Before You Go [Milo]

Before you go

Il y a des choses qui ne feront jamais de sens, comme à quel moment un coeur à cesser de vouloir vivre. Il y a des choses que même le temps ne peut pas réparer. Mais au final, il y a toujours des gens pour apaiser la douleur. feat. Milo

C’est une âme errante dans la rue que tu représentes aujourd’hui, flânant dehors, dépassé les heures normales pour prendre une marcher. Il doit être très tard, ou très tôt, dépendant des gens. Ton téléphone, que tu viens de glisser de nouveau dans ta poche après avoir lu les quelques messages envoyés par un de tes amis, indique 2h31 du matin, une heure bien avancée pour être dehors. La lune est presque pleine, illuminant un peu le quartier, et heureusement, vu que l’épais brouillard présent depuis la tombée de la nuit n’aide pas à se repérer : Heureusement, tu as grandi ici, tu connais bien les rues.  Et tu sais que ce côté de la ville a toujours été propice aux grandes brumes. Quand tu étais enfant, tu aimais y venir, pour le plaisir de te faire peur avec tes amis. Désormais, tu redoutais cette partie de la ville, comme étant celle qui avait retiré ta bien aimée des années auparavant. Sur ces routes que vous aviez pourtant tant pratiquées, sans jamais rien avoir. Depuis les récents événements, tes pas te menaient bien plus aisément vers le lieu de l’accident, sans doute pour tenter de comprendre, de remettre en un seul morceau cette fameuse nuit où tout avait changé. Depuis que tes pas avaient enfin rencontrés Terrence, depuis que tu avais accepté de revenir devant les appareils photos, depuis que tu avais accepté d’avancer, tes pas t’avaient ramené sur ces chemins empruntés la fameuse soirée de l’accident, il y a de ça déjà cinq ans. Cet accident qui t’avait privé de la femme de ta vie, mais aussi qui t’avait envoyé dans un coma profond, et dans une blessure qui ne guérirait jamais réellement. Par exemple, dans un soir comme celui-ci, où le brouillard était assez épais, l’air assez humide, tes jambes souffraient davantage de tensions, de douleurs musculaires. Cela ne t’empêchait pas de refaire ce même chemin, que cette nuit, malgré la douleur et la nuit déjà longuement tombé. Et au fond, peut-être qu’il y avait une autre raison derrière tout ça. Parce que sans encore le savoir, tu allais faire une des meilleures rencontres de ta vie.

Comme ces dernières nuits, tes pas finissent par t’amener au bord de l’autoroute, où celui-ci est séparé par un pont qui te semble aujourd’hui interminable. En dessous, le vide est assez grand, la hauteur est assez impressionnante, pour ne laisser aucune chance à quelqu’un s’il saute d’ici. Comment tu le sais? Car tu t’es posé bien trop de fois la question, au cours des dernières années. Ce même pont que, cinq ans auparavant, vous aviez emprunté ensemble, pour la dernière fois. Ce même pont où votre voiture était rentrée en collision avec celle de Terrence. Ce même pont qui est aujourd’hui, avec la noirceur actuelle, emplit de brouillard épais. Tu peux encore entendre les cris, les sirènes, les voix en écho. Tu peux encore sentir la chaleur qui disparait, la douleur, le souffle qui te manquait. Chaque pas que tu fais sur ce pont te rappel un peu plus cette soirée où tout a changé. Cette soirée où tu as perdu tout ce que tu croyais, où ta vie a basculé. Ce pont te ramène à toutes ces fois où tu as tenté, en vain, de t’enlever la vie. Ta main vient chercher quelque chose sur le sol, trouvant une petite pierre que tu viens glisser entre tes doigts. C’est froid. Et un frisson horrifique te traverse tout le corps, alors qu’un bruit te fait te retourner.

Tes yeux percent d’abord une silhouette, et pendant un moment, ton esprit fatigué imagine le pire, comme un criminel ou un monstre de film d’horreur. Mais cette silhouette est bien humaine, et tout en te redressant, cette silhouette se trouve surtout pile là où tu étais allé, quelques années auparavant, au bord du gouffre. En bas, c’est le vide. En bas, c’est le néant. Et ton regard capture ce moment, comme celui que tu as vécu bien trop de fois. Ton regard capture cette silhouette, bien trop proche, bien trop réel, et tout ton corps se soulève d’un seul bon, comme sortant de ta transe. Tes pas se tournent, ton corps s’élance, et pendant un moment, tu cesses complètement de respirer. Pendant un moment, plus aucuns sons, plus aucun mouvement, ne vient capter ton être. Ton corps en entier s’élance, tes bras se tendent, et avec la force que tu n’as pourtant jamais eue, tu viens saisir le bras de cette personne, cette silhouette, qui te rappel chacun de tes mouvements ce soir-là. Ta main l’attrape, le tire, tout ton corps se tend pour le recevoir. Et ce n’est que lorsque son corps percute le tien que tu te laisses respirer de nouveau. Vous tombez les deux sur cette autoroute bien trop froide, ton corps recevant le sien, et ton regard cherche déjà le sien, sans dire un seul mot.
Parce que les mots manquent quand tu es rendu celui qui doit sauver la vie de quelqu’un.
Parce que toute ta vie, tu as été sauvé. Tu as été celui a tiré vers le haut, tu as été celui à faire tout pour survivre. Quand tu as rencontré ton ex-fiancée, elle aussi t’avait sortie d’une passe sombre. Puis il avait eu cet accident, ces années, ces pensées…

by lilie