gens s'arrêtent, nous regardent comme des bêtes curieuses. « Circulez il n'y a rien à voir. Il se sent mal c'est tout et je le tiens pour qu'il ne tombe pas. » Ma voix est posée sur le coup, comme si je m'inquiétais pour ce connard. Faudrait peut être que je l’entraîne dans un coin plus tranquille si je veux lui faire sa fête et mater ses envies de jouer au con.

Ouvrir ma grande gueule. Frapper. Voilà ou la rage et l'alcool me mène. Voilà dans quel travers je tombe quand plus rien ne tourne rond. Quand tout s'embrouille. Quand tout dégringole. Et qu'au fond j'ai peur. Peur à en crever. Mais jamais je ne l'avouerais, jamais je ne l'admettrais. Je préfère passer pour le connard de service, le mec provocant qui aime s'en prendre plein la tronche. Qui aime en donner aussi. Parfois dans ce genre de situation, le mec que j'ai en face de moi jette l'éponge et se tire. Ou bien il n'est pas capable de répondre au coup. J'ai vite le dessus. Mais l'asiatique qui se trouve face à moi est du genre mauvaise graine. Et il a l'air d'aimer les coups. De ne pas en avoir peur. Même si l'alcool coule plus que mon sang dans mes veines, je sens bien que j'ai à faire à un enragé. Un qui ne lâchera pas l'affaire. Bien au contraire, il se plaît à rendre le tout plus croustillant. Jouant habillement avec mes nerfs. Provocant autant que je provoque. Enchaînant et rendant les coups. Au final cela est agréable d'avoir en face de moi un mec qui a du répondant. Un mec qui ne part pas en courant. Un mec qui ne flippe pas. Qui ne se pose pas de question sur les dégâts que l'on risque d'occasionner dans ce bar où l'on s'est pausé. Alors je ne réfléchis pas et je cogne. J'en reçois en retour et je renvois la balle, avant qu'il ne me cloue comme un traître en touchant mes parties intimes. Putain de sale connard de jaune. La douleur me prend aux tripes et me met ko, mais la rage s'enflamme d'avantage dans mon corps et l'envie de lui rendre sa traîtrise se glisse comme une lame froide sur ma peau. Je vais le tuer, lui faire ravaler sa fierté. Dés que j'aurais repris mes esprits. Dés que ce coup qui m'a tétanisé, me laissera à nouveau avancé. Lui il se barre, quel salopard. Mais j'ai sa tête de marqué en mémoire comme tatoué au fer rouge dans mon cerveau. Si je le croise je lui fais la peau. Et peu importe si ce chemin là me conduit en enfer, j'y suis tombé tellement de fois, qu'une fois de plus c'est rien. J'en reviens quand même, plus fort, plus brisé. Mais j'en reviens.

Une fois que j'ai repris mes esprits et réglé la note je sors. Et quelle n'est pas ma surprise de le voir là contre le mur pausé comme si de rien n'était. Comme s'il m'attendait. Provocation supplémentaire qui m'enchante et me met en joie. Je le remercierais presque d'avoir eu le cran et le courage de ne pas prendre ses jambes à son cou. Pas son style sûrement. Ou alors c'est mon jour de chance. Qui sait. Je vote pour les deux. Mais en attendant il est temps que j'y fasse sa fête et qu'en retour je lui montre l'effet qu'un coup bien placé peu donner. Il est temps que ses boules remontent dans sa gorge et que je le vois se liquéfier, regretter de ne pas avoir continuer son chemin. Cela aurait été plus sage. Mais il y a t-il de la sagesse dans ce mec ? Il semble aussi fou que moi. Aussi suicidaire aussi. On était fait pour se rencontrer et s'entendre, enfin avec les poings. Et rapidement je suis contre lui, l'étouffant et lui faisant ravaler sa fierté de mâle en rut. Sa prochaine petite copine devra bien lui masser l'entre jambe pour lui faire retrouver sa vigueur. Et il reste de glace comme si la douleur n'existait pas. J'ai beau serrer un peu plus le contact, il semble insensible. Ou alors il est habitué à se faire martyriser la queue et il supporte la douleur. En tout cas je ne lâche pas mon emprise, comme on ne se lâche pas du regard. Même si parfois le fait d'être collé contre lui me donne la nausée. Si prêt d'un mec m’écœure. Mais il n'y a pas de quiproquo dans mes gestes. Rien qui ne révèle une quelconque envie ou attirance. Il y a juste de la rage et de la haine. Un mélange explosif qui ne demande qu'à sortir. Car je sais qu'on ne va pas s'arrêter là, ce n'est pas mon genre. Et je me doute que ce n'est pas le sien. Sinon il ne m'aurait pas gentiment attendu comme un chien attend son maître.

Et d'un coup je sens la brûlure contre ma peau. Je ne l'avais pas vu venir celle là. Encore une fois il se la joue en traite. Putain mais quel con. Je ne dis rien, mon visage ne se crispe même pas. Je reste impassible mais je bous intérieurement. Et on est là à s'observer, se demandant qui va frapper le premier. « Parce que tu crois que moi je suis effrayé pauvre tâche. J'en ai maté des plus costaud que toi. » Mon genou remonte une nouvelle fois contre son entre jambe, mais le coup est plus sec. Au même moment mon bras libère sa gorge pour s'abattre contre sa mâchoire. « Je vais te défoncer la gueule salopard. » Je le chope par le col et l'attire sur le côté du bar, pour éviter le passage de la rue. Même si on reste à la vue. Rien à foutre que quelqu'un appelle la police. Je veux juste le voir saigner et se plier. Le voir demander grâce. Le voir à genoux. Je le pousse et je frappe, ne retenant nullement mes coups. Et si en retour les siens pleuvent aussi forts et violents que les miens. Rien ne m'arrête. Faudra qu'un soit à terre pour stopper ce combat. « Aller montre moi ce que tu as dans les tripes. Vas-y cogne. Parce que là à part ton coup bat de tout à l'heure tu ne m'as rien montré. » Provoqué encore et toujours. Juste pour faire passer ce mal être indécent qui me caresse. Et si au loin j'entends la sirène, je ne stoppe pas pour autant. Alors que l'un comme l'autre on commence à cracher le sang, alors que l'un comme l'autre on se retrouve avec les coups marqués sur nos joues. Même si nos poings deviennent  lourds à force de frapper. Si nos jambes se font fébriles. Rien ne stoppe cette pluie de colère.

Une fois le mec sorti du bar, je ne compte pas en rester là. Ce n'est pas parce qu'il est venu me mettre à mal avec son coup bas que je vais laisser tomber. Il a juste activé un peu plus ma rage et l'envie de cogner me dévore de l'intérieur comme un feu ardant. Je me dois de l'éteindre sinon je ne vais plus pouvoir me maîtriser. Et de toute façon ce connard mérite d'en prendre plein la gueule, Pas question que je l'épargne ou que je le ménage. Non je vais lui montrer à quel point il est juste une merde, même si au fond je ne suis pas mieux. Mais je m'en moque. Alors quand je le vois dehors appuyé contre le mur à attendre. A m'attendre je ne manque pas l'occasion de me rappeler à son bon souvenir. Et je viens lui faire sentir combien il est agréable d'avoir les boules en compote. Nos regards s'accrochent, si le mien est brûlant du feu de la haine et de la rage, le sien semble froid comme un iceberg. Mais je me fous de ses émotions ou de ses ressentis, j'ai besoin de me défouler. De lui casser sa petite tronche de jaune et de le voir saigner. Je vais colorer ses yeux de galaxies bleues et je vais faire claquer ses dents jusqu'à ce qu'elles saignent. Et tout s'enchaîne très vite. Les mots, les coups, la provocation. Je suis conscient que je vais loin, que je suis le seul responsable. Que ce mec après tout il c'est juste posé là sur le tabouret à côté de moi. Il est vrai qu'il m'a regardé et cela a suffi. Bon j'étais énervé, mais est ce une raison suffisante pour en arriver là ?

Chacun en prend, chacun en donne. Et après l'avoir bloqué devant le bar, après qu'il est repris un instant la main, je l'entraîne sur le côté. A l'abri des regards qui s'attardent, même si personne n'intervient. D'ailleurs il vaut mieux, je serais bien capable de mettre à mal une tierce personne si elle osait nous séparer. Les coups pleuvent violents et maîtrisés. On sait où taper. Les points sensibles ne nous sont pas inconnus. Nos souffles se coupent quelques fois. Mes côtes me font mal, mes poings aussi. Ma tête cogne et ma mâchoire commence à s'engourdir. Mais je ne lâche rien. J'encaisse et en retour je rends. Essayant de garder la cadence, de ne pas perdre le rythme. Même si je fatigue mais lui aussi. Je le vois bien. On esquive parfois mais cela ne nous épargne pas le coup suivant. Tout ce que je veux c'est le voir tomber et tomber en même temps que lui, juste après. Pas avant. Alors je tiens. L'adrénaline, la colère, ma haine contre le terre entière que je reporte sur cet inconnu avec une violence folle. Mais aussi avec tout ma détresse celle qui me brise et qui me montre à quel point je ne suis rien. Qui me montre ma vie dans toute sa noirceur. Et ce n'est pas une sirène qui s'approche dangereusement qui va me faire stopper. Les flics je m'en branle aussi et s'ils s'approchent et bien je ne vais pas me laisser faire. Pas question de rendre les armes et de jouer au sage toutou qui va rentrer dans le droit chemin. Ce n'est pas la solution et je sais que cela risque de me coûter cher mais ce mec je veux le voir au sol, crachant ses dents et ses poumons. Et il tient encore debout ce salopard. Pourquoi il ne tombe pas ? Et voilà que les flics rappliquent, j'ai envie de hurler en les attendant nous demander de nous arrêter. « Jamais. » Je murmure entre mes dents et mes lèvres serrées. Et je vais pour cogner encore quand je vois l'idiot avec qui je me bats lever les mains. « Putain tu fais quoi ? » Je le regarde presque choquer. « Tu flippes c'est ça ? Quel trouillard !! T'as rien dans le froc mec. » Ma voix se fait hargneuse alors que les flics s'approchent et nous embarquent. « Putain fais chier, j'en avais pas fini avec lui. » On se retrouve à l'arrière menotté et côte à côte. Comme si j'avais envie de m'asseoir à côté de ce pauvre mec qui a eu flippette.

Et nous voilà commissariat. Comme si j'avais besoin de ça, à peine arrivé à San Francisco je me retrouve chez les flics, génial. « Et vous nous donnerez un bon point si on s'assoit et si on ne bouge pas ? » Pas question de baisser les yeux ou la voix, pas comme l'autre qui se pose au départ sans rien dire. Je le fixe quand il ouvre sa bouche. « Tu en voulais autant que moi. » J'ai envie de lui sauter à la gorge et de finir ce que j'ai commencé. « En plus on emmerdait personne on était à l'extérieur. » Le flic se pose derrière son bureau juste en face de nous. « Silence ou je vous mets en cellule tous les deux, On ne se bat pas sur la voie public. Alors ça suffit. Donnez moi vos noms et prénoms. » S'il croit que je vais coopérer il se trompe, pas question de lui dire comment je m'appelle. « Julius Cesarus. » Forçant sur l'accent italien que j'ai pris durant mon séjour de dix ans à Naples.  Et j'éclate de rire avant de tendre le bras et de taper avec force dans celui du con assis à mes côtés. « Et lui c'est Marcus Antonus. » Et je me mets à siffloter, et non je ne suis pas un chercheur de merde. Enfin si un peu. Mais si les flics nous enferment dans la même cellule je pourrais continuer à le frapper parce que c'est tout ce que je veux. Et tant pis si ce n'est pas ce qu'il souhaite, après tout il est dans la même merde que moi. Sauf s'il sort une carte magique de sa manche et que mes conneries me mettent encore plus dans le caca.

La rage est là palpable alors que l'on nous amène au commissariat. J'aurais voulu encore frapper sur ce mec, lui défonce la gueule avec plus de rage. Le voir à genou plaider sa cause pour que j'arrête. Mais voilà les flics ne me laissent pas le choix, c'est obéir ou bien mal finir. Même si d'une certaine manière j'ai déjà mal fini. Je sais que je ne vais pas me calmer de si tôt, c'est comme si je m'étais déjà tiré une balle dans le pied. Parce que je n'arrive pas à contrôler ma fureur vorace qui enrobe mon cœur et mes entrailles. L'envie de taper encore et encore jusqu'à épuiser mes poings dans une douleur intense berce tout mon être. Ce besoin que je nourris jour après jour sans chercher à l'apaiser. Je n'y peux rien, je suis ainsi depuis bien trop d'année pour changer. Ou du moins essayer. Je ne suis qu'une erreur de la nature déglingué par un connard qui a tout fait pour me rendre pitoyable et violent. C'est aussi la seule armure face à tout sentiment, à toute faiblesse. La violence en réponse même de tout ce que peut offrir la vie , surtout ce qui pourrait me rendre meilleur, comme une amitié ou bien plus encore. Et même une fois assis dans le bureau de celui qui nous interroge je n'ai que la haine dans le regard, la rage au bord des lèvres. Je continue à agrémenter ce feu qui me ravage et qui ne demande qu'à exploser. Ici ou ailleurs peu importe pourvu que j'ai ma dose d'adrénaline. Un besoin vital qui me maintient à flot. Même si au fond je sais que j'ai déjà coulé dans un océan profond et sombre. Océan dans lequel personne ne pourra me repêcher, de toute manière je n'ai pas envie de remonter à la surface. Pour y trouver quoi ? Vu la merde que la vie m'a offert en cadeau depuis que je suis gamin, ce n'est pas maintenant qu'elle va se faire belle. J'en ai pris mon parti et je me suis armé pour me battre contre ses attaques. Peu importe le prix qu'il y aura à payer. De toute façon il semble que mon addition soit longue et ma dette irremboursable. Sinon je n'en serais pas là où j'en suis. Sinon la vie n'aurait déjà fait un présent et aurait éviter ce bordel. Alors j'attaque, je montre les dents, je provoque, enfonçant un peu plus le couteau déjà planté dans mon cœur. Enfonçant un peu plus mon âme dans la noirceur de l'enfer. Et je m'en moque si j'emporte avec moi ce mec, il est comme un dommage collatéral. Après tout une fois sorti du bar pendant que je me remettais de son coup bas, il avait qu'à se tirer. Il est resté et bien il va partager ce qui me tourmente. Et qui au fond me maintient en vie. Et tant pis si cette idée ne lui convient pas, il avait qu'à pas rester à m'attendre.

Et quand je le vois réagir, presque devenir sage, alors que quelques minutes plus tôt il était qu'un démon autant assoiffé que moi de coups. Peut être avec plus de contrôle que moi. Mais je m'en moque. Je ne peux pas tolérer ce changement de comportement. Devient-il le petit toutou des flics ? J'en exploserais presque de rire tellement c'est débile. Aurait-il peur des conséquences qu'un acte de rébellion engendre ? Manquerait -il de courage ? Ou de couille ? Pour agir de la sorte. Triste vision qu'il me montre après avoir jouer les bagarreurs et avoir porté un coup bas. Mais je ne change pas mon fusil d'épaule pour autant, je me moque de ce qui en découlera. Je joue au con, qu'importe le prix à payer, une nuit au frais de la princesse cela peut être amusant et cool. Surtout si le connard est avec moi. Et je le titille mais il semble s'être changé en bloc de glace ou bien en enfant bien trop sage à mon goût. Ou est passé cette tension qui a déclenché l'étincelle de la rage ? Et j'éclate de rire quand il dévoile son nom alors que je viens de jouer à l'idiot en balançant deux identités débiles. « Tu n'es pas drôle à ne pas jouer le jeu. » Et j'essaie de l'imiter en répétant ses mots. « Isaac Carter. » Et je ris plus fort avant que mon rire se stoppe face à ses phrases suivantes. « QUOI tu es flic ? Ou tu as été flic ? » Et je me frappe la cuisse en rigolant de plus belle. « C'est la meilleure que je n'ai jamais attendu. Et tu es entré dans mon jeu au lieu de m'arrêter. Je comprends pourquoi tu ne bosses plus ici. » Puis mon regard glisse d'Isaac au flic qui nous interroge, il repart ensuite sur mon compère d'infortune. « Tu aurais du faire plus attention et te barrer direct après avoir agresser mes couilles idiot que tu es. Je ne serais pas venu te frapper connard. Tout ça c'est de ta faute. » Puis je me tourne à nouveau vers le flic. « C'est vrai que dans le bar c'est moi qui est commencé, mais il l'a cherché aussi monsieur l'agent. Il a répondu à ma provocation et il a vraiment été un vilain garçon en me frappant par surprise. Et puis il s'est barré et m'a attendu. Je ne pouvais laisser passer cet outrage. Du coup il est en tord, moi je n'ai fais que me défendre. » J'observe Isaac du coin de l’œil, le narguant d'un mouvement de paupière. « Et je m'appelle Declan O'Reilly vu que monsieur Carter n'est pas amusant et qu'il n'a pas joué le jeu sur ce coup là. » Ce qui est dommage on se serait certainement bien amusé. « Une chose quand même je ne vois pas pourquoi se battre sur la voie publique est interdit. Si on ne détruit rien et qu'on ne fait de mal à personne, Je ne saisis pas l'interdit. On se fouettait sur la gueule et j'avoue que j'aurais bien abîmé un peu plus cette tronche d'idiot qui fait dans son froc face aux flics. » « Monsieur O'Reilly restait poli je vous prie. » « Ben quoi c'est vrai. Dans la rue il avait oublié ses principes et là il devient pire qu'un chiot docile et obéissant. » Et je me lève pour choper Isaac à la gorge. « Alors petit toutou on a peur des retombées ou de se faire gronder ? » Et je lève mon poing pour le frapper. Va t-il m'arrêter ? Ou me laissera t-il m'enfoncer un peu plus ? A part que le flic soit rapide et se mettre entre nous. Declan arrête de jouer au con, tu vas finir très mal. Mais je n'ai rien à perdre.  

Bien sur je joue avec le feu, rien à foutre d'être chez les flics. Tout ce que je veux c'est pouvoir finir de régler son compte à celui qui reste trop tranquille à mon goût. Oui monsieur Isaac Carter a un peu moins de répondant maintenant qu'il a son cul sur la chaise en face d'un de ses collègues. Pourtant au bar il ne s'est pas privé pour placer un sale coup, tout comme il ne s'est pas privé pour m'attendre tranquillement contre le mur du bar. Et là il jouerait presque l'ange à qui on donnerait le bon Dieu sans condition. Cela ne fait qu'alimenter ma rage. Rage qui ne demande qu'à exploser et aller s'étaler contre sa mâchoire. Mes poings me démangent mais j'essaie de me contenir, tout en le provocant de petits mots doux. Après tout si c'est sur qui me saute dessus en premier cela prouvera mes dires. Mais il semble que monsieur Carter est un pouvoir de zen attitude des plus puissants. « Mais oui c'est ça ta clope tu aurais pu la fumer ailleurs. Mais non tu la fumes juste à deux pas de la porte du bar. Prends moi pour un idiot. » On ne me lèvera pas de l'idée qu'il s'est mis là exprès, il devait se douter que son sale coup porterait ses fruits et me rendrait dingue au point que je ne résisterais pas à l'envie d'en rajouter une couche. Ce que j'ai fais à peine sorti. Sans l'intervention des flics on serait certainement encore en train de se mettre sur la gueule. On aurait fini au sol épuisé, les poings et la gueule en sang, et le bide bien fracassé.

Du coup vu qu'Isaac ne joue le jeu, je me présente à mon tour. Faut bien que je montre que je peux aussi faire des efforts. Mais la colère caresse mon regard et ma voix. Difficile de faire descendre les tensions qui m'envahissent. Et à chaque phrase j'égratigne un peu monsieur le flic trop sage. Les couches s'ajoutent mais il ne bronche même pas un cil. Comment fait-il ? Va falloir qu'il me donne des cours de self contrôle. Et vu que mes mots n'ont pas l'air de le faire bouillir je me lève pour venir le secouer un peu. « Ah tu as une famille maintenant. Pourtant tu n'avais pas l'air de trop y penser quand tu me mettais sur la gueule. » Et puis je me tourne vers le flic qui semble avoir du mal à garder son calme suite à mon comportement. « Vous voyez monsieur le policier si on secoue un peu monsieur Carter on découvre que certaines choses ne sont pas claires. » « Monsieur O'Reilly. » « Quoi je vous mâche le travail là. » Puis je regarde Isaac. « Et non je n'ai pas les nerfs. » Je souris à ses mots et viens lui caresser la joue. « Vous voyez ce que je vous dis c'est lui qui veut se faire cogner. Mais je ne vais pas frapper un homme qui a une famille. Cela me ferait passer pour celui que je ne suis pas. »  Comme si ce genre de détail pouvait me poser un problème. Et je remets mes fesses sur ma chaise. « Bon on fait quoi maintenant ? On peut se tirer car je n'ai pas que ça à faire moi. J'ai payé les dégâts au bar, monsieur Carter est bien portant, personne ne portera plainte. Enfin moi je ne porte pas plainte. » Je me tourne vers Isaac. « Et toi tu comptes porter plainte pour agression ? » Sans même attendre la réponse d'Isaac, je regarde le flic. «  Du coup je pense qu'on peut partir ? » Parce que je ne vois pas de raison de m'éterniser ici. Et je soupire blaser car je commence à me faire chier et en avoir marre d'être ici.  

Je ne peux pas m'empêcher de provoquer Isaac, même devant le flic. Même si je sais que je risque de finir au trou pour quelques heures. La rage que je ressens et qui c'est éveillé à peine il s'est posé à mes côtés, est encore trop présente. Ce besoin de cogner, sans réfléchir aux conséquences, me ronge le cœur comme un acide. Et le voir rester si calme, me rend encore plus fou. Comment il fait pour se maîtriser de cette façon ? Et pourquoi ? J'ai bien senti dans sa manière de frapper qu'il aimait ça, même si sa relation avec la violence n'est pas la même que la mienne. Moi elle est comme une gangrène que je n'arrive jamais à stopper. J'ai besoin de ma dose pour calmer le monstre sournois qui vit en moi. Je le tiens museler au maximum mais quand il explose plus rien ne l'arrête. Et là il en demande encore. Mais Isaac lui n'est plus dans cette optique. Il ne veut pas que ce qui s'est passé dans le bar et surtout en dehors du bar déteigne ici, devant ses anciens collègues. Monsieur se tient à carreaux. Monsieur s'achète une conduite. Monsieur pense à sa famille. Monsieur hausse les épaules et se tait. Il m'ignore. Et tout ce que je fais ou dis ne fait que glisser sur lui. Il semble devenir imperméable à ce qu'il y a quelques minutes avait déclenché notre altercation. Alors que moi je ne suis encore qu'une cocotte prête à exploser à la augmentation de chaleur. Une bombe à retardement. « Ok du coup tu t'achètes une conduite quand tu passes la porte d'un commissariat. » Et je ferais peut être bien de me comporter de la même façon, sinon je vais le regarder sortir libre et moi je finirais menotter et dans une cellule.

Je finis par me calmer, enfin c'est encore le gros bordel au fond de mes tripes. Mais vu qu'Isaac ne réagit et que le flic me regarde comme si j'étais une bête curieuse. Je me pose. Peut être qu'on va s'en sortir juste avec un avertissement. Sauf si mon copain de bagarre me met des bâtons dans les roues en me faisant porter le chapeau. Il a quand même un avantage sur moi, il connaît ses messieurs. Entre collègues on s'entraide. Je m'attends à tout mais bon j'ai fais de la merde, même dans ce bureau, au lieu de ne pas me faire remarquer j'ai continué à pousser le bouchon. Ne cherchant qu'une chose à faire péter un câble à Isaac, mais c'est comme un coup d'épée dans l'eau. Comme pisser dans un violon. Cela ne sert à rien. Il n'a pas bronché d'un iota l'asiatique. Faudrait vraiment que je prenne exemple sur lui. Je vais lui demander des leçons de self contrôle une fois qu'on sera sorti. Car tout se termine pas trop mal pour nous, bon on a droit à une bonne leçon de conduite pour l'avenir, à un avertissement en bon et du forme. Mon nom se trouve à présent en haut de la liste des nouveaux connards de San Francisco. Puis on nous libère. Isaac se barre rapidement. Je le suis de peu, enfin on me retient quelques minutes de plus, à croire que ses collègues voulaient lui laisser prendre de l'avance. Quand je sors je regarde si je le vois, il n'est qu'à quelques mètres en train de fumer. « Et mec à la prochaine. Car je suis sûr qu'il y aura une prochaine fois. En attendant fais gaffe à toi. Vas pas servir de punching-ball à un autre. »  J'agite ma main, tout en le regardant s'éloigner. Puis je prends la direction de chez moi, sachant que je m'arrêterais certainement dans un bar pour avaler quelques verres. De quoi noyer la rage qui encore me caresse les veines. Quand à Isaac et bien je verrais bien si le destin le remet sur ma route pour un autre round.