Light a flame ft. Tian

Même si Ki Hyun venait de s'installer, il se sentait quand même mal d’avoir manqué de prévoyance. Il n’était pas un expert mais une panne de courant pouvait vite arriver et, il ne s’y était pas préparé. Il s’empourpra légèrement lorsque Tian reprit ses mots : « Ce…ce n’est pas comme ça qu’on dit ? » Il murmura plusieurs fois le mot en coréen, dans l’espoir que la traduction se fasse naturellement mais, peu importe la langue, ses connaissances dans ce domaine restaient maigres. Il ne se laissa pas abattre pour autant, dégourdi quand il s’agissait de trouver des choses dans son appartement même avec un faible éclairage. Des bougies apportèrent ainsi de la lumière et une ambiance assez différente... Cette atmosphère ne fut toutefois pas suffisante pour calmer l’inquiétude de Ki Hyun à l’égard de son frigo. Tian l’arrêta dans sa lancée et le coréen enfonça son dos contre le dossier du canapé, dépité. « Tout va être ruiné... » C’était du gâchis mais il ne pouvait rien y faire. Même si ça le tracassait vraiment, il ne voulait pas avoir l’air d’un fou en inspectant tous ses produits alors que le courant venait à peine de « rendre l’âme ».

Lorsque Ki Hyun arrêta de penser à son frigo, il essaya de détendre Blake avec une blague qu’il regretta immédiatement. Il n’était pas étonné de sa bêtise, tristement habitué à ce genre de maladresse. Il parlait et regrettait aussitôt. Il n’était pas doué pour comprendre les autres, non plus... « Oh ça ! Ce n’est rien » Il répondit en haussant les épaules. Ça lui avait fait quelque chose sur le moment mais, même s’il n’avait pas apprécié l’insinuation et l’accusation, ça allait mieux. Il avait compris que ça n’avait été ni une plaisanterie ni une moquerie ; quelque chose tracassait vraiment Tian. « J’ai été embêté sur le coup, mais c’est oublié maintenant » Il aurait vraiment aimé lui promettre que ça l’était et que ça appartenait au passé mais Ki Hyun se connaissait alors, il se corrigea : « Enfin, oublier est un grand mot. C’était assez marquant donc c'est difficile de l’effacer de ma mémoire mais, ça reste un souvenir amusant avec… un gros recul. En quelques sorte ? » Ca signifiait surtout qu’il pouvait à tout moment ressortir cet accident, si la situation s’y prêtait.

Malgré cette étonnante situation, Ki Hyun était satisfait de partager ce moment avec son voisin. Cela leur permettait de faire plus amples connaissances et Tian se révéla réellement intéressant et amusant. « Oui drôle » Confirma Ki Hyun avec un sourire, amusé. « Je suis prévenu alors » Intéressant et plein de surprises ! « Oui… La carrière que j’avais envisagé ne me convenait pas et quand j’ai été dirigé vers le métier de professeur, j’ai réalisé que c’était parfait pour moi. J’adore enseigner et m’enrichir et, ce métier m’offre les deux » Il parlait avec un sourire sincère, épanoui dans cette carrière qu’il avait fait sienne. « Ça doit être intéressant, l’’accès aux ouvrages notamment » Il répondit, intéressé par ce que venait de lui partager Tian : « Je viendrais directement  vous voir la prochaine fois au lieu de chercher en vain » Il risquait surtout d’utiliser cette excuse pour venir lui parler...
En plus de faire connaissance, cet échange leur permettait de diminuer le fossé entre eux. Le simple fait de passer au « tu » avait eu une réelle incidence dans la perception que se faisait Ki Hyun de cette relation. Il ne savait pas s’ils allaient devenir amis mais en se tutoyant, ça semblait possible. Ki Hyun aurait pourtant préféré éviter de tenir certains propos, de peur d’effrayer Tian. Il ne voulait pas que ses mots soient mal interprétés… « En effet, radical est le mot » Observant Tian, Ki Hyun se mit à rire doucement, amusé par ce changement de dynamique. Jamais le matin même il n’aurait imaginé se trouver dans son salon à discuter avec Tian. Encore moins en étant éclairés par des bougies. On aurait pu croire à un rendez-vous, Ki Hyun ayant sorti le grand jeu… « J’aime bien aussi » Répondit Ki Hyun, le murmure de Tian étant parvenu à ses oreilles expertes.

Le regard dans le vide, les pensées vagabondes, Ki Hyun fut surpris de la question de Tian mais, il répondit rapidement. Il prenait rarement le temps de réfléchir. « J’ai toujours eu beaucoup de facilités à retenir les choses et à comprendre alors je dirais que non » Est-ce qu’il sonnait prétentieux ? « Oh ? » Sa tête se tourna brusquement vers Tian tant il avait été surpris par les mots prononcés par celui-ci : « Ça… te plairait vraiment ? » Pourquoi est-ce qu’il s’en réjouissait autant ? « Tu peux venir, n’hésite pas. J’espère que ça sera intéressant… » Après l’excitation, ce fut le doute qui pointa le bout de son nez alors qu’il se mit à questionner ses capacités de professeur. Heureusement, il avait l’air de faire un bon boulot alors, il allait se faire confiance. Et faire de son mieux. « Pas forcément. C’est mieux d’en connaitre le maximum c’est certain mais il y a aura toujours des situations qui demanderont des recherches plus approfondies et de la réflexion. Dans beaucoup de domaines, on ne peut pas tout retenir mais, on a accès à différentes ressources pour compléter nos connaissances. Il faut surtout comprendre comment ça fonctionne et_ » Il s’arrêta, conscient qu’il était parti pour un monologue sans fin. « Désolé, je m’emporte facilement. Si tu viens assister à un cours, tu comprendras comment je fonctionne et tu pourras même poser des questions aux élèves, ils sont les mieux placés pour te répondre » Ca l’empêcherait surtout de se montrer trop ennuyant en parlant de droit. Tian semblait déjà un peu fatigué. « Qu’est-ce que tu voulais me dire ? » Ki Hyun insista, comprenant que Tian n’avait pas oser pourquivre. « Tout va bien ? Tu as besoin de quelque chose ? » Il était plutôt au petit soin avec son « invité » surprise… «  Je ne peux même pas préparer une infusion… » Il commenta alors, peiné par cette réalité. Sa night routine avait été perturbée… il n’aimait pas ça. « Est-ce qu'il y a souvent des pannes dans l’immeuble parce qu’on m’a pas prévenu ! ».

« Je... suppose », tu supposais rien du tout parce que tu savais... pas du tout.  Tu offris un air incertain à ton voisin, pas du tout conscient de ce qu'il marmonnait. Tu supposais que c'était du coréen – mais tu savais pas du tout ce que ça voulait dire. Il pourrait très bien te traiter d'imbécile que t'en saurais rien. Tu te doutais que ce n'était pas ça, du moins tu espérais, et gardas le silence, les lèvres finement pincées, embêté. Ta moue embêtée devint un peu plus désolée. T'étais désolé pour lui, son frigo, les aliments, tout. T'espérais que la coupure n'allait pas durer longtemps. Tu te mordis lentement la lèvre, agitant le visage, pas sûr que ce ne soit « rien ». C'était beaucoup, même. Tu gardas tes prunelles sur lui, toujours aussi incertain, et gêné, en te rappelant de ce moment. « En quelque sorte », repris-tu lentement, baissant les prunelles dans une petite esquisse perturbée. Tu te doutais qu'il ne pourrait pas oublier – tu ne pouvais pas non plus. « Désolé », tu savais pas combien de fois tu t'étais déjà excusé.

Tu ne savais pas si demain tout se passerait bien, s'il voulait encore t'adresser la parole ou si ce serait à son tour de t'ignorer. Tu l'aurais mérité en soit. Au moins t'étais drôle ? Tu inclinas délicatement le visage sur le côté, le sourire doux alors que tu l'écoutais, ton regard ne le lâchant pas. Il aimait ce qu'il faisait, et c'était le plus important d'après toi. « C'était le bon choix à faire alors », tu bougeas quelque peu le visage même s'il n'avait pas besoin de ton avis. « Très », que tu dis, n'hésitant pas une seule seconde, ton regard pétillant un peu plus. « Il y en a tellement en plus », soupiras-tu, rêveur. Plein de livres, de connaissances, de questions, de réponses. « Oh », fis-tu, quelque peu surpris mais aussi gêné qu'il t'avoue venir vers toi directement. « Avec plaisir », tu lui souris, timide, te faisant la promesse de l'aider au mieux. Sans l'éviter, sans l'ignorer. Tu voulais continuer comme ça, comme ce soir. Tu ne savais pas ce que ça allait donner, s'il allait devenir quelqu'un de proche ou non mais... t'étais curieux, tu voulais en savoir plus sur lui, apprendre à le connaître. Tu plissas le nez comme un gamin embarrassé mais ton sourire détaillait finement ton amusement. Tes joues s'empourprèrent un peu plus à son aveu, un petit « O-oh » quittant bêtement tes lèvres. « On... on aime bien alors », tu intervenais toujours inutilement de cette façon ?

Tu supposais que oui. Tu ris discrètement à ses mots. Ce qui était facile pour lui ne l'était pas tout le monde. « Et pour les personnes n'ayant pas la même facilité à retenir les choses ? », demandas-tu, faiblement taquin. T'insinuais un peu que t'étais con mais... il devait l'avoir remarquer depuis donc... Rougissant furieusement, tu hochas doucement le visage. « Oui... vraiment », murmuras-tu, un brin hésitant. Et s'il ne voulait pas ? « C'est vrai ? Je peux ? », le coin de tes lèvres se leva, contenté, la moue satisfaite et le regard brillant. « Je suis sûr que oui », vu comment il en parlait, tu ne voyais pas comment ça pourrait être ennuyeux. Il avait la passion, l'envie de bien faire, d'enseigner. Ses cours devaient alors être intéressant et captivant. Bougeant doucement le visage, tu écoutais ce qu'il disait. C'était toujours mieux d'en savoir le maximum. Tu ris quelque peu quand il s'arrêta soudainement, secouant le visage dans un rapide mouvement de la main. « Non non je t'en prie, continue. Ca montre que tu sais ce que tu racontes », tu haussas quelque peu les épaules, l'esquisse fine. « Je viendrai », assuras-tu. « Je... oui... je leur demanderai », susurras-tu et toi-même t'y croyais pas alors comment lui pouvait te croire hein ?

Le rouge revint sur tes joues et tu secouas le visage, pressant nerveusement tes doigts entre eux. « Oui oui ça va », tu tentas un fin sourire, gêné mais aussi touché par sa réaction. « Oh c'est vrai », que tu dis. T'y avais pas pensé. Tu clignas des paupières à sa question avant de rire discrètement. « Non ça arrive rarement », affirmas-tu. « La dernière fois que c'est arrivé était quand ils faisaient des travaux pas loin. Mais sinon... », tu secouas négativement le visage, espérant le rassurer. Tu soufflas doucement, tes pinçant les lèvres tout en laissant tes phalanges passer sur tes bras. Un frisson parcourut ta peau et tu bougeas rapidement les épaules dans un nouveau souffle, ramenant tes jambes contre ton torse, calant tes bras comme tu le pouvais entre. Tu clignas des paupières, fermant les yeux dans une grimace pour t'empêcher de bailler. Tu sentais cependant tes yeux qui brûlaient de plus en plus. « Tu travailles demain ? », s'il travaillait, il voudrait sans doute aller se reposer non ? « Parce que si... si tu dois te lever tôt je peux... enfin... y aller et... », tu désignas la porte du salon, comme pour indiquer que tu pouvais rentrer chez toi. T'allais sans doute pas dormir de la nuit et reste en boule dans ton lit mais ça, personne n'avait besoin de le savoir. « Je veux pas... déranger », encore, aurais-tu dû préciser. Tu bougeas légèrement, te calant un peu plus confortablement, luttant pour redresser tes pupilles vers lui, l'observant en silence. « T'as pas froid ? », demandas-tu subitement – t'avais froid pour lui quand tu voyais sa tenue. Tu redevins silencieux, les joues rougies en repensant à sa tenue, détournant le regard. Tu fermas un instant les paupières.. pour les rouvrir dans un léger sursaut quand l'une de tes jambes glissa un peu. « Désolé », dis-tu immédiatement, clignant rapidement des paupières, un nouveau frisson sur ta peau. Tu pourrais mourir de froid que tu n'irais pas lui demander un plaid. Tout ça pour quoi ? Pour ne pas le déranger, pour ne pas abuser plus que tu ne le faisais. « Désolé », que tu répétas après avoir baillé discrètement, un petit souffle épuisé aux lèvres. « Je devrais... », tu désignas la porte, pour parler de chez toi. Si tu t'endormais, tu ferais mieux de retourner dans ton appartement. Mais t'avais pas envie de bouger. Tu te sentais bien là, avec Ki Hyun.

Ki Hyun n’avait pas l’habitude de recevoir du monde chez-lui, surtout à l’improviste. Il avait encore moins l’habitude de recevoir quelqu’un durant une panne de courant les privant de lumière. C’était perturbant et le professeur faisait de son mieux pour rester calme alors qu’il paniquait. Il n’avait pas réussi à cacher son inquiétude pour ses aliments mais il évita de préciser qu’il était également inquiet parce qu’il ne pouvait pas respecter sa routine du soir, lui qui avait des rituels avant de dormir. C’était assez déstabilisant de se retrouver dans cette situation mais se retrouver avec Tian lui permettait de se changer les idées en essayant de rassurer son voisin qui ne semblait pas à l’aise. « Vous n’avez pas besoin de vous excuser autant, vous savez ? Vous l’avez déjà fait plusieurs fois. A force, je vais croire que vos excuses ne sont pas sincères mais juste un tic » Il avait beau voir que Tian n’était pas à l’aise, il avait quand même le chic pour aggraver les choses. Il ne voulait pas être méchant avec le jeune homme mais ce dernier n’avait pas besoin de s’excuser autant, Ki Hyun était plus ou moins passé à autre chose. Il ne pouvait pas oublier cette histoire mais, il avait compris que le jeune homme n’avait rien contre lui et que tout ceci n’avait été qu’un malentendu.

Ce qui lui semblait également étonnant, c’était de partager une conversation avec Tian sur son choix de carrière. Ki Hyun n’aurait jamais pensé en dévoiler autant même si, ça ne semblait pas si important mais, parler ainsi était agréable. Rassurant. Ça leur permettait de se changer les idées et d’oublier qu’ils arrivaient à se voir grâce à des bougies. De cette manière, Ki Hyun arrivait aussi à cerner un peu Tian, apprenant à connaitre cet individu qui l’avait surpris lors de leur première rencontre. « Vous avez l’air passionné » Il commenta, ayant vu ses yeux briller.
Ki Hyun n’aurait jamais pensé que sa soirée allait se dérouler d’une telle façon et même si une panne de courant pouvait arriver à tout moment, passer sa soirée dans le noir avec son voisin restait étonnant. Surtout si voisin avait toujours fait en sorte de l’éviter. A présent, ils avaient décidé de se tutoyer, ce qui ne lui aurait jamais paru possible quelques heures plus tôt. La vie était pleine de surprises et celle-ci, lui plaisait. « On aime bien » Il répéta les mots de Tian, le regard dans le vide. Il était pensif mais ce n’était pas le moment de se prendre dans de nouvelles interrogations alors que le silence risquait de le mettre mal à l’aise. Il aimait pourtant le silence mais cela le confrontait à ses pensées et ce n’était pas le moment idéal, surtout qu’il faisait de son mieux pour ne pas imaginer ses carottes dépérir dans son frigo.

« Um, de la persévérance ? Il y a toujours des moyens pour retenir les choses alors je ne pense pas que ce soit un réel problème. J’ai des étudient qui n’ont pas cette facilité mais ça ne les empêche pas d’être excellents lorsqu’ils s’en donnent les moyens. Le travail finit par payer et tout le monde doit travailler pour réussir » Il avait l’impression de se retrouver face à un élève qui avait besoin de conseils ou, qui face à un coup de mou, avait besoin d’encouragements. Ki Hyun prenait son rôle à cœur, il n’était pas seulement là pour dicter des cours. Il voulait enseigner, partager et s’enrichir des échanges qu’il pouvait avoir avec ses élèves. Savoir que Tian s’intéressait à ses cours, même par simple curiosité, lui faisait davantage plaisir, ayant l’impression d’avoir créé de l’intérêt en quelques mots. « Bien sûr, n’hésite pas ! Ça me ferait plaisir » Il était sincère même s’il s’inquiéta de ses capacités de professeur par la même occasion. Cet engouement le précipita davantage dans ses explications, heureux de s’exprimer sur ce sujet pour lequel il était en effet passionné. « J’espère en tout cas et, il vaudrait mieux vu que je l’enseigne » Un petit rire accompagna sa réponse avant qu’il ne se tourne de nouveau vers Tian, avec un sourire timide « Et si tu as des questions suite au cours, tu peux aussi venir voir le professeur. C’est ce que font mes élèves » Autrement dit, il pouvait venir le voir. « En plus, nous sommes voisins, alors c’est encore plus simple » Est-ce qu’il lui venait de dire qu’il pouvait venir le voir en fin de journée, directement chez lui ?

Même si Ki Hyun remarqua que quelque chose contrariait Tian, il fut incapable de comprendre seul. « Tu es sûr ? » Tian lui avait dit que tout allait bien mais, Ki Hyun n’était pas convaincu et ça se voyait à la manière dont il interrogeait Tian du regard, perplexe. Cela dit il s’inquiéta vite pour l’appartement, ayant peur d’avoir été trompé. « D’accord » Il répondit, soulagé. Un soupire passa entre ses lèvres : « Ca me rassure » Et c’était vraiment le cas, ce genre de chose pouvant le rendre anxieux.
En regardant de nouveau Tian, Ki Hyun commença à comprendre ce qui pouvait embêter le jeune homme car celui-ci semblait avoir froid. Il n’eut pas le temps de lui proposer un plaid puisque Tian prit la parole avant qu’il le fasse. « Oui, j’ai quelques classes demain » Il en avait une en fin de matinée et d’autres l’après-midi mais même s’il commençait assez « tard », il comptait y aller tôt, ne changeant que très rarement son rythme même lorsque son emploi du temps était plus léger. « A vrai dire… » Il regarda l’heure sur son téléphone et habituellement, il ne se couchait pas tard mais il ne comptait pas se coucher pour le moment, trop inquiet. « J e ne pense pas être capable de fermer l’œil de la nuit tant que le courant n’est pas revenu » Il avoua avant de le regretter. Est-ce qu’il allait vraiment donner l’image d’un homme constamment inquiet ? Ça n’aurait pas été un mensonge…

Se questionnant de nouveau sur la durée de la panne, il fut surpris lorsque Tian lui demanda s’il avait froid. Il se rappela alors qu’il ‘n’avait pas pris la peine de lui proposer un plaid et, il se rappela aussi sa tenue. « oh… » Il baissa la tête pour découvrir que son torse n’était pas très couvert. Ce n’était pas forcément la tenue la plus adaptée même s’il était plutôt fier de son physique. « J’avais oublié. Je devrais me changer » Il répondit, gêné. « Tu peux rester » Il répondit en se levant : « Je vais mettre un tee-shirt et récupérer un plaid. » Il attrapa son téléphone, activa la lampe torche et s’absenta un instant pour se diriger dans sa chambre. Son pyjama se trouvait sur son lit, il attrapa le haut pour le porter avant de revenir dans le salon pour récupérer un plaid qu’il proposa à Tian. « Tu dors tôt, toi aussi ? » Il demanda en s’installant sur le canapé : « Si uh… si tu veux… dormir un peu… tu peux » Pourquoi se sentait-il aussi mal à l’aise ? « Je reçois rarement des gens à dormir et quand c’est le cas, ils ne dorment pas sur le canapé alors je ne sais pas s’il est confortable » Il s’arrêta, se demandant si sa phrase n’était pas étrange : « Je ne dis pas ça pour proposer mon lit ! » Il rajouta avec inquiétude alors que l’idée ne lui avait même pas traversé la tête. « Juste… si tu veux te reposer, ne t’inquiète pas pour moi. Je peux te réveiller quand le courant sera revenu. » Il jouait nerveusement avec ses doigts, embarrassé. Apprendre à se taire, un apprentissage de tout une vie.

« Je euh... oui », marmonnas-tu doucement, hésitant. Mais tu le faisais quand même. Tu ne t'excusais pas que pour ce jour-là à la bibliothèque – même si tu t'en voulais encore. Tu t'excusais aussi pour le reste, le fait de l'avoir évité, de l'avoir dérangé ce soir, de le déranger encore. Il te permettait de rester ici au lieu de te renvoyer chez toi. Ce qu'il pourrait faire. Ce que tu comprendrais. Ce serait normal, même. Plus normal que de te retrouver chez lui, dans son salon, éclairé à la bougie. Tu te mordis doucement la lèvre, bougeant quelque peu le visage, te retenant de t'excuser encore. Tes excuses étaient sincères et tu ne voulais pas qu'il pense le contraire.

Les pommettes rougissant doucement, tu détournas tes prunelles vers lui, une fine esquisse aux lèvres, tes épaules se levant dans une forme embarrassée. « J'espère l'être assez », tu espérais aussi faire ton travail comme il le fallait. Tu pourrais être étonné de parler de son métier ou du tien mais c'était plutôt apaisant. Une sorte de sujet neutre sur lequel vous pouviez parler sans en dire trop – mais en disant tout malgré vous. Tu ne te sentais pas mal en sa compagnie, tu te trouvais même plus rassuré. Sa voix était agréable. Stable, pour bien t'ancrer dans le présent et t'y laisser en te faisant oublier les débuts de votre soirée. Vos débuts, même, pouvais-tu en quelque sorte. Le coin de ses lèvres se leva quelque peu et tu lui jetas un regard discret, basculant faiblement la tête en le voyant fixer le vide et se perdre dans ses pensées. Tu te demandais à quel point il pouvait bien songer – mais tu supposais que tu n'avais pas vraiment le droit de demander alors tu gardas le silence.

Tes lèvres tracèrent un nouveau sourire, attendri cette fois. Tu l'observais de tes pupilles brillantes, avec ta frimousse curieuse et douce. Apaisée, presque. « C'est une belle façon de dire les choses », commentas-tu doucement. « De bons conseils à donner, surtout », t'avais l'impression d'être un de ses élèves qu'il tentait d'encourager. C'était agréable. Tu supposais qu'il faisait ça avec tout le monde. « Tes élèves doivent t'apprécier », soufflas-tu. Tu aurais aimé avoir un professeur compréhensif et à l'écoute. Pas qu'ils ne l'avaient pas été, tu n'avais pas à te plaindre. Mais Ki Hyun semblait... différent ? Dans la douce franchise. De bons conseils. Des mots simples mais appréciés et appréciables. Et t'étais ravi de savoir que tu allais pouvoir assister à un de ses cours, tes iris pétillant un peu plus alors que tu secouais lentement le visage. « Je viendrai » et ton esquisse fine définissait cette promesse muette. Tu allais pouvoir voir le professeur qu'il était et ça aussi, ça te rendait curieux. Un léger rire dans la gorge et tu plissas quelque peu le nez. « Ce serait gênant sinon », et pas qu'un peu. Tu levas les yeux vers lui, l'esquisse disparue pour réapparaître, timide mais tendre. « Merci. Je n'hésiterai pas à venir te voir si jamais », tu risquais d'avoir beaucoup de questions vu que le droit n'était pas du tout ton domaine. Mais t'allais pas le déranger, juste lui demander deux ou trois petites précisions. Tu clignas quelque peu des paupières avant de rire une nouvelle fois. « En plus, oui. Autant profiter d'avoir le professeur juste à côté », tu plissas le nez, intimidé mais amusé. Est-ce que ça voulait dire que tu pouvais toquer chez lui à la fin de la journée ?

« Oui oui t'en fais pas », tentas-tu de le convaincre, rougissant honteusement face à ton propre mensonge et tu espérais qu'il ne voit rien. Tu émis un léger son amusé, retenant un rire, avant de secouer le visage dans un petit geste de la main. Pas d'inquiétude à avoir. Même si tu pouvais comprendre les questions. Tout se passait bien ici, l'immeuble était tranquille, le quartier aussi. Tu laissas tes doigts frôler la peau de tes bras sans oser dire quoi que ce soit. T'étais du genre à préférer mourir de froid que de déranger les gens pour un plaid ou un pull, oui. « Oh », fis-tu, redressant quelque peu le visage. « Tu vas pas être fatigué ? », demandas-tu dans une petite voix. Tu observas le téléphone puis Ki Hyun, les sourcils faiblement froncés dans une moue soucieuse. « Oh... », fis-tu encore. « Je comprends... », soufflas-tu simplement. C'était inquiétant dans le fond, de se coucher sans électricité. Tu te mordis la lèvre, tentant de trouver une solution mais t'étais pas électricien donc... t'allais un peu galérer.

Tu l'observas à nouveau, rougissant quand tu suivis son regard, tournant le visage vers la flamme d'une bougie. Il avait apparemment oublié. Toi non. Tu hochas simplement la tête. « D'accord », tu levas le regard vers lui, soudainement inquiet de te retrouver seul, tes doigts jouant entre eux alors que tu rapprochais encore tes jambes de ton torse si possible. Tu fixas le vide un instant, patientant sagement, le coin de tes lèvres se haussant automatiquement quand il revint dans la pièce – t'avais peur qu'il t'abandonne ou quoi ? T'étais chez lui, crétin. Tu devais ressembler à un chiot heureux de revoir son maître. Ridicule. Tu acceptas le plaid, l'attrapant délicatement dans un « Merci » murmuré avant de l'enrouler autour de toi, le faisant aller jusqu'au dessus de ton nez. « J'essaie de me coucher tôt oui », cela ne voulait pas dire que tu dormais tôt. Tu galérais à dormir en ce moment. Tu le regardas un instant, clignant des paupières, tes doigts s'accrochant au plaid. Est-ce que ça voulait dire que tu pouvais rentrer chez toi ? Ce serait logique. T'allais pas abuser non plus... Tu clignas encore des paupières, dans un air penaud cette fois, alors que les rougeurs sur tes joues se faisaient bien trop visibles. Heureusement que ton visage était à moitié caché par le plaid. « Je... n-non... j'avais pas... enfin j'allais pas... », t'avais même pas pensé à ça. T'avais pensé à retourner chez toi, pas squatter son lit. Tu ne pus cependant empêcher le léger rire qui accompagna tes mots. Tu le détaillas en silence pendant quelques secondes. « Je suis pas fatigué t'en fais pas », t'allais pas le laisser et t'endormir. Pas après tout ce qu'il avait fait, ce serait pas sympa, et pas poli. Non ? Tu luttais contre le sommeil cependant, ça se voyait t'en étais certain – et en plus de ça t'étais nul pour mentir. Mais tu ne voulais vraiment pas le laisser attendre seul que le temps passe. « On peut discuter », proposas-tu, même si tu ne savais pas de quoi et même si t'étais nul pour ça. Tu savais pas faire les petites conversations. Tu basculas ta tête sur le dossier du canapé, rendant à nouveau ta bouche visible. « Je suis nul pour faire la conversation... », avouas-tu honteusement dans un chuchotement, l'épuisement dans la voix. Tu clignas des paupières pour lutter contre la fatigue, l'une de tes mains sortit doucement, passant sur ton visage avant de se faufiler à nouveau sous le plaid.  « Ton canapé est plutôt confortable honnêtement », le rassuras-tu dans un son amusé. Est-ce que tu voulais dire que ça ne te dérangeait pas de t'endormir là ? Peut-être. Au moins tu ne serais pas seul. Tu te sentais en sécurité. « Tu as d'autres passions ? », tentas-tu de faire la conversation. Pour ne pas t'endormir bêtement, aussi.

Ki Hyun comprit que Tian luttait pour ne pas s’excuser de nouveau et, à son plus grand soulagement, il le vit vaincre cette envie. Le professeur n’avait pas besoin de l’entendre se répéter, ayant compris que Tian était réellement désolé. S’excuser de nouveau n’allait pas les aider à se débarrasser de cette gêne qui risquait de durer.
Si cette soirée avait été pleine de rebondissements étranges, ça leur permettait au moins de faire doucement connaissance. Ainsi, Ki Hyun ne verrait plus Tian comme son voisin étrange qui le fuyait comme la peste ; il n’était plus l’homme qui l’avait accusé alors qu’ils s’étaient croisés quelques fois, par hasard. Devant lui se trouvait son voisin timide mais agréable. Il était charmant, Ki Hyun ne pouvait pas le nier même s’il avait encore beaucoup à apprendre sur lui. Il savait déjà qu’il avait peur des insectes, c’était un bon début. Et il avait un chat… et des torchons. « Si vous pensez ainsi, vous devez l’être » Il n’allait pas lui dire qu’il en était persuadé car ça aurait été mentir puisqu’il ne l’avait pas assez vu travailler. Pour autant, il avait cette impression rien qu’en l’écoutant et en l’observant.
Malgré l’éclairage particulier, Ki Hyun se plaisait à l’observer.

« Vous le pensez vraiment ? » Ça faisait du bien à entendre et le coréen semblait avoir besoin d’une confirmation pour se rassurer qu’il n’imaginait rien. Il voulait être un bon professeur en partageant ses connaissances dans sa matière, mais il voulait aussi être un guide pour ses étudiants. Il ne voulait pas être là juste pour donner ses cours, il voulait qu’on se sente suffisamment à l’aise pour venir vers lui car c’était ça pour lui, le rôle d’un professeur. C’était ce qui le passionnait dans son métier, le partage sous toutes ses formes. « Je… J’espère, ils se moquent gentiment alors j’imagine que c’est bon signe… » Un instant perdu dans ses pensées, il se mit à réfléchir à ce qu’il venait de dire. Ses élèves adoraient rire de lui mais cela ne l’avait jamais dérangé… Il donnait du contenu sans le vouloir alors c’était de sa faute s’il terminait toujours embarrassé devant ses élèves. Ce n’était pas méchant… n’est-ce pas ? Il eut soudainement un petit doute. « Enfin, je préfère le prendre comme ça. Au moins il y a peu d’absentéisme, alors j’interprète ce critère comme une preuve que je ne m’en sors pas trop mal » Il n’était pas loin de proposer une analyse complète sur ses classes.
Le souffle coupé, Ki Hyun se sentit soudainement nerveux. Ça lui faisait plaisir de savoir que Tian allait participer à un de ses cours mais il avait peur de donner mauvaise impression. Ou de s’humilier… En un cours, il risquait de changer l’image qu’il essayait tant bien que mal de conserver. Même si en soit, il n’avait jamais réussi à se rattraper avec ses élèves... Il allait faire de son mieux, la pression ne pouvait que le rendre plus performant… ou plus maladroit. « Un peu en effet » Un petit rire lui échappa alors qu’il continuait d’observer discrètement – il essayait – Tian mais il devait avoir l’air bizarre puisque l’éclairage n’était pas adapté à cette contemplation. « Exactement, c’est une chance ! » Il répondit en plaisantant, heureux de voir Tian se détendre davantage. Il avait l’air amusé lui aussi, ce qui n’était pas pour déplaire à Ki Hyun qui appréciait le rire du jeune homme. C’était très agréable. Vraiment.  

Après s’être de nouveau inquiété pour son appartement et les problèmes de celui-ci, le professeur s’inquiéta pour son voisin et invité surprise. Il avait compris que Tian avait froid mais ce dernier n’avait rien osé lui dire. Ki Hyun eut soudainement envie de se regarder dans un miroir pour vérifier qu’il n’avait pas l’air effrayant. Ce n’était pas le reproche qu’on lui faisait généralement mais peut-être que l’éclairage apporté par les bougies rendaient ses traits plus durs, plus sombres. « Oui je le serais. » Il répondit naturellement en haussant les épaules. Il n’allait pas bien dormir, trop inquiet pour s’endormir paisiblement. « Toi aussi ? » Il demanda, se doutant que la fatigue pointait le bout de son nez. Ki Hyun était fatigué aussi mais cette coupure de courant avait mis un terme à ses habitudes et ça le perturbait. Il n’avait même pas réalisé qu’il n’était pas dans une tenue adaptée. De légères couleurs apparurent sur ses joues avant qu’il ne décide de récupérer un teeshirt pour être plus présentable. Une fois mieux vêtu, il retourna dans le salon, s’intéressant à Tian. « Ça veut dire que ce n’est pas toujours une réussite ça » Il commenta en prenant de nouveau place sur le canapé.

Une nouvelle fois, Ki Hyun aurait mieux fait de se taire mais son cerveau n’avait jamais été très coopératif dans la plupart de ses interactions sociales alors, il ne fut pas surpris de cette énième maladresse. « Discuter pour éviter que tu t’endormes, c’est ça ? » Il demanda avec un petit sourire, le voyant lutter contre le sommeil. « Je ne suis pas vraiment doué non plus… » Ce n’était pas son fort et, ça ne l’avait jamais été. « Le voisinage est bien ? » Oui vraiment, ça ne l’était pas. C’était un peu tard pour l’interroger sur le voisinage puisqu’il avait déjà signé… « Tu peux t’installer plus confortablement et te reposer si tu veux » Il demanda, peiné de le voir fatigué. Le canapé était confortable d’après lui alors il pouvait fermer les yeux sans craindre d’être mal installé : « Je ne ferai rien de bizarre, promis » Peut-être que dire ça, c’était bizarre justement… Ki Hyun fut rassuré de la question posée par Tian, voulant éviter creuser encore plus sa tombe. « Le piano » Il ne pouvait surement pas bien voir puisque seules quelques bougies éclairées la pièce mais un piano se trouvait dans son salon. « Et j’aime bien le sport, je suppose » Il n’avait jamais été doué pour les premières rencontres alors il ne s’étala pas davantage : « Et toi ? A part les insectes bien sûr » Quel comique ce soir. « Tu veux un autre coussin ? » Doucement, il semblait lui préparer son « lit » pour la nuit. « Et s’il te plait endors toi si tu es fatigué, j’aurais l’impression de parler à un zombi sinon » Les choses toujours bien dites. « Pas que tu ressembles à un zombi, je te rassure. Loin de là ! » Est-ce qu’il le rassurait vraiment en soit ?  

Tu aimais ton travail. C'était à la bibliothèque que tu te sentais le plus à l'abri, entouré de livres, de connaissances. T'avais qu'à tendre le bras pour avoir quelque chose à te mettre sous la dent. Le coin des lèvres finement levé, tu hochas le visage. « Je le pense vraiment », articulas-tu. Il semblait être un bon professeur, le genre qui était à l'écoute et qui faisait attention. Il parlait avec passion. Avec l'envie de bien faire. Il semblait prendre soin de choisir ses mots pour booster la personne en face et c'était vraiment agréable. Tu penchas quelque peu le visage, la moue perplexe avant qu'un sourire discret ne vienne flotter sur ta bouche. « Ca doit être bon signe. Qui aime bien châtie bien non ? », le temps que ce n'était pas méchant, tu supposais que cette phrase pouvait s'appliquer. Un léger rire dans la gorge, tu retroussas quelque peu le nez. « Tu arrives à les intéresser aux cours, d'une façon ou d'une autre. Alors c'est une bonne chose, je dirais », si peu d'élèves manquaient l'appel, cela voulait dire qu'il savait capter l'attention des foules pour les faire revenir. Et t'étais curieux de découvrir tout ça. Et comme il l'avait dit, si tu avais des questions, il n'était pas loin. Pas que tu seras noté... tu seras pas noté au moins ? « Une grande chance », commentas-tu, amusé.

Tu comprenais les questions sur le voisinage ou le quartier. Surtout après une panne de courant pareille. Tu lui offris un air désolé, le sourire un peu plus crispé. Tu ne pouvais rien faire pour l'aider, et t'en étais sincèrement désolé. Tu ne savais pas vraiment quoi dire pour apaiser son esprit sur ces questions-là. « Moi aussi ? », tu clignas quelque peu des paupières, les prunelles vers lui. « Non », dis-tu, détournant le regard. « Un peu », tu savais pas mentir c'était horrible, ils avaient pas de cours de mensonges à la fac auxquels tu pourrais t'inscrire ?? Tu te mordis discrètement la lèvre, les pommettes rosies. A cause du mensonge ou la tenue de ton hôte... ? Peut-être les deux. Un léger rire dans la gorge, tu laissas ta tête basculer en arrière, le sourire diminuant au fil des secondes qui s'écoulaient. « Pas toujours non », c'était même souvent le contraire en ce moment. Tes pensées tournaient autour du même souci et t'arrivais pas toujours à t'en sortir. Tu te faisais peur tout seul au moment de dormir, plongé dans le noir. Tu redressas la tête, haussant simplement les épaules, dans une fine esquisse résignée. Tu ne pouvais pas faire autrement, de toute façon.

« J'ai... », tes lèvres s'arrêtèrent de bouger, tes pommettes toujours rosies, tu fis la moue, t'enroulant un peu plus dans le plaid, bougon. Mais c'était ça. Tu voulais discuter pour éviter de t'endormir et de le laisser seul. Tu voulais pas paraître grossier. En plus aucun de vous ne semblait doué pour les petites conversations. Ce qui te fit doucement rire, le regard pétillant d'amusement mais aussi d'épuisement. « Le voisinage est bien », et tu plissas le nez, totalement amusé. Vous alliez aller loin comme ça. « Je vais pas te laisser seul », murmuras-tu. Ce serait méchant non ? Après tout ce qu'il avait fait pour toi. Tu clignas vivement des paupières à ses mots, lui jetant un regard perplexe avant de rire. « C'est beau le piano », soufflas-tu dans un commentaire, l'esquisse légère alors que tu l'écoutais. « Tu supposes ? T'es pas sûr ? », que tu le taquinas quelque peu... avant de faire la moue. Encore. « Pas drôle », lâchas-tu, bougon. « Les étoiles », dis-tu doucement, « J'aime tout ce qui a un rapport avec les étoiles. Cosmos, galaxies... j'ai plein de livres à la maison sur ça. Et d'autres choses. J'adore lire. Et je fais du yoga », t'étais pas vraiment le meilleur pour présenter tes centres d'intérêts. « Non ça va, c'est gentil », s'il continuait à bien t'installer et te dorloter, t'allais vraiment dormir... Tu gonflas un peu les joues dans une nouvelle moue. Encore. « Je pense être plutôt bien conservé pour un zombie », commentas-tu, la voix amusée mais basse. Tu baillas discrètement, clignant vivement des paupières. « J'suis pas vraiment fatigué », c'était qu'une impression. « Ca risque d'être long pour toi si je m'endors.. », chuchotas-tu. C'était pas comme si vous aviez une conversation hautement animée. Tu gardas tes prunelles vers lui, l'observant sans plus rien dire, songeant à ce que tu pourrais dire. Tes paupières se fermèrent lentement, une respiration épuisée aux lèvres, avant que tu ne les rouvres. Non. Tu dormais pas. Tu t'humectas quelque peu les lèvres, fronçant les sourcils, comme un gosse borné qui refusait de dormir.
Sauf que tu finis par t'endormir.

« Bonjour », soufflas-tu doucement après quelques heures de sommeil, les pommettes rosies et l'air coupable. Tes doigts s'entremêlèrent entre eux devant toi, signe de ta gêne, alors que tu l'observais sans vraiment le faire. « Désolé j'ai... », tu baissas un peu le visage, la moue discrètement. Tu t'étais endormi. Tu mordis quelque peu la lèvre, relevant lentement le regard vers lui. Tu sentis la chaleur sur tes joues gagner un peu de force plus que tu l'observais. C'était gênant, le réveil. Tu te raclas la gorge, embarrassé, la rougeur glissant sur ta nuque alors que tu détournais les iris. « Tu as réussi à dormir ? », t'inquiétas-tu, te sentant idiot de t'être assoupi. Il avait dû passer une nuit horrible et toi t'avais dormi comme un bébé... Et ça faisait longtemps que t'avais plus aussi bien dormi.

« Merci » A la fois gêné et heureux, Ki Hyun remercia Tian dans un murmure alors qu’un petit sourire étira le coin de ses lèvres. Certes, Tian ne l’avait jamais vu à l’œuvre mais savoir qu’il renvoyait une telle image restait plaisant et Ki Hyun espérait le convaincre si Tian se rendait à un cours. « Je vais me dire que c’est ça, c’est préférable » Il ria doucement avant d’hocher la tête et de reprendre la parole : « Et je pense que c’est le cas, oui » Il n’en doutait pas réellement mais ça ne l’empêchait pas de se poser parfois la question. Il aimait l’ambiance qui régnait dans ses classes et adorait quand des étudiants venaient l’interroger, ça lui donnait l’impression de bien faire son boulot car ils voulaient échanger et comprendre ce que Ki Hyun enseignait. Ça restait ce qu’il aimait le plus dans son métier. « Je suis soulagé d’entendre ça, je vais continuer de penser de cette façon » Son sourire ne le quittait plus alors qu’il continuait d’échanger avec Tian et qu’il plaisantait doucement. Et dire que c’était la même personne qui l’avait accusé d’être un stalkeur ! Ki Hyun découvrait son voisin sous un nouveau jour et ce dernier était une véritable surprise. Une agréable surprise.

Même s’il appréciait cette échange, Ki Hyun ne pouvait pas oublier la raison de la présence de Tian chez lui : cette coupure d’électricité et ses possibles impacts. Il se faisait plus de soucis que nécessaire mais il ne pouvait pas lutter… Si être avec Ki Hyun rassurait Tian, la présence de ce dernier aidait également le professeur à se sentir moins inquiet. « Pas très crédible » Commenta Ki Hyun avec un sourire, amusé par la réaction de son vis-à-vis. Tian n’était pas un bon menteur mais ça ne le surprenait pas. Ce qui le surprenait, c’était sa propre tenue… il n’avait pas remarqué qu’il ne portait rien d’adéquate et il y remédia avant de retrouver Tian sur le canapé. « Tu as déjà essayé la méditation ? Il parait que ça peut aider… » Malheureusement, il ne connaissait pas de recette miracle à proposer à Tian même si cette fois, le sommeil risquait de ne pas tarder à l’embarquer.

Tian continuait de nier l’évidence mais Ki Hyun voyait que la fatigue avait empli son regard et qu’il luttait pour combattre le sommeil. Le coréen aurait aimé le mettre à l’aise pour qu’il arrête de lutter mais ça ne semblait pas fonctionner. Il n’était pas étonné, il n’était pas la meilleure personne pour mettre à l’aise. « Je ne suis pas seul » C’était peut-être étrange de dire ça alors qu’il n’y avait personne d’autre dans l’appartement… normalement ? « Je veux dire, je ne suis pas seul car j’ai toute mes pensées avec moi pour me tenir compagnie » Et elles pouvaient être très bavardes quand elles le décidaient. « C’est vrai, c’est beau » Il commenta à son tour, appréciant cet instrument depuis plusieurs années. Il n’avait pas pu s’imaginer dans son appartement sans y ajouter son piano. « Uh non, je… je suis sûr » Pourquoi était-il aussi mauvais pour parler de lui ? « Je trouve ça drôle personnellement » Lorsqu’il était suffisamment à l’aise, Ki Hyun adorait taquiner les autres et vu comment leur relation avait commencé puis évolué, il arrivait à se le permettre. « Ça fait… beaucoup de choses. » Il commenta, impressionné par ce qu’il venait d’entendre : « Je ne connais pas grand-chose sur les étoiles tout ça, ça me rend curieux » Le yoga le rendait beaucoup moins curieux, connaissant assez son corps pour savoir qu’il n’était pas capable de faire des mouvements aussi compliqués. Pour le peu qu’il avait vu, ça lui semblait impossible.
« Plutôt bien conservé, en effet » Il répondit avec un sourire en coin avant de se rendre compte de ce qu’il venait de dire. Est-ce que ça risquait d’être mal interprété ? En même temps, il n’avait rien dit d’étrange, Tian était charmant alors oui, il était bien conservé. Très bien, si on écoutait Ki Hyun qui n’était pas indifférent face aux charmes que dégageaient son voisin. « Entre ce que je vois et ce que j’entends, il y un sacré fossé » Tian avait beau dire ne pas être fatigué, Ki Hyun voyant que c’était tout le contraire. « Je vis seul tu sais » Il commenta doucement en observant Tian se faire attraper par le sommeil. Ki Hyun n’arriva pas à le lâcher des yeux et il fut soulagé de le voir s’endormir car ça l’évitait de passer pour quelqu’un de louche un peu trop sous le charme de son voisin somnolant... Cette pensée ne l’empêcha pas de regarder Tian quelques secondes de plus, ensorcelé par ce visage ingénu.

Au bout de quelques minutes, à rester sans rien faire sur son canapé, Ki Hyun décida de faire les cents pas dans sa cuisine puis dans son salon, cherchant une solution à ce problème de coupure mais il n’y en avait aucune. Incapable de faire quoi que ce soit, il se contenta de mettre sa crème sur le visage avant de retourner s’installer dans le canapé, les yeux grands ouverts. Il n’arrivait pas à dormir et il ne savait pas ce qui l’en empêchait réellement. La coupure d’électricité ? Le fait de ne pas être dans son lit ? La présence de Tian près de lui, sur le même canapé ? Il ne savait pas et pendant de nombreuses minutes, ses pensées l’empêchèrent de trouver le sommeil. Heureusement, il commença finalement par s’assoupir.
Son sommeil ne fut ni long, ni très profond et il ouvrit les yeux avant que Tian ne revienne à lui. Ki Hyun manqua alors de sursauter en entendant la voix de son voisin et il se tourna vers lui, avec un sourire gêné. C’était étrange de se réveille auprès de Tian. « Bonjour » Si ça continuait comme ça, Tian risquait d’avoir raison de Ki Hyun car il était adorable et Ki Hyun n’avait pas prévu de découvrir cet aspect de son voisin étrange. Voisin étrange au début mais, il ne l’était plus vraiment à présent. Une nuit et tout changeait ! « Tu as bien dormi ? Le canapé n’était pas trop inconfortable ? » Il demanda avec un sourire amusé, ne voulant pas que Tian soit gêné, il avait eu raison de dormir quelques heures. « Um, je me suis un peu assoupi mais pas longtemps » Il n’exposa pas les raisons, ça ne semblait pas nécessaire : « Tu veux du jus de fruit, quelque chose ? Je pense que les techniciens ne vont pas tarder à remettre le courant » Il croisait les doigts. « J’ai du jus au frais normalement… Il le sera beaucoup moins du coup » Il se leva mais au lieu de se diriger vers sa cuisine, il s’installa de nouveau sur son canapé, cachant son visage entre ses mains. « C’est affreux… Je… » Il semblait dépité, déprimé, perdu… Au bout du rouleau : « Je ne peux pas préparer de café » Il était surtout épuisé et perturbé de ne rien pouvoir faire normalement.  

« Ki Hyun avait encore du mal à croire que Tian, son « étrange » voisin se trouvait assis à ses côtés alors que des bougies les éclairées en luttant contre l’obscurité de la pièce. C’était un développement inattendu mais Ki Hyun était satisfait de ce changement. Discuter avec Tian était agréable, simple et même si parfois il se sentait mal à l’aise compte tenu de la situation, il était ravi de ne pas être seul. La situation n’était pas inquiétante, la porte était fermée et aucun assassin ne semblait trainer dans l’immeuble. Discuter lui changeait les idées et tous deux mettaient de côté leurs aprioris. Depuis que Ki Hyun avait vu Tian affolé devant sa porte d’entrée, son chat dans les bras, il avait déjà drastiquement changé d’avis sur celui-ci. C’était arrivé quelques minutes plus tôt et son avis sur Tian ne cessait d’évoluer En bien. Il en était lui-même surpris vu ce début assez chaotique.

Cette soirée avait été pleine de rebondissements, que ce soit avec la sauterelle, la coupure de courant ou l’arrivée effrayante du concierge mais tout était derrière eux. A présent, ils discutaient simplement et confortablement, installés dans le canapé du professeur. Ce dernier voyait que Tian commençait à être emporté par la fatigue mais il continuait de lutter contre celle-ci. Le combat semblait difficile à mener et Ki Hyun l‘encouragea à se reposer. Ça ne servait à rien de lutter, Tian ne pouvait rien faire de plus pour cette histoire de coupure alors autant se reposer. « Je présume que ces exercices n’ont pas eu grand succès ? » Il pouvait comprendre, lorsqu’il était contrarié et que le sommeil avait du mal à venir, il avait beau tester des méthodes, ça ne fonctionnait pas toujours. Lâcher prise n’était simple. « Comme tu disais… il y a mieux comme compagnie » Il offrit pour toute réponse, les pensées n’étant pas toujours faciles à supporter mais elles restaient là. Il les fuyait mais elles revenaient toujours à un moment ou un autre. Heureusement, cette fois-ci, elles n’étaient pas contraignantes. Il se faisait juste du souci pour tout et n’importe quoi.
« Je suis sûr » Il se sentait un peu stupide, les joues légèrement empourprées mais un sourire amusé étira ses lèvres alors qu’il s’installa mieux sur le canapé. Son visage se tourna vers Tian et il ria doucement en le voyant tirer la langue. Était-ce normal de trouver son voisin adorable ? Avait-il le droit de penser ainsi ? Ki Hyun se sentit idiot d’être aussi déstabilisé par une personne qu’il connaissait à peine, les bougies offrant une atmosphère particulière. « Pourquoi ça ne serait pas bien ? » Il s’interrogea, la surprise visible dans son regard alors qu’il étudiait Tian. Il s’était peut-être mal exprimé, ça n’aurait pas été la première ni la dernière fois. « Je serais curieux d’en savoir plus alors si ça ne t’embête pas, j’aimerais bien t’en emprunter quelques-uns » La curiosité l’avait mené à devenir professeur car il adorait s’enrichir et en apprendre davantage dans son domaine et dans les autres. Sa soif d’apprendre ne le quittait plus et il s’intéressait réellement à ce que Tian lui racontait, voyant la passion dans son regard. Il voyait aussi la fatigue, même si Tian persistait à tenir éveillé : « Un fossé oui » Il fut rassuré lorsque Tian s’abandonna et s’endormi, sous son regard émerveillé. Ki Hyun s’empêcha d’observer trop longtemps le jeune homme, se trouvant lui-même creepy en agissant ainsi. Tian continuait pourtant d’attirer son regard.

Trouver le sommeil fut difficile mais après un moment à cogiter seul, Ki Hyun arrivé à s’endormir, près de Tian. L’un à côté de l’autre. Il se réveillèrent également l’un à côté de l’autre et Ki Hyun repéra vite l’embarras sur la peau de Tian : « Ne sois pas gêné » Il répondit avec un sourire complice mais embarrassé : « Ce n’est pas comme si on avait dormi dans le même lit ! » Ki Hyun avait lutté pour ne pas faire de commentaire mais de nouveau, les mots lui avaient échappé. Il se racla la gorge et se concentra sur une bougie éteinte, dans l’espoir de n’avoir rien dit de trop étrange, encore.
« Ça me rassure » Il ne savait pas trop comment se comporter mais Ki Hyun voulait bien s’occuper de son invité. « Pourquoi tu t’excuses encore ? » Le encore n’avait pas été méchant mais Tian avait le chic pour s’excuser tout le temps, et Ki Hyun ne comprenait pas pourquoi il présentait de nouveau ses excuses alors qu’il n’avait rien fait. Il était toujours assis sur le canapé et n’avait pas bouger depuis plusieurs heures. Il avait dormi alors il n’avait rien dit non plus… pourquoi se sentait-il coupable ? Ki Hyun l’observa en attendant sa réponse, les sourcils froncés alors qu’il essayait de faire le rapprochement avec la discussion qu’ils venaient d’avoir.

Toujours dans le but de bien faire, Ki Hyun envisagea de préparer un jus de fruit mais il fit face à une nouvelle épreuve qui lui brisa le cœur. Il exagérait encore… Sans le savoir, il inquiéta Tian mais le professeur arrivait à bout de nerf, détestant les mauvaises surprises. Il avait l’impression de ne rien contrôler, se sentait inutile et ne pouvait même pas proposer à un simple café à son invité. Ses habitudes étant sacrées, il se sentait presque démuni car rien ne se passait comme prévu. Encore une fois, il paniquait pour rien ! Le contact de la peau de Tian contre la sienne lui fit perdre le fils de ses pensées, oubliant ainsi la « tragédie » qu’il semblait vivre. Il sentit un frisson lui parcourir le corps et il posa ses yeux sur son poignet entouré de la main de Tian. Si Tian n’avait pas pris la parole, Ki Hyun aurait certainement posé sa main sur celle de Tian, sans comprendre ce qu’il faisait. « Uh ? » Il releva son visage et planta ses yeux dans ceux de Tian, avant de s’y perdre un instant. Il en oublia de se concentrer sur les propos du jeune homme et se reprit en court de route. Son regard reprit en éclat face à cette solution. Ce n’était pas dans les habitudes de Ki Hyun mais tant qu’il avait un café, ça lui convenait. Il continua d’écouter la voix agréable de Tian tout en se levant lorsque ce dernier l’invita à le suivre. Sans un mot, Ki Hyun hocha la tête, comme s’il avait perdu l’usage de la parole. « Uh, d’accord. » Un sourire étira doucement ses lèvres alors que ce changement dans ses habitudes devenait moins pénible. « Laisse-moi juste me changer et me passer un peu d’eau sur le visage ? » Il demanda avant de se diriger vers sa chambre. Il se tourna à mi-chemin pour s’adresser à Tian : « Tu as besoin de quelque chose ou de passer chez toi ? » Il était soudainement motivé, cette sortie tombant à merveille. « Et tu n’as pas besoin de m’inviter, je n’ai rien fait. Je n’ai même pas pu t’accueillir comme il se doit, vu que rien ne fonctionne » Il fallait vraiment qu’il trouve solution en cas d’une future panne. Sans électricité, la vie était insurmontable à ses yeux.

Mais sans électricité, la vie lui offrait de belles surprises…