Petit tour au parc - Tian Grimaldi

Petit Tour au parc
@Tian Grimaldi & Ignazio Zitello

Depuis Alamo Square, Ignazio s'offre le luxe de pouvoir rejoindre l'université à pied en descendant Scott Street sur deux blocs pour rejoindre Oak Street et la suivre jusqu'à l'entrée principale du parc qu'il coupa pour aller rejoindre Tian devant l'université. Lunette de soleil sur le nez et casquette sur la tête passaient inaperçues sous l'inhabituel soleil brillant et le ciel immaculé de ce dimanche . Le dimanche, ce mot n'avait pas trop de sens pour le musicien qui ne se préoccupait pas du jour de la semaine pour gratter sa guitare ou composer, l'inspiration et la musique ne connaissant pas de calendrier. Dimanche rimait souvent avec lendemain de concert quand il était en tournée, mais c'était aussi le jour le plus facile pour voir sa famille, ses cousins en particulier. Il attend celui au trait asiatique sur le parvis du campus après lui avoir envoyé un petit SMS pour le prévenir de son arrivée. Quelques instants plus tard, la silhouette fine du plus jeune se distingue dans le décor presque immobile de l'université déserté par ses étudiants. Le musicien leva le bras pour faire signe à son cousin comme s'il était possible qu'il passe à côté de lui sans le voir, ce qui n'était pas le cas vu le peu de foules pressantes. Quand Tian le rejoint, Ignazio le prend dans ses bras rapidement. L'étreinte est fraternelle et se défait le temps d'un soupir.
"Salut Tian!" dit il joyeusement, " Alors la forme?" demande t'il avec un grand sourire mais un réel interet pour la réponse à une banale question. Il laisse son regard balayé l'allure de Tian mais ne le trouve pas tant changé, peut être parait il plus febrile encore. "On va au parc?" propose t'il en pointant la direction de celui ci derriere lui.
Contrairement à ce que laissait penser son nom, The Golden Gate Park ne se trouvait pas au pied du pont homonyme, mais à plusieurs kilomètres dans le coeur de la ville. Moins touristique que le Presidio aux alentours du fameux pont, le parc était un lieu qu'Ignazio, comme tout bon franciscanais, appréciait pour son calme et le dépaysement que sa forêt, son jardin japonais, son lac avec son île en colline jusqu'à la plage offraient. L'écrin de verdure coupait les promeneurs, coureurs et autres flâneurs de l'agitation de la ville. C'est la qu'Ignazio avait prévu d'emmener Tian.Il espérait qu'il y trouverait un peu de tranquillité et de sérénité dans ce décor vert et apaisant. Il avait vu le comportement changé sans qu'il ne comprenne vraiment pourquoi. Ignazio savait Francesco  particulièrement inquiet pour son petit frère malgré leur relation plus qu'effritée. Lui-même avait ce point d'interrogation à l'esprit qui le poussait à aller chercher Tian devant son travail plutôt que de le laisser le rejoindre, dans le parc qui se situait pourtant à moins de 500 mètres, craignant peut-être qu'il ne se présente pas ou qu'il soit mal à l'aise sur le chemin.

"Alors quoi de neuf? Tout se passe bien à l'université?" questionne t'il comme ils se mettent en chemin.

Petit Tour au parc
@Ignazio Zitello

Dimanche. Journée de repos. Généralement tu restais chez toi. Tu attrapais un livre et tu te plongeais dans un autre univers – ou bien tu en attrapais un autre et tu apprenais des choses. Tu restais avec ton chat, confortablement installé au salon, une boisson chaude t'attendant alors que tu lisais, te perdant dans les mots, te plongeant dans les pages. Tu te changeais les idées, tu agrandissais tes connaissances sur un sujet ou un autre. Tu t'extasiais de tout, de rien. Et les heures passaient ainsi. Et la journée passait ainsi. Tu n'aurais pas fait grand chose, pas vu grand monde. Parce que t'étais mieux chez toi, à l'abri entre les murs de ton appartement. A l'abri des regards. Tu ne te sentais pas toujours rassuré mais c'était toujours mieux que lorsque tu étais dehors. Chez toi, t'étais sûr que personne n'était dans ton dos – à part Tetris. Il t'arrivait de vérifier ou d'avoir peur quand tu entendais un bruit dans une autre pièce. Hors tu savais cela impossible de pénétrer chez toi sans en avoir la clé étant donné que tu fermais la porte à double tour. Tu préférais prendre tes précautions. Peut-être en prenais-tu trop. Tu ne savais plus vraiment, en réalité. T'avais peur. Tu vivais dans la peur. Et t'avais pas le choix que de vivre avec. Ce n'était pas elle qui s'adaptait à toi mais bien toi qui s'adaptais à elle. Tu suivais ce qu'elle voulait sans chercher à contredire.

Et si tu étais dehors aujourd'hui, c'était uniquement pour aller retrouver Ignazio. Peut-être aurais-tu dû lui proposer de passer chez toi. Tu aurais plus rassuré qu'en marchant là. Les rues étaient un peu plus vides que d'habitude mais cela n'enlevait pas la pointe d'angoisse qui battait dans ton cœur. Pourtant il n'y avait personne derrière toi – enfin tu espérais. Tu avais vérifié plus d'une fois. Saluant ton cousin d'un signe discret de la main, une fine esquisse vint se former sur tes lèvres. « Salut. Je vais bien et toi ? », tu gardas le sourire, tentant de masquer le reste. Tu jetas un regard vers l'endroit qu'il désignait et tu hochas lentement le visage. « Allons-y », dis-tu doucement, avançant à ses côtés. « Oh tu sais... la routine », répondis-tu dans un rire discret avant de hausser brièvement les épaules. « Tout se passe bien », t'avais rien à signaler. Tout se passait bien dans ton travail. « Les étudiants sont parfois un peu... pointilleux mais tout se passe bien », tu plissas un peu le nez, amusé. T'arrivais à gérer le plus souvent même s'il t'arrivait de te faire marcher sur les pieds. D'autres fois tu arrivais à dire non. « Et toi alors ? Tout se passe bien ? », le questionnas-tu en retour. « Très discrète d'ailleurs la tenue », le taquinas-tu, la voix amusée et le rire chantant dans des souffles courts. « Tu aurais fait comment s'il avait plu ? », tu haussas le sourcil, l'esquisse malicieuse. Tu retrouvas le silence contre les lèvres ensuite, observant le décor autour de vous. « Tu te reposes bien au moins ? Tu n'es pas trop fatigué ? On aurait pu se voir à la maison ça aurait peut-être été moins épuisant pour toi... ? », chuchotas-tu timidement, les pommettes un peu rosies, levant lentement le regard vers lui. Ca aurait été pratique pour vous deux, surtout.

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@Ignazio Zitello

Levant le regard vers lui, tu souris simplement dans un léger mouvement de tête avant d'accentuer le geste dans un petit air amusé. « Pointilleux », répétas-tu. Et tu ris doucement, le nez plissé. « T'étais plutôt du genre... cool ? », pour ne pas dire un peu trop relâché, pas stressé du tout ni angoissé. T'avais été sérieux pendant tes études. Trop peut-être parfois. T'avais voulu les réussir, rendre tout le monde fier. T'avais voulu te montrer à toi-même que t'en étais capable. T'avais pas assisté à beaucoup de soirées étudiantes. Tu en avais faites quelques unes avec tes ami.e.s de l'époque bien sûr mais rien de fou. Tu buvais pas d'alcool durant ces soirées-là, tu restais dans un coin de la pièce, parlant uniquement aux personnes que tu connaissais. « Non ça va », le rassuras-tu dans une nouvelle esquisse. T'essayais de combler leurs exigences du mieux que tu le pouvais en tout cas. Un nouveau rire et tu fronças les sourcils. « C'est moi le boss », tu ressemblais à un chiot, t'étais d'un ridicule... T'étais pas menaçant du tout. « Ma collègue sait se faire entendre. Puis ils sont généralement assez sages. Juste stressés », tu haussas les épaules dans un léger bruit amusé, trop court pour être un rire mais trop bruyant pour n'être qu'un souffle.
Un simple mouvement de tête et un sourire satisfait étira ta bouche. T'étais rassuré si tout allait bien pour lui – à condition qu'il ne dise la vérité et qu'il ne dise pas qu'il allait bien juste pour te faire plaisir. Tu clignas des paupières à ses mots, penaud. « Un k-way... », répétas-tu en le fixant, décalant un instant le regard dans une moue perplexe. « Un k-way... T'as encore ça sérieux ? », tu l'observas à nouveau, les sourcils haussés. « Ca doit être ce mélange de couleurs qui doit perturbé tout le monde », tu agitas vaguement les doigts dans le vide avant de rire, taquin. L'image d'Ignazio en k-way bleu et rose était plutôt amusante d'ailleurs. « Tu le porteras la prochaine fois ? », sale gosse.

« Eh », lâchas-tu, amusé, les mains sur les hanches avant de les laisser pendre le long de ton corps. « Je prends ça comme un compliment », dis-tu, le nez retroussé. « C'est normal », tu bougeas quelque peu les épaules, le sourire timide mais doux, les pommettes levées, rosies. « Fais quand même attention. La fatigue s'accumule vite », t'espérais qu'il ne soit pas du genre à mettre son repos de côté pour terminer toutes ces préparations pour l'album. La sortie te faisait du bien cela dit. L'air frais était toujours agréable – mais t'étais un peu plus rassuré quand t'étais chez toi. Bien que pour le moment t'avais pas cette sensation étrange dans ton dos. « Non non », parlas-tu rapidement, un peu affolé. « Je veux dire c'est chouette de sortir. Ca fait du bien. L'idée est bonne t'en fais pas, j'apprécie », tentas-tu de le rassurer dans une moue gênée et un sourire discret. Tu voulais pas le vexer en lui faisant croire que ça ne te plaisait pas d'être là. Tu jetas un regard perplexe vers ces jeunes qui chuchotaient en passant à côté de vous. Ca te rassurait pas des masses... pour une raison que tu ne saurais expliquer. Ca te rassurait encore moins d'être encerclé par eux. Tu les observas un instant, comme une brebis égarée prise au piège et même si c'était pas à toi qu'on s'adressait, ça te stressait. Tu déglutis quelque peu, le regard tournant pour envisager une porte de sortie. Au cas où. Toujours savoir par où fuir, t'avais pris l'habitude de le faire maintenant. « On v-voudrait juste... », commenças-tu, t'arrêtant en croisant le regard d'un des jeunes. Tu baissas le regard au sol, te décalant quelque peu, finissant à moitié derrière Ignazio, tes phalanges s'accrochant discrètement à son bras. Comme quand t'étais petit. « On voudrait juste... passer... », articulas-tu, tes paroles baissant en volume au fur et à mesure que les regards se tournaient vers toi. Tu déglutis, détournant le regard tout en te pinçant nerveusement les lèvres. « T'aurais dû mettre le k-way », chuchotas-tu, bougon, comme un gosse qui refusait de regarder les inconnu.e.s directement. Comme quand t'étais petit. Encore. T'avais l'habitude des jeunes, oui. Mais à la bibliothèque ils t'encerclaient pas comme ça. Ca te perturbait. Ca te donnait la sensation de ne pas pouvoir t'échapper si tu devais fuir. Pourquoi fuir ? Eh bien... pourquoi pas ? Tu te sentais pas du tout à l'aise. Tu supposais que ça devait être pareil pour Ignazio, d'être ainsi subitement entouré. « La prochaine fois on reste à la maison », susurras-tu à nouveau, de plus en plus bougon, tes doigts lâchant son bras alors que tu te calais un peu plus derrière lui. Timidement, tu relevas le visage, observant les jeunes autour de vous. Tu reprenais tes mauvaises habitudes. Celles que tu avais quand t'étais gosse et que t'osais pas articuler trois mots en présence d'inconnu.e.s. Tu régressais. Tu pouvais t'être débarrassé de tout ça mais apparemment non. Ces derniers temps ces habitudes revenaient au galop.  

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@Ignazio Zitello

« T'es sûr ? », tu mimas une petite grimace avant de hausser les épaules. « T'as dû mal comprendre », le taquinas-tu, l'esquisse bien trop amusée et le regard bien trop pétillant pour paraître totalement innocent. Un rire plus bruyant quitta ta bouche, et tu te mordis la lèvre pour tenter de le contenir. « C'est très vendeur », commentas-tu, les iris toujours vers lui. « Tu me donnes absolument pas envie d'en acheter un, merci », tu ris à nouveau, bien trop amusé de l'imaginer dans cette tenue. De t'imaginer aussi. « Je suis toujours sage », déclaras-tu avec lenteur, la paume sur le cœur, la frimousse malicieuse. Mais on pouvait presque discerner ce reste de naïveté qui brillait encore parfois dans tes pupilles. « Donc tu le porteras », t'étais sûr de toi en disant ça, le sourire large, comme un môme fier de sa bêtise.

« Cinq heures ? C'est tout ? », tu le fixas, les sourcils levés. « Ca te suffit ? », normalement il fallait huit heures de sommeil non ? Il en était loin avec cinq heures. Et même si ça suffisait maintenant, est-ce que ça suffirait encore dans quelques années. T'aimais ton cousin mais il prenait de l'âge, aussi. Et c'était plus délicat de trouver le sommeil en vieillissant mais surtout de bien se reposer. Tu fis alors la chose la plus mature que tu puisses faire pour montrer ton mécontentement et ton air peu convaincu : tu fis la moue, la lèvre inférieure poussée en avant. Moue qui s'accentua à sa question avant que tu ne grimaces en tournant le visage. « On fait aller », tu haussas les épaules. C'était mal de mentir, Tian. « Ca dépend des nuits », rajoutas-tu. C'était vrai sans être totalement faux, ni faux sans être totalement vrai. Tu paniquais parfois au milieu de la nuit et tu te retrouvais à fixer ton plafond, écoutant chaque bruit dans ton appartement. « A l'aventure », répétas-tu, un peu moins enthousiaste que ton cousin bien qu'une fine esquisse planait sur tes lèvres.

Esquisse qui disparut quand le groupe de jeunes vint vers vous. Ca te rassurait pas du tout... Ca te faisait penser à des films. Tout se passait mal après. Tu voulais pas que ça se passe mal, vous faisiez juste un tour au parc. Et ton cousin était connu. Ca aidait pas. Il aurait dû enfiler ce k-way affreux. T'étais presque totalement derrière Ignazio, cherchant du réconfort dans son ombre. De la sécurité dans sa présence près de toi. Comme quand t'étais gamin et que tu te cachais derrière la personne à tes côtés. T'avais réussi à combattre ce mauvais côté de toi... jusqu'à récemment. Tu retombais dans tes mauvaises habitudes, et en plus de ça, l'angoisse venait s'en mêler. Tes pensées se bousculaient, inventant de tas de scénarios possibles. T'étais de plus en plus mal à l'aise. Même le sourire rassurant de ton cousin n'y faisait rien. T'avais peur... et tu pourrais même pas expliquer pourquoi.
Ce n'étaient que des jeunes. T'avais l'habitude. Sauf que t'étais pas au travail. T'étais pas dans ton élément. Tu voulais passer. Avancer. Tu voulais qu'ils s'en aillent. Tu jetas un regard vers Ignazio avant de hocher bêtement le visage pour approuver ses mots. C'était lui, ils confondaient. Tu ne sentais pas vraiment les jeunes convaincus, et tu fixas ton cousin, implorant. De môme tu passais à chiot mais t'arrivais jamais complètement à « adulte ». « S'il vous plaît... » que tu supplias suite aux mots de ton cousin, lâchant un faible son surpris en le sentant te prendre le poignet. Ton autre main vint s'agripper à la sienne alors que tu avançais, jetant quelques regards en arrière. « Tu crois qu'ils vont nous suivre ? », demandas-tu, tournant le visage vers Ignazio puis derrière vous. « On fait quoi s'ils nous suivent ? », vous ne pouviez pas aller chez ton cousin, ce serait les attirer là-bas. Ni chez toi, t'avais peur qu'ils pensent qu'il s'agirait du domicile d'Ignazio. Tes doigts se fermèrent un peu plus sur ceux de ton cousin, tes prunelles tentant de rester fixées droit devant toi, une fine angoisse y brillant. T'avais le souffle court, comme si tu venais de courir un sprint. « J'espère qu'ils t'ont cru », lâchas-tu, osant tourner les iris derrière vous. « Ils nous regardent toujours...  Je crois. Ils vont pas revenir hein ? », t'étais pas sûr de bien voir, en fait.
Et t'avais toujours pas lâché la main de ton cousin. 

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@Ignazio Zitello

T'aimais cette ambiance bon enfant. Ce petit jeu naïf et amusant dont vous seuls connaissiez les règles. C'était léger, c'était appréciable et apprécié. Ignazio te rendait serein, te rendait le sourire. Tu te sentais plus à l'aise en sa compagnie qu'avec ton propre frère. En soit Ignazio était un frère aussi. Te pinçant les lèvres, tu penchas un peu le visage dans un air sceptique, gardant tes prunelles sur lui. Ca te semblait peu, cinq heures, surtout quand tu imaginais ses journées chargées. Mais tu n'allais pas contredire, tu te contentas alors de hocher la tête.

Tu aurais préféré rester dans cette ambiance. Rester dans la douceur du moment bien qu'une inquiétude trottait dans tes pensées. Tu te rassurais en te disant qu'avec Ignazio, rien ne pouvait t'arriver. Tu étais détendu, bien qu'une once de nervosité brillait parfois dans tes pupilles. Mais tu gérais. Tu savais canaliser le tout, rendre la crainte moins bruyante. Tu étais le seul à entendre les battements de ton cœur, et si tu jetais des regards derrière toi, tu essayais d'être discret. Sauf qu'avec de ce groupe, tu canalisais plus rien du tout. La peur avait méchamment pris le dessus, te forçant à te réfugier derrière ton cousin. Comme tu le faisais quand tu étais petit. Comme tu le faisais avant. Tu retombais, Tian. Tu retombais dans tes travers de gosse. Tu brisais ce sur quoi tu avais travaillé. Tu régressais. Sur le moment, tu ne songeais même pas aux questions que ça pouvait éveiller chez Ignazio. Enfin tu y songeais mais les mots n'étaient pas bruyants dans ton esprit. Ce n'étaient que des chuchotements. Ta peur hurlait – c'était elle que tu entendais le plus. T'étais pas du tout rassuré, pas du tout à l'aise. Et heureusement, ton cousin réussit à vous sortir de là. Mais tu craignais qu'ils vous suivent. Qu'ils restent près de vous, qu'ils reviennent vous encercler. « Comme si... okay », le souffle court, tu avançais, gardant tes doigts contre sa main, serrant plus ou moins au fur et à mesure que tes jambes bougeaient. Tu devais ressembler à un robot mal programmé, à avancer en te forçant à regarder droit devant, l'air un peu pâle.

Lançant un regard implorant vers Ignazio, tu l'observas un instant, osant jeter un regard derrière vous. Tes dents attaquaient nerveusement ta lèvre et ton torse se soulevait comme si tu venais de courir. « Je sais pas », tu fixas le vide derrière vous. « Peut-être que... », tes prunelles se tournèrent vers des coins d'ombre, là où la lumière n'entrait pas. A cause des arbres massifs et imposants. Et s'ils se cachaient là ? « Tu crois ? », le questionnas-tu, le visage se tournant subitement vers lui. « Allons-y », dis-tu doucement en hochant le visage, partant dans la direction dont parlait ton cousin sans perdre une seconde de plus, tes phalanges crispées autour des siennes. « On fait quoi si... », tu inspiras, ton regard cherchant une faille dans le paysage, un endroit d'où ils pourraient sortir. D'un endroit d'où ils pourraient vous surprendre. « J'ai... », tes pas s'arrêtèrent alors que tes lèvres bougeaient sans qu'aucun son n'en sorte. Tu levas tes pupilles vers lui, inquiet, désolé – coupable. Tu pouvais pas dire non, c'était clair que tu avais eu peur. « C'était juste... », repris-tu, détournant le regard vers le sol. « Ca m'a surpris. C'est tout », tu déglutis. Tu sentais encore la peur tambouriner dans ton cœur, chauffer ton sang. « Est-ce qu'on peut sortir du parc ? Et aller ailleurs ? », demandas-tu. « Juste... Juste le temps de s'assurer qu'ils soient partis ? Et qu'ils... ne nous suivent pas ? », même si c'était sûr à présent qu'ils ne vous suivaient pas. Trop concentré à fixer le vide derrière vous, t'en oublias de regarder de l'autre côté. Un hoquet de surpris aux lèvres, tu sursautas, lâchant la main de ton cousin pour attraper son bras alors que tu te collais à nouveau à son dos... fixant deux joggeurs qui passaient. Tu soufflas bruyamment, ton front venant se poser contre l'épaule d'Ignazio. « Désolé », susurras-tu. « Je suis... fatigué alors je suis un peu... stressé ? », la fatigue avait bon dos avec toi. 

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@Ignazio Zitello

La prochaine fois, tout se passerait en intérieur, dans un lieu que tu connaissais. Dans un lieu où tu n'avais pas besoin d'évaluer les possibles sorties pour prendre la fuite car tu les connaissais déjà. La prochaine fois Ignazio n'avait qu'à venir chez toi, en plus Tetris serait là. Ou tu pouvais aller chez toi, ça ne te dérangeait pas non plus. Au moins chez toi ou chez lui tu te sentirais tranquille. Pas cette pression constante dans ton dos ou dans tes pensées. Pas cette crainte de devoir regarder par-dessus ton épaule pour vérifier si on te regardait ou non. Quand avais-tu commencé à agir ? Depuis longtemps. Trop longtemps maintenant peut-être. Au point que la moindre chose arrive à te faire paniquer. Avant tu n'aurais rien dit, rien fait. Tu aurais simplement attendu, écouté. Patient, tu te serais mis sur le côté. Mais maintenant rien que l'idée de te mettre à côté et de regarder te tétanisait. Tu ne voulais pas t'éloigner d'Ignazio, de la seule personne capable de te rassurer et de te faire te sentir en sécurité. « Okay », soufflas-tu, déglutissant, lançant quelques regards ici et là, mal assuré, peu convaincu. Et s'ils suivaient encore ? S'ils prenaient un autre chemin ? S'ils contournaient les arbres pour arriver de l'autre côté ? Tu sentais ton cœur qui tambourinait, la peur l'animant presque dangereusement. « T'es sûr ? » demandas-tu d'une petite voix terrifiée, comme un gamin qui venait de se réveiller d'un lourd et long cauchemar.

Ils t'avaient fait peur. Ou plutôt ils t'avaient mis mal à l'aise. Tu te sentais étouffé, entouré ainsi. Avec aucun moyen de t'échapper, surtout. Comme si on cherchait à te coincer pour te faire du mal. Tu savais que ce n'était pas leur but mais tu ne pouvais t'enlever cette pensée de la tête. Tu te pinças les lèvres, coupable et désolé, hochant le visage. « Oui », balbutias-tu. « J'ai pas vraiment.. l'habitude ? », que tu tentas. « Je ne suis pas célèbre alors.. on vient rarement me voir de cette façon, ou si nombreux », ils n'étaient pas si nombreux que ça. Mais pour toi, oui. Là, oui. « Tu... tu as peur aussi ? Parfois ? », le questionnas-tu, redressant les prunelles vers lui dans un espoir fin que ce ne soit pas que toi qui ressentait ça. C'était normal ? D'avoir peur à ce point ? Tu te mordillas la lèvre, les prunelles vagabondes. « Désolé... parce que... enfin... », ils étaient ses fans et à cause de lui ils n'avaient pas pu parler à Ignazio. « Je veux bien », susurras-tu rapidement. « On peut... on peut... », tu semblais chercher, hésitant, comme si réfléchir t'était soudainement impossible. Ton regard nerveux étudia son visage, tentant un petit sourire avant que la peur ne vienne le déformer à nouveau. « Oui », dis-tu bien rapidement sans le regarder. « Le travail, le sommeil enfin le manque de sommeil, la pression. Tout ça. La fatigue », c'était vaseux comme explications... « Je sais », que tu chuchotas. Tu n'allais pas le déranger pour si peu... surtout pas le déranger pour lui dire que t'avais cette impression étrange. T'allais passer pour quoi ? Pour qui ? Tu ne voulais pas l'entendre te dire qu'il ne te croyait pas. « Je vais bien », tu hochas le visage, jetant quelques regards autour de vous. « On peut rentrer ? S'il te plaît », supplias-tu doucement, attrapant sa main en commençant à avancer. Tu ne savais même pas si tu partais dans la bonne direction. « On passera prendre des bières sur le chemin. J'en ai pas... à la maison », tu lui offris un léger sourire désolé, avant de baisser le regard. Impossible pour toi de soutenir ses prunelles plus longtemps. Tu te sentais mal. Perdu, fatigué, apeuré, détestable. Tu te sentais coupable de gâcher le moment, la journée, son temps libre. Tu te sentais ridicule. Tes doigts le lâchèrent doucement alors que tu déglutissais, le regard toujours vers le sol alors que tu avançais. Tu te mordis la lèvre inférieure qui venait de trembler, la vue un peu brouillée tentant de te repérer dans la ville. « Tu voudras... », repris-tu en reniflant discrètement et te raclant la gorge. « Tu voudras autre chose ? A boire encore ou à manger ou .. peu importe », tu haussas un peu les épaules. « Tetris sera content de te voir », parler de ton chat, meilleur moyen d'éviter les sujets sensibles... ou pas.